Israël en guerre - Jour 565

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Reportage

« C’est notre nouvelle réalité. L’instabilité » : Des Israéliens du Nord du pays se confient

Ils sont nombreux à avoir le sentiment d'avoir été abandonnés par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui donne la priorité à la guerre contre le Hamas à Gaza

Un drapeau israélien est suspendu au balcon d'un hôtel de Tibériade le 21 juin 2024, où des centaines d'Israéliens ont été hébergés après avoir été déplacés de leurs maisons près de la frontière avec le Liban. (Crédit : SHARON ARONOWICZ / AFP)
Un drapeau israélien est suspendu au balcon d'un hôtel de Tibériade le 21 juin 2024, où des centaines d'Israéliens ont été hébergés après avoir été déplacés de leurs maisons près de la frontière avec le Liban. (Crédit : SHARON ARONOWICZ / AFP)

Yarden Gil ouvre une grande porte métallique pour accéder au jardin d’enfants où elle travaille, l’endroit sert aussi d’abri anti-missiles souterrain quand retentissent les incessantes sirènes d’alerte aux tirs de roquettes du Hezbollah libanais.

L’enseignante, âgée de 36 ans, fait partie des milliers de personnes déplacées de la zone frontalière du nord d’Israël en raison de l’escalade des violences entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste pro-iranien, qui fait craindre une guerre totale.

Elle et sa famille sont originaires du kibboutz Yiftah, situé à moins d’un kilomètre de la frontière libanaise, mais ils vivent désormais dans une chambre d’hôtel près de la ville de Tibériade, sur les rives de la mer de Galilée, à plus de 50 km de chez eux.

« Il est difficile de se projeter », confie la mère de famille. « Ils (le gouvernement) ne font pas assez pour que nous puissions rentrer chez nous et être en sécurité », déplore-t-elle.

La guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre, a entraîné une multiplication des affrontements à la frontière israélo-libanaise entre l’armée israélienne et le Hezbollah – un allié du groupe terroriste islamiste palestinien – qu’un conflit meurtrier a déjà opposés en 2006.

Depuis, des dizaines de communautés du nord d’Israël sont devenues des villes fantômes.

Yarden et Edward Gil sont assis avec leurs deux enfants dans une chambre d’hôtel à Tibériade le 21 juin 2024 où ils vivent depuis plus de huit mois après avoir été déplacés de leur maison dans le kibboutz Yiftah dans le nord d’Israël le long de la frontière avec le Liban. (Crédit : SHARON ARONOWICZ / AFP)

Quinze soldats et onze civils ont été tués du côté israélien, selon l’armée, 93 civils au Liban, selon un décompte de l’AFP.

Mardi, Israël a déclaré avoir approuvé les plans d’une offensive dans le sud du Liban, tandis que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a répondu qu’aucun lieu en Israël ne serait à l’abri en cas de guerre.

Alors qu’Israël se concentre sur la guerre à Gaza, les dizaines de milliers de déplacés des communautés du nord qui se morfondent dans les hôtels n’ont qu’une idée en tête : rentrer chez eux.

« C’est notre nouvelle réalité. L’instabilité. Et nous devons savoir comment l’accepter, la surmonter et vivre avec elle », raconte Iris Amsalem, 33 ans, mère de deux enfants. Originaire de la communauté frontalière de Shomera, elle séjourne actuellement dans un hôtel de Galilée.

Iris Amsalem, 33 ans, mère de deux enfants, dans une chambre d’hôtel à Tibériade le 21 juin 2024, où elle vit depuis plus de huit mois après avoir été déplacée de sa maison dans la communauté de Shomera, le long de la frontière nord d’Israël avec le Liban. (Crédit : SHARON ARONOWICZ / AFP)

« Nous voulons la paix. Nous voulons la sécurité », dit-elle.

« Une guerre doit avoir lieu »

Pour passer le temps, Deborah Fredericks, une retraitée de 80 ans, joue à un jeu de société près d’une piscine entourée de palmiers dans un hôtel cinq étoiles où elle réside avec des centaines d’autres déplacés. « C’est vraiment drôle parce que je suis au milieu d’une guerre, mais je suis en vacances », dit-elle.

Des personnes âgées jouent à un jeu de société dans le hall d’un hôtel à Tibériade le 21 juin 2024, où des centaines d’Israéliens ont été hébergés après avoir été déplacés de leurs maisons près de la frontière avec le Liban. (Crédit : SHARON ARONOWICZ / AFP)

« Je veux retourner chez moi, mais ce ne sera pas avant un certain temps. Ce sera quand ils me le permettront. On ne peut rien y faire. »

D’autres ont le sentiment d’avoir été abandonnés par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui donne la priorité à la guerre de Gaza. « Personne ne communique avec nous, personne n’est venu nous voir », regrette Lili Dahn, une habitante sexagénaire de Kiryat Shmona, cible très fréquente des projectiles du Hezbollah.

Selon Yarden Gil, les déplacés ont dû mettre en place leur propre système de scolarisation pour leurs enfants après avoir fui, et certains habitants ont depuis dû revenir pour éteindre des incendies provoqués par le Hezbollah, car les pompiers ne veulent pas s’approcher de la frontière.

« Le gouvernement est responsable de notre sécurité et je m’attends à ce qu’il s’intéresse davantage à ce qui nous est arrivé », lâche-t-elle.

Des barrières de fer mises en place par l’armée israélienne bloquent l’une des routes du nord près du kibboutz Yiftah, à proximité de la frontière avec le Liban, le 10 octobre 2023. (Crédit : Jalaa MAREY / AFP)

Dimanche, M. Netanyahu a indiqué qu' »après la fin de la phase intense » dans la bande de Gaza, l’armée sera « en mesure de redéployer certaines forces vers le nord, et nous le ferons, principalement à des fins défensives, mais aussi pour ramener les habitants (déplacés) chez eux ».

Sarit Zehavi, un ancien responsable des services de renseignement de l’armée israélienne vivant à neuf kilomètres de la frontière, affirme que sa plus grande crainte est un cessez-le-feu qui permettrait au Hezbollah « de préserver ses capacités et de lancer le prochain massacre » comme le Hamas.

Helene Abergel, une habitante de Kiryat Shmona âgée de 49 ans et qui séjourne dans un hôtel de Tel Aviv, estime qu’une « guerre doit avoir lieu pour repousser le Hezbollah loin de la frontière. Il y aura une guerre ».

Pour Mme Gil, « ils peuvent détruire nos maisons. Ils peuvent brûler nos champs. Mais ils ne peuvent pas détruire notre moral ».

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