Israël en guerre - Jour 498

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Des chercheurs apportent une réponse à l’énigme de l’absence d’art rupestre au Levant

Une équipe, à Tel Aviv, a laissé entendre que les peintures découvertes dans les grottes européennes étaient en lien avec la disparition des mégaherbivores - des créatures avaient déjà disparu au Moyen-Orient

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

La grotte Chauvet, datant du paléolithique supérieur, en France. (Crédit : Professeur Jean Clottes)
La grotte Chauvet, datant du paléolithique supérieur, en France. (Crédit : Professeur Jean Clottes)

Les premiers hommes vivant dans le sud du Levant – notamment en Israël – n’avaient pas créé le type d’art rupestre que leurs descendants avaient pu élaborer en France, en Espagne et dans d’autres parties de l’Europe, parce que les énormes créatures qui étaient représentées sur les murs, dans les profondeurs des entrailles de la terre, s’étaient d’ores et déjà éteintes au Moyen-Orient, ont suggéré des chercheurs de l’Université de Tel Aviv.

Dans la dernière édition du Journal of the Israel Prehistoric Society, le professeur Ran Barkai de l’université de Tel Aviv et d’autres chercheurs se sont penchés sur différentes questions – grottes souterraines, cosmos et psyché de l’homme antique – pour tenter de résoudre ce qui s’apparente, selon eux, « à l’une des énigmes les plus intrigantes de la recherche préhistorique au Levant ».

Malgré cent années de fouilles archéologiques, aucune peinture rupestre datant du paléolithique supérieur – à la fin de l’âge de pierre ancien – n’a encore été découverte en Israël ou ailleurs dans la région.

En contraste, ce sont de superbes peintures rupestres qui ont été découvertes sur douze sites en France, en Italie et en Roumanie. Elles ont été attribuées à la même culture aurignacienne qui avait traversé le Moyen-Orient sur son chemin de l’Afrique vers l’Europe.

Alors pourquoi aucune empreinte similaire n’a-t-elle été laissée sur les murs des grottes, ici ?

Selon Barkai – qui a rédigé l’article en collaboration avec Ilan Dagoni, Miki Ben-Dor et Yafit Kedar – les ancêtres des Aurignaciens, ces Homo sapiens anatomiquement modernes, avaient rencontré des éléphants et des rhinocéros lorsqu’ils avaient quitté l’Afrique, il y a environ 70 000 à 60 000 ans.

Mais en s’installant au Levant – c’était il y a 60 000 à 55 000 ans – ils avaient découvert un paysage d’où les mégaherbivores étaient totalement absents, dans la mesure où les éléphants et les autres bêtes énormes étaient chassés depuis longtemps et qu’ils avaient laissé la place à des animaux de plus petite taille.

Cela n’avait été qu’en poursuivant leur route vers l’Europe que les ancêtres des Aurignaciens avaient à nouveau rencontré des animaux géants, sous la forme de mammouths et autres rhinocéros laineux.

Dans cette reconstitution de Dana Ackerfeld, de l’Institut d’archéologie de l’Université de Tel Aviv, des chasseurs préhistoriques attaquent un éléphant à l’aide de lances

S’installant en Europe, ils avaient commencé à être les témoins du déclin et de la disparition de ces énormes créatures. Les scientifiques émettent l’hypothèse que les deux espèces, qui se sont éteintes il y a environ 10 000 ans, ont disparu sous les effets combinés du changement climatique et de la chasse humaine.

Selon les chercheurs, « un sentiment d’anxiété, voire d’effroi, qui a accompagné le déclin et l’extinction des mégaherbivores dans la région » avait poussé les Aurignaciens à se réfugier au plus profond des grottes, à l’endroit où, selon eux, le monde conscient rencontrait l’au-delà, « le lieu d’abondance, le lieu à l’origine de tous les biens de la terre », pour implorer leur retour.

Ils supposent que le manque d’oxygène, sous la surface du sol, entraînait des hallucinations et que les peintures n’étaient pas conçues comme de l’art au sens moderne du terme, mais comme des invocations chamaniques à la Terre mère, accompagnées de signes géométriques et, dans certains cas, d’empreintes de mains.

« Nous considérons l’art non pas comme une simple expression décorative ou esthétique, mais comme un intermédiaire entre les humains et le monde dans lequel ils vivent, comme un moyen d’exprimer la peur et le désir en faisant parvenir des messages au cosmos… pour résoudre des problèmes et pour trouver l’harmonie et le bien-être », ont écrit les chercheurs.

« Pour résumer, la grotte en tant que contexte, le mur en tant que cloison (entre le monde réel et le monde de l’au-delà), les motifs géométriques et les représentations animales prédominantes faisaient tous partie d’une expérience de la conscience, une expérience qui avait pour objectif de communiquer avec le cosmos en cas de besoin ou de désespoir », ont écrit les auteurs de l’article. « Telle est, selon nous, l’histoire de l’Europe au paléolithique supérieur ».

Lorsque certains Aurignaciens avaient migré vers le Levant, les mégaherbivores avaient disparu depuis longtemps et « ils n’avaient personne avec qui communiquer, ou ils n’expérimentaient pas la détresse et les bouleversements qui auraient donné naissance à l’art », ont-ils noté.

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