Des combats féroces alors que Tsahal s’approche de l’hôpital Al-Shifa, QG présumé du Hamas
L'hôpital déclare ne plus avoir de carburant ; l'armée annonce des "pauses tactiques" à Jabaliya pour permettre le départ des civils
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Des combats féroces ont continué dans Gaza City comme dans les environs de la ville entre les soldats israéliens et des hommes armés, samedi, alors que les militaires se rapprochent de l’hôpital Shifa où, selon Israël, se trouverait le principal quartier-général du Hamas.
Des images en direct du secteur semblent montrer de violents affrontements à proximité de l’hôpital, avec le bruit constant des tirs et des explosions et une fumée épaisse qui se dégage de la zone.
Ces dernières semaines, Israël a présenté des éléments qui laissent penser que le principal centre de commandement du Hamas serait situé sous l’hôpital Shifa. L’État juif a accusé le groupe terroriste d’utiliser l’hôpital et ses occupants – il contient 1 500 lits et compte 4 000 employés – comme boucliers humains pour protéger ses bunkers élaborés et autres tunnels souterrains.
Des milliers de civils s’étaient réfugiés dans le complexe de l’hôpital Shifa, ces dernières semaines, mais un grand nombre a pris la fuite vendredi avec l’approche des troupes israéliennes et un accès facilité aux couloirs d’évacuation vers le sud du territoire – un accès qui a été élargi par Tsahal. Il y a moins de frappes aériennes dans le sud de l’enclave côtière.
Le directeur de l’établissement hospitalier a indiqué que ce dernier n’avait plus d’approvisionnement en électricité, le dernier groupe électrogène étant tombé en panne, faute de carburant.
L’État juif a fait savoir que le Hamas avait d’importantes réserves de carburant qu’il conserve pour approvisionner en électricité son réseau de tunnels, laissant les civils dans une situation désespérée.
Un labyrinthe immense de tunnels, construits par le Hamas, s’étend sous tout Gaza, permettant de dissimuler les combattants et leur arsenal de roquettes – et de cacher un grand nombre des otages qui ont été kidnappés lors de l’assaut dévastateur du 7 octobre dans le sud d’Israël.
L’affirmation que seuls les soldats israéliens seraient à l’origine des tirs n’a pas pu être vérifiée de manière indépendante.
Interrogé sur des informations laissant entendre que les troupes auraient ouvert le feu dans la cour de Shiva, le colonel de réserve Peter Lerner, l’un des porte-paroles de l’armée, s’est contenté de dire que les militaires « sont au beau milieu d’un combat intense contre le Hamas, à proximité du secteur en question ».
Il a noté que l’armée prenait toutes les mesures possibles pour éviter de porter atteinte aux civils palestiniens.
Dans le contexte de ces batailles de rue, samedi, l’armée israélienne a annoncé avoir élargi les pauses humanitaires, dans la bande de Gaza, pour permettre aux Palestiniens de partir vers le sud du territoire.
Le porte-parole arabophone de l’armée, Avichay Adraee, a écrit sur X (anciennement Twitter) que la rue Salah a-Din avait été ouverte pendant sept heures, entre 9 heures du matin et 16 heures.
Elle n’avait été ouverte qu’entre quatre à six heures les jours précédents, et des dizaines de milliers de personnes avaient fait le déplacement vers le sud pendant ces horaires considérés comme sûrs.
Adraee a aussi fait savoir que l’armée autoriserait les civils à évacuer vers le sud via la route côtière de la bande – un second couloir humanitaire qui a été convenu, cette semaine, entre Israël et la Maison Blanche.
De plus, Adraee a dit que l’armée avait fait « des pauses tactiques dans ses activités militaires » dans la banlieue de Jabaliya, un bastion du Hamas, entre 10 heures du matin et 14 heures, pour donner le temps aux résidents de rejoindre les couloirs humanitaires menant au sud du territoire.
Environ 1,6 million de personnes ont été déplacées, au sein de l’enclave côtière, depuis le 7 octobre, a fait savoir l’agence chargée des réfugiés palestiniens des Nations unies (UNRWA) – soit les deux tiers de la population.
L’ONU estime toutefois qu’il reste des dizaines de milliers de civils dans la zone où les combats sont les plus violents, dans le nord.
Compliquant encore la tâche de l’armée israélienne, le sort réservé aux 240 otages environ qui ont été enlevés le 7 octobre, avec notamment au moins une trentaine de bébés et d’enfants.
Quatre otages ont été libérés jusqu’à présent par le Hamas et une soldate a été secourue par l’armée israélienne. Les proches, désespérés, des personnes encore retenues en captivité à Gaza exercent des pressions sur les autorités israéliennes et sur les dirigeants du monde entier en faveur de la libération de leurs êtres chers. Le Comité international de la Croix rouge n’a pu rencontrer pour le moment aucun otage.
Samedi, Tsahal a fait savoir qu’un commandant du Hamas « qui tenait en otage environ 1 000 résidents gazaouis à l’hôpital Rantisi » avait été tué. Il empêchait les civils de quitter le nord de la bande.
Dans un communiqué, l’armée a indiqué que suite à des informations recueillies par le Shin Bet et par les renseignements militaires, les membres de la Brigade Givati avaient envoyé un avion de chasse qui avait frappé Ahmed Siam, le commandant de la compagnie Nasser-Radwan du Hamas.
Les militaires ont fait savoir que Siam avait trouvé la mort alors qu’il se cachait dans l’école al-Buraq, à Gaza City, et que d’autres hommes du Hamas, placés sous son commandement, avaient été tués.
Selon les médias palestiniens, cette explosion survenue vendredi a fait 50 morts, notamment la petite-fille du leader du Hamas, Ismail Haniyeh. Un bilan qui n’a pu être vérifié de manière indépendante. Les écoles sont actuellement fermées à Gaza et il est difficile de dire qui se trouvait à l’intérieur du bâtiment.
« Ahmed Siam a démontré, une fois encore, que le Hamas utilise les civils de la bande de Gaza comme boucliers humains à des fins terroristes », a noté le communiqué des militaires.
צה"ל ושב"כ חיסלו את המחבל שהחזיק כ-אלף מתושבי רצועת עזה כבני ערובה בבית החולים 'רנתיסי' במהלך הלחימה
כוחות מצוות הקרב החטיבתי גבעתי חיסלו באמצעות הכוונת מטוס קרב ובהכוונה מודיעינית של אמ"ן ושב"כ את המחבל אחמד ציאם, מפקד הפלוגה המרחבית נאצר-רצ'ואן בארגון הטרור חמאס >> pic.twitter.com/MedpTJlq7s
— דובר צה״ל דניאל הגרי – Daniel Hagari (@IDFSpokesperson) November 11, 2023
L’armée a ajouté que dans des opérations qui ont eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi, les soldats ont trouvé et démoli l’entrée d’un tunnel aux abords d’une école.
De son côté, la 215e Brigade a identifié un groupe d’hommes armés du Hamas qui s’approchaient des troupes de la Brigade Givati. Les terroristes ont alors fait l’objet d’une frappe.
L’armée de l’air a mené des raids aériens la nuit dernière, prenant pour cible des bâtiments utilisés par des hommes du Hamas dans le nord de Gaza. Certains bombardements ont été orientés par les forces qui se trouvaient au sol.
Des dépôts d’armes – appartenant notamment aux forces navales du Hamas – ont aussi été pris pour cible par la marine israélienne, a ajouté Tsahal.
De plus, les troupes de la Brigade d’infanterie Golani ont mené des batailles « importantes » contre le Bataillon Sabra-Tel al-Hawa du Hamas dans la bande de Gaza, ces derniers jours.
Les militaires ont déclaré que la Brigade Golani et que le 53e Bataillon de la 188e Brigade des blindés avaient mené des raids dans le sud du quartier Sheikh Ijlin, à Gaza City, où « des batailles importantes ont eu lieu contre les terroristes du Hamas ».
Les troupes ont tué de nombreux membres du groupe terroriste et ils ont détruit des infrastructures appartenant au Bataillon Sabra-Tel al-Hawa – des puits ouvrant sur des tunnels, des lanceurs de roquette, des dépôts d’armement et des postes d’observation, a souligné l’armée.
Tsahal s’attend à devoir combattre à Gaza pendant un an, a précisé la Douzième chaîne israélienne, vendredi. Selon cette information non-sourcée, il a été dit aux commandants qu’il n’était pas nécessaire de se presser, l’armée se préparant à une année de combat « pour arriver à la quatrième phase de cette guerre : l’entrée d’un nouveau gouvernement à Gaza qui ne sera pas le Hamas et qui ne sera pas soutenu par les Iraniens ».
Même si les tirs de roquettes émanant de Gaza ont baissé d’intensité depuis le début de la guerre, des projectiles ont pris pour cible samedi Beer Sheva et les communautés bédouines environnantes, ainsi que les villes de la zone frontalière de Gaza.
Le ministère de la Santé dirigé par le Hamas, à Gaza, a fait état de plus de 11 000 morts – en majorité des civils – qui auraient perdu la vie dans les attaques aériennes et dans l’incursion terrestre israéliennes qui ont suivi le massacre du 7 octobre. Des chiffres qui ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante et qui comprendraient à la fois les membres du groupe terroriste et les civils qui ont été tués par des tirs de roquette défaillants émanant de l’enclave côtière elle-même.
Le chef de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a averti vendredi que le système de soins à Gaza était « sur les genoux », notant que la moitié des 36 hôpitaux du territoire avaient cessé de fonctionner.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a par ailleurs indiqué, vendredi, qu’Israël gardera le contrôle de Gaza après la guerre et que l’État juif ne souhaite pas s’appuyer sur des forces internationales qui pourraient prendre en charge la sécurité le long de la frontière.
Des propos qui ont été tenus lors d’une réunion avec les maires des villes frontalières de Gaza au siège de l’armée, à Tel Aviv. Netanyahu et son gouvernement sont restés vagues sur leur vision de l’avenir pour Gaza dans l’après-guerre. Quelques heures auparavant seulement, le Premier ministre avait déclaré, devant les caméras de Fox News, que l’État juif ne voulait pas réoccuper ou gouverner la bande quand le Hamas aurait quitté le pouvoir.
Au début de la semaine, Netanyahu avait expliqué à ABC News qu’Israël aurait « la responsabilité de la sécurité en général » au sein de l’enclave côtière « pendant une période indéterminée » après la fin du conflit.
Le bilan meurtrier des soldats tués à l’intérieur de la bande de Gaza s’élevait à 42 samedi.
L’AFP et le Times of Israel ont contribué à cet article.