Des députés d’extrême-droite s’emportent contre des familles d’otages à la Knesset
Des proches demandent aux élus d'Otzma Yehudit de ne pas faire avancer le projet de loi relatif à la peine de mort ; selon Zvika Fogel, "ils représentent plus le Hamas qu'Israël"
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Des membres du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit ont hurlé sur des membres des familles des otages détenus par le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza lors d’une audition de la commission de la Sécurité nationale de la Knesset lundi sur un projet de loi controversé visant à instaurer la peine de mort pour les terroristes.
Les parents de certains des quelque 240 otages enlevés par les terroristes du Hamas le 7 octobre ont supplié les membres de la Knesset de ne pas tenir l’audition sur la législation, craignant qu’une telle loi n’ait de graves répercussions sur leurs proches en captivité.
C’est en larmes que Gil Dikman, cousin de Carmel Gat, qui a été prise en otage par le Hamas le 7 octobre dernier, a supplié le président de la commission de la Sécurité nationale, le député Fogel (Otzma Yehudit) et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir (Otzma Yehudit), de ne pas procéder à l’audition du projet de loi.
Fogel a déclaré que toute personne essayant de bloquer le projet de loi « protège le Hamas » davantage que l’État d’Israël, tandis que le député Almog Cohen a hurlé à un homme dont l’épouse et la fille sont retenues en otage par le Hamas qu’il n’avait « pas le monopole de la douleur ».
Fogel a poursuivi l’audition lundi afin de préparer le projet de loi controversé pour une première lecture en plénière, bien qu’il n’ait pas réussi à obtenir le soutien de la coalition en faveur de la législation.
Il a débuté la réunion de la commission de la Sécurité nationale en affirmant qu’Israël ne devrait pas garder les terroristes du Hamas en prison et que « nous n’avons pas besoin de nourrir ces bêtes », ajoutant que le groupe terroriste essayait de manipuler les parents des otages pour qu’ils s’opposent à la législation.
Interrogé par un membre de la famille d’un otage qui lui demandait s’il pensait que les familles étaient utilisées, Fogel a répondu : « Je pense que le Hamas essaie de vous exploiter, oui. Et je ne le suggère pas, je le dis ouvertement. »
« Cette [législation] n’est pas en contradiction avec l’objectif de ramener les otages. Et quiconque tente de la présenter comme une contradiction représente davantage le Hamas que l’État d’Israël », a-t-il ajouté.
En réponse, Dickmann a contesté l’affirmation de Fogel selon laquelle lui et d’autres représentaient le Hamas, et a supplié Ben Gvir de ne pas poursuivre l’élaboration du projet de loi.
« Je vous l’ai déjà demandé la semaine dernière, Monsieur le ministre, et je vous ai supplié d’arrêter. Je vous ai supplié de ne pas faire de nous ou de nos souffrances un capital de quelque nature que ce soit », a-t-il déclaré en larmes.
« Si vous nous voyez, s’il vous plaît, retirez cela de l’ordre du jour ; si vous avez un cœur, s’il vous plaît, ne dites pas que nous représentons les personnes qui ont assassiné nos proches », a-t-il ajouté.
« S’il vous plaît, ne tenez pas d’audience sur la potence, ne tenez pas d’audience sur la peine de mort. Pas quand la vie de nos proches est en jeu, pas quand la corde est à leur cou. »
« Je suis ici au nom de Carmel et pour qu’elle reste en vie. S’il vous plaît, choisissez la vie et faites le nécessaire pour qu’ils rentrent chez eux vivants et entiers. »
Alors que l’atmosphère de l’audition s’échauffait, un homme dont l’épouse et la fille sont retenues en captivité a pris la parole.
« Arrêtez de parler de tuer des Arabes et commencez à parler de sauver des Juifs », a-t-il crié. « Vous avez demandé, aidé, fait pression pour tuer des Arabes », a-t-il poursuivi, sans que l’on sache exactement à quoi il faisait référence.
« Vous n’avez pas le monopole de la douleur », a hurlé Cohen, furieux.
« Nous avons également enterré plus de 50 amis (…). Mon ami est otage à Gaza, et il n’a d’ailleurs jamais entendu parler de vous. Ne dites pas que nous voulons tuer des Arabes. Ce n’est pas nous qui sommes allés les tuer ce Shabbat [7 octobre], c’est eux qui sont venus nous tuer. »
La députée Limor Son Har Melech (Otzma Yehudit) a crié aux parents des otages : « Vous réduisez d’autres familles au silence », alors que l’audience sombrait dans le chaos le plus total, chaque partie criant sur l’autre au sujet de la législation controversée.
Interviewé plus tard sur la Douzième chaîne, Cohen a refusé de s’excuser et s’est farouchement opposé aux termes employés par les membres de la famille des otages au sein de la commission, tout en déclarant qu’il pensait que le moment n’était pas venu de faire avancer le projet de loi sur la peine de mort.
Quelques instants plus tard, hors caméra, Cohen a été pris d’une quinte de toux et évacué à l’hôpital.
Le projet de loi proposé par Son Har Melech prévoit la peine de mort comme seule sanction pour une personne reconnue coupable d’avoir tué un citoyen israélien pour des motifs racistes ou par « hostilité » envers le peuple israélien « dans le but de nuire à l’État d’Israël et à la renaissance du peuple juif sur notre Terre ».
L’ancien procureur général adjoint Ran Nizri, qui représentait les familles des otages lors de l’audience de lundi, a toutefois fait valoir que la loi actuelle autorise la peine de mort contre les terroristes, une position soutenue en début de semaine par l’ancien procureur général Avichaï Mandelblit.
Après l’audience, Ben Gvir a publié – sur X – une photo de lui serrant Dickmann dans ses bras, et a professé qu’il « aime et embrasse les familles des otages », tout en insistant sur le fait que la peine de mort était un outil crucial pour faire pression sur le groupe terroriste palestinien du Hamas.
תוריד ממני את הידיים שלך.
המבט שלי כאן אומר הכל.
אמרתי לך:
אל תחבק אותי.
בכל זאת חיבקת.
אמרתי לך:
אל תסכן את האהובים שלנו.
בכל זאת סיכנת.
הכל בשביל התמונה.איתמר בן גביר – אין לך שום גבול.
כולם רואים שאתה עושה קרקס על הדם של המשפחות שלנו.
עוד לא מאוחר.
תעצור. https://t.co/xeRm9rdlkH— Gil Dickmann (@gildickmann) November 20, 2023
Dickmann a republié le message de Ben Gvir, affirmant qu’il avait dit au ministre de ne pas le prendre dans ses bras, mais que Ben Gvir l’avait quand même fait.
« Je vous ai dit de ne pas me serrer dans vos bras, mais vous l’avez fait quand même. Je vous ai demandé de ne pas mettre en danger nos êtres chers, mais vous l’avez fait quand même. Tout ça pour une photo. Itamar Ben Gvir, vous n’avez pas de limites. Tout le monde voit que vous faites un numéro de cirque sur le sang de nos familles. Il n’est pas trop tard. Arrêtez. »