Des femmes et des Juifs transgenres tourneront une vidéo sur la pose de tefillin
Destiné aux non-Orthodoxes qui veulent porter des phylactères, "All Gender Wrap" regroupera un public varié d'âges, d'ethnies et d'origines raciales diverses
JTA – Rachel Putterman n’a jamais appris à mettre des tefillin quand elle était plus jeune, alors quand elle s’est inscrite à l’école rabbinique, elle a consulté ses camarades de classe. Mais cette jeune femme de 52 ans ne comprenait pas très bien comment aligner correctement les lanières de cuir et les petits boîtiers de phylactères, que les Juifs ont l’ordre de porter sur leur bras et leur front pendant les prières du matin en semaine.
Elle est allée rechercher des vidéos de tutorat sur YouTube, mais elle a été déçue de voir que beaucoup de vidéos ne mettaient en scène que des hommes.
« Cela me contrariait de voir qu’il n’y avait personne qui me ressemblait. Cela me paraissait être une lacune flagrante », a déclaré Putterman, étudiante au Hebrew College, une école rabbinique pluraliste près de Boston, à JTA lors d’un entretien téléphonique lundi.
Elle a également remarqué que de nombreux tutoriels vidéo nétaient pas tournés professionnellement et étaient de mauvaise qualité. Putterman a décidé d’y remédier.
Le mois dernier, cette ancienne avocate a créé une page de collecte de fonds pour produire une vidéo de haute qualité mettant en vedette un groupe diversifié de personnes montrant comment mettre les tefillin. La vidéo, que Putterman réalise et que produit Gita Karasov, une autre étudiante rabbinique du Hebrew College, s’appellera All Genders Wrap et comprendra un groupe diversifié de 10 personnes, dont des femmes et des hommes d’âges, d’origines ethniques et raciales diverses, ainsi que des juifs transgenres et des juifs non conformes au genre.
« Je veux faire une démonstration pour contrer ce que l’on voit quand on va sur YouTube, qu’il y a des gens de tous les genres engagés dans la pratique », a déclaré Putterman, qui s’est inscrite au Hebrew College comme étudiante à temps partiel en 2013 et qui est maintenant en troisième année d’études à temps plein.
https://youtu.be/8la5hENLjR0
La vidéo montrera aussi un juif qui met les tefillin selon les coutumes séfarades plutôt qu’ashkénazes, et un gaucher (les gauchers portent les tefillin sur le bras droit au lieu du bras gauche).
Bien qu’elle ait d’abord reçu une réaction positive de la part des membres de la communauté du Hebrew College, elle n’était pas certaine que le projet trouverait un écho auprès d’un public plus large.
« Mon instinct me disait que cela allait toucher une corde sensible au sein d’un petit sous-ensemble de la communauté juive : la partie de la communauté qui est intéressée par la pose des tefillin mais pas les orthodoxes », explique-t-elle.
Les Tefillin sont traditionnellement portées presque exclusivement par les hommes, et la plupart des congrégations orthodoxes continuent à suivre cette pratique. Cependant, de nombreuses synagogues non orthodoxes encouragent les hommes et les femmes à porter les boîtiers en cuir, qui contiennent des parchemins manuscrits contenant des textes de la Torah, pendant la prière.
L’instinct de Putterman s’est avéré être juste – elle a dépassé son objectif de 5 000 dollars en huit jours, avec plus de 100 personnes qui ont financé son projet. L’afflux de dons a été à la fois « encourageant » et « écrasant », a-t-elle dit.
Elle utilisera l’argent pour embaucher une équipe professionnelle (la distribution est entièrement composée de bénévoles) pour tourner et monter la vidéo. Putterman espère sortir la vidéo en septembre et prévoit également de lancer un site Web qui présentera les histoires personnelles de chacun des 10 participants.
Putterman a expliqué que la réalisation de la vidéo était un moyen pour elle d’allier ses passions pour le féminisme à sa pratique du judaïsme.
« J’ai été une militante féministe toute ma vie, et j’ai fait beaucoup de recherches sur ces questions et j’ai écrit à ce sujet », a-t-elle dit, « mais il y a quelque chose de si profondément satisfaisant dans cette représentation visuelle d’hommes sans appartenance sexuelle qui portent ces accessoires, et qui non seulement les portent, mais qui sont engagés dans la pratique ».