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Des Juifs séfarades veulent « réparer une injustice historique »

Des Juifs rêveurs ou investisseurs, premiers candidats à la citoyenneté portugaise en vertu d'une loi de 2013

Rue des Juifs, Toledo, Espagne, juin 2010 (Crédit : CC BY Daytonarolexboston/Wikimedia Commons)
Rue des Juifs, Toledo, Espagne, juin 2010 (Crédit : CC BY Daytonarolexboston/Wikimedia Commons)

JTA – Inclinée sur un monument à la mémoire des milliers de Juifs assassinés dans un massacre en 1506 à Lisbonne, Danielle Karo (pseudonyme) sent ses yeux se remplir de larmes.

Pour Karo, poète et analyste commerciale américaine, descendante de l’un des plus grands sages de la communauté juive séfarade, le massacre n’est pas seulement de l’Histoire ancienne. Il est emblématique de la persécution qui l’a motivée à demander la citoyenneté portugaise en vertu de la loi de 2013, en tant que Séfarade, terme utilisé pour désigner les Juifs qui vivaient autrefois dans la péninsule ibérique.

« Je pense que la loi portugaise est une belle chose », dit Karo, qui a demandé un pseudonyme car elle travaille dans des pays musulmans du Moyen-Orient. « Mais quand je pense à la persécution subie par ma famille là-bas, je crois aussi que c’est le devoir du Portugal. »

Karo est la première des quelque 300 personnes qui ont demandé la citoyenneté en vertu de la loi, d’après les communautés juives de Porto et de Lisbonne, qui examinent les demandes de naturalisation pour le gouvernement. La loi, qui est entrée en vigueur le mois dernier, fait du Portugal le deuxième pays au monde proposant une « loi de retour » aux Juifs.

Pour être admissibles, les demandeurs doivent démontrer qu’ils appartiennent à une communauté juive séfarade ou sont d’ascendance séfarade. Ils doivent également fournir des certificats prouvant qu’ils n’ont pas de casier judiciaire et un certificat de naissance authentifié par un consulat portugais dans leur pays de résidence, entre autres documents. La loi n’exige pas des candidats de se rendre au Portugal.

Jusqu’à présent, les communautés de Porto et de Lisbonne ont accordé l’ascendance séfarade à environ 200 candidats.

A Lisbonne, la plupart des candidats viennent d’Israël, selon Jose Oulman Carp, président de la communauté juive de la capitale. A Porto, 55 des 100 certifiés sont des Juifs turcs, selon un rapport publié par cette communauté le 31 mars.

Karo, passionnée de voyages et ancienne étudiante à l’Université d’Edimbourg, affirme être une descendante de Joseph Karo, un rabbin espagnol du 16e siècle qui a écrit l’une des principales codifications de la Loi juive.

Elle admet qu’au-delà d’une clôture symbolique de l’expulsion de ses ancêtres au 16e siècle, un passeport portugais aurait « certaines utilités pratiques », telles qu’un visa d’étude et de travail automatique dans les 28 Etats membres de l’Union européenne.

Pourtant, pour Karo, la décision de demander la citoyenneté « est surtout une pulsion émotionnelle », née de sa fierté de son ascendance séfarade.

« C’est quelque chose qui fait partie de moi, alors je l’ai tout de suite tenté », dit-elle.

Les politiciens portugais initiateurs de la législation citent des motivations similaires. José Ribeiro e Castro, politicien conservateur co-auteur de la loi, déclare que l’objectif est de réparer, tardivement, l’expulsion de centaines de milliers de Juifs de la péninsule Ibérique aux 15e et 16e siècles.

« Dans ma carrière politique, je suis très reconnaissant d’avoir instauré cette loi, » a écrit Ribeiro e Castro le mois dernier dans un article d’opinion dans le quotidien Publico.

Pour certains candidats, la citoyenneté portugaise est synonyme d’ « opportunités ».

James Harlow, père de trois enfants de 52 ans de Californie et propriétaire d’une entreprise de haute technologie dans la Silicon Valley, confie au JTA que la nationalité portugaise lui permettra d’étendre son activité en Europe. Deux partenaires commerciaux juifs turcs affirment avoir posé leur candidature pour ouvrir une société informatique aux Pays-Bas.

« Pour les jeunes Juifs turcs, la nationalité portugaise est une question pratique », déclare Cefi Kamhi, ancien député turc et personnalité éminente de la communauté juive turque en déclin.

Comme des centaines de milliers de Séfarades, la famille de Kamhi a fui vers le Portugal au début de l’Inquisition en Espagne, et a dû quitter de nouveau quand le fléau s’est répandu au Portugal. Kamhi avait déjà demandé la citoyenneté espagnole dans les années 1990, mais n’a jamais été naturalisé.

« J’envisage de demander la citoyenneté portugaise, même si je n’en ai besoin pour aucune raison pratique », déclare Kamhi. « Cela serait juste une belle clôture. »

L’année dernière, le gouvernement espagnol a approuvé son propre projet de loi de naturalisation des Juifs séfarades, beaucoup plus permissif que la version portugaise, mais sa mise en œuvre a été retardée en raison de désaccords sur la procédure.

Le mois prochain, la chambre basse du parlement espagnol doit se prononcer sur une deuxième lecture du projet de loi, avec des critères dépassant ceux du Portugal. Les candidats devront entre autres se soumettre à un examen d’espagnol.

Comme leurs homologues portugais, les politiciens espagnols affirment que le projet de loi veut réparer une injustice historique.

Pourtant, tandis que l’Espagne et le Portugal luttent pour sortir d’une crise économique et d’un taux de chômage officiel de 23 et 14 %, respectivement, les États ibériques pourraient avoir un intérêt financier à attirer de nouveaux arrivants juifs.

« La diaspora séfarade peut être considérée comme une grande piscine ayant le potentiel de faire bénéficier les économies espagnole et portugaise, à condition que l’on puisse visiter, peupler et investir dans cette piscine », image Michael Freund, fondateur et président de Shavei Israël, une organisation à but non lucratif, basée à Jérusalem qui gère des programmes de sensibilisation pour les descendants des Juifs séfarades.

Freund souligne que les responsables du tourisme dans les deux pays citent souvent ouvertement l’incitation financière.

Harlow, le candidat californien, renchérit : « En tant que chef d’entreprise dans la Silicon Valley, je salue l’occasion d’apporter des capitaux, des emplois et du savoir-faire pour cultiver la région de Porto. Peut-être que cela comprendrait la culture de muscat ou d’olives, à l’image de mes ancêtres il y a 1 000 ans. »

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