Israël en guerre - Jour 341

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Les familles d’otages fustigent le Premier ministre lors d’une manifestation à Tel Aviv

Des milliers de personnes se sont rassemblées dans tout le pays pour la 3e journée consécutive ; au moins deux personnes ont été arrêtées à Tel Aviv alors que des feux de joie étaient allumés au milieu de la route

Des milliers de personnes ont bloqué mardi la circulation sur la rue Begin, à Tel Aviv, à l’extérieur du quartier-général de l’armée de la Kirya, pour la troisième journée consécutive de manifestations qui ont été organisées dans tout le pays – des mouvements qui appellent à la conclusion d’un accord de « cessez-le-feu contre libération d’otages ». Une demande d’autant plus pressante, aux yeux des personnes présentes, après que Tsahal a récupéré les corps de six otages dans un tunnel de Rafah, dans la bande de Gaza, au cours du week-end – 48 à 72 heures après leur assassinat par le groupe terroriste palestinien du Hamas.

A Tel Aviv, la foule s’est épaissie, atteignant plusieurs milliers de personnes, ont fait savoir les médias. Des parents d’otages, perchés sur le toit d’une camionnette, ont prononcé des discours où ils ont laissé exploser leur colère.

« Le couloir Philadelphi est le plus grand bluff qui soit », a déclaré Eli Albag, père de l’otage Liri Albag, en référence au couloir stratégique qui sépare l’Égypte de la bande de Gaza, le long duquel le Premier ministre Benjamin Netanyahu exige le maintien des troupes, faisant de cette zone un point de friction majeur dans les pourparlers en cours entre Israël et le Hamas.

« Netanyahu prend le peuple israélien pour des imbéciles. Le [groupe terroriste chiite libanais du] Hezbollah, l’Iran, la Cisjordanie, Gaza – l’axe le plus important est l’axe [Itamar] Ben Gvir-[Bezalel] Smotrich. C’est l’axe le plus dangereux pour la nation d’Israël », a-t-il ajouté, selon le site d’information Ynet.

« Vous ne réussissez pas à garder le contrôle sur deux personnes : Comment conserveriez-vous le contrôle de 14 kilomètres ? », s’est interrogé Albag, une allusion aux ministres ultranationalistes Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich.

Il a ensuite appelé les manifestants à lever leurs téléphones allumés à l’occasion d’une minute de silence en mémoire des otages récemment exécutés. Ils s’appelaient Hersh Goldberg-Polin, Eden Yerushalmi, Ori Danino, Alex Lobanov, Carmel Gat et Almog Sarusi.

A la fin de la minute de silence, une clameur s’est élevée de la foule qui a scandé : « Tout le monde ! Maintenant ! », un slogan devenu une marque de fabrique des mouvements de protestation en faveur des otages.

Eli Albag, le père de l’otage Liri Albag, s’exprime lors d’un rassemblement demandant un accord de cessez-le-feu contre otages, dans la rue Begin de Tel-Aviv, devant le quartier général de Tsahal, le 3 septembre 2024. (Crédit : Noam Amir/Hostage Families Forum)

Les manifestants ont brandi des pancartes et tenu de larges banderoles. Certains ont entonné des slogans dénonçant le Premier ministre, d’autres des slogans en soutien aux captifs.

Un homme portant un masque du visage du Premier ministre Benjamin Netanyahu était allongé dans la rue à côté d’une tombe factice.

« J’ai ajouté de nouvelles clauses. Les otages sont morts. Désolé », était-il écrit sur une pancarte posée au sol, devant le portrait du Premier ministre. Une référence faite aux amendements apportés, au mois de juillet, par Netanyahu à la proposition d’accord « otages contre cessez-le-feu » qui avait été présentée au mois de mai – les responsables et les équipes chargées des négociation ont reconnu que ces nouvelles exigences avaient mis en péril la vie des otages en retardant encore la conclusion d’un accord, ou en vouant tout simplement les discussions à l’échec.

Un manifestant tenait une pancarte sur laquelle on pouvait lire : « Dans le Troisième temple, Netanyahu offre des sacrifices humains ».

Les protestataires ont scandé : « Les otages sont à Gaza depuis bien trop longtemps, le sang est sur les mains du gouvernement de l’horreur », tandis que d’autres ont entonné le slogan « c’est maintenant ou jamais – il y a un accord sur la table ».

Après Albag, c’est Einav Zangauker qui s’est adressée à la foule en réclamant, comme elle n’a jamais cessé de le faire depuis le 7 octobre, la libération de son fils Matan, conservé en captivité à Gaza.

S’adressant aux ministres du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, elle a averti ces derniers que « vos noms seront inscrits dans les livres d’histoire à l’aide du sang des otages qui ont été assassinés à Gaza ».

« Vous n’avez qu’un moyen d’échapper à ce destin : abandonnez le bourreau de la rue Aza », a-t-elle dit, en faisant référence à l’adresse de la résidence de Netanyahu à Jérusalem. « Remplacez-le par quelqu’un qui nous amènera à un accord ».

Ifat Kalderon, la cousine de l’otage Ofer Kalderon, a accusé Netanyahu – qu’elle a appelé « Monsieur Abandon » – d’avoir nui aux négociations en ordonnant l’assassinat de hauts-responsables du Hamas et en « provoquant la mort des otages. »

« La pression militaire, qui n’a jamais permis de faire avancer les négociations, s’est transformée en un véritable danger mortel pour les otages », a-t-elle affirmé. « Et vous, Monsieur Abandon, vous vous êtes égaré ».

Des Israéliens affrontent la police pendant un rassemblement réclamant la libération des otages détenus par le Hamas à Gaza, devant le ministère de la Défense de Tel Aviv, le 3 septembre 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

« Vous ne savez pas comment mener une guerre, vous ne savez pas comment nous diriger », a poursuivi la cousine de l’otage, qui est âgé de 53 ans. « Vous les laissez mourir – eux et les valeurs fondamentales sur lesquelles ce pays a été fondé ».

Elle a appelé son cousin Ofer à rester fort et elle a promis qu’elle n’abandonnerait pas le combat.

« Il y a un peuple tout entier qui se bat pour que tu puisses revenir à la maison », a-t-elle dit. « Accroche-toi pour tes enfants et aussi pour toi-même ».

Les manifestants ont ensuite fait résonner des tambours et allumé des feux de joie dans la rue, tandis que la police tentait de disperser la foule.

Un groupe qui fournit une aide juridique aux manifestants arrêtés par les forces de l’ordre a annoncé qu’au moins deux personnes avaient été placées en détention.

Manifestations multiples

Ailleurs en Israël, environ 1 000 personnes se sont rassemblées à Rehovot en signe de solidarité avec la famille de Nimrod Cohen, un soldat qui a été kidnappé, a rapporté Ynet.

A Rehovot, des manifestants participent à une marche menée par Vicky et Yotam Cohen, la mère et le frère de l’otage Nimrod Cohen, un résident de la ville, le 3 septembre 2024. (Crédit : Ori Koren/Mouvement de protestation pro-démocratie)

Le frère de Nimrod, Yotam, a dénoncé Netanyahu, déclarant à la foule que lui et le gouvernement avaient décidé de redoubler d’ardeur dans « leur posture d’abandon des citoyens ».

Le sang de six otages, de six citoyens israéliens, c’est la « victoire absolue », a-t-il dit, reprenant avec fureur une expression souvent répétée par Netanyahu pendant la guerre.

« Six cercueils avec le drapeau israélien pour la gloire de l’État d’Israël », a-t-il continué, visiblement hors de lui.

Des rassemblements de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de personnes ont eu lieu à d’autres carrefours à travers tout le pays. Cela a notamment été le cas en Basse-Galilée, dans le nord d’Israël, et au carrefour de Shaar HaNegev, dans le sud de l’État juif, où les manifestants se sont assis sur la route en agitant des drapeaux jaunes.

À Jérusalem, les manifestants ont parcouru les rues qui entourent la place de Paris, brandissant des pancartes sur lesquelles figuraient des photos des otages. Ils ont scandé le même slogan que celui qui était utilisé au même moment par les protestataires de Tel Aviv : « Tout le monde ! Maintenant ! ». Selon la chaîne publique Kann, les forces de police ont empêché la foule de prendre la direction de la rue Azza, comme les organisateurs l’avaient initialement prévu.

Plus à l’écart des routes principales et des carrefours les plus fréquentés, des rassemblements ont également été organisés devant les domiciles du ministre de la Justice, Yariv Levin, et du ministre des Affaires étrangères, Israël Katz.

Le petit-fils de Lior Rudaeff, qui avait été assassiné par les hommes armés du Hamas qui avaient pris d’assaut le kibboutz Nir Yitzhak, lors du pogrom du 7 octobre, et dont le corps sans vie a été pris en otage à Gaza, se trouvait parmi les manifestants qui se sont regroupés devant le domicile de Katz.

Devant l’habitation de Levin, à Modiin, les manifestants ont installé des pancartes avec les visages des six otages exécutés par le Hamas la semaine dernière, et ils ont utilisé des drapeaux israéliens pour former des housses mortuaires factices sur le sol.

Des manifestants participent à une veillée pour les six otages exécutés à Gaza, il y a quelques jours, devant le domicile du ministre de la Justice Yariv Levin à Modiin, lors de la troisième journée consécutive de manifestations, le 3 septembre 2024. (Crédit : Forum des familles d’otages et de portés-disparus)

Il resterait 97 otages qui avaient été enlevés par le Hamas, le 7 octobre – 251 personnes avaient été kidnappées au total – à Gaza, y compris les corps sans vie de 33 otages dont le décès a été confirmé par l’armée.

Le Hamas avait relâché 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine, à la fin du mois de novembre en échange de prisonniers sécuritaires, dont deux qui ont finalement été éliminés lors d’attaques terroristes. Quatre femmes avaient été remises en liberté auparavant. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 30 otages ont été rapatriées – notamment celles de trois Israéliens qui avaient été accidentellement tués par l’armée alors qu’ils étaient parvenus à échapper à leurs ravisseurs.

Le Hamas détient également les corps sans vie de deux soldats tombés au combat, Oron Shaul et Hadar Goldin, depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui seraient encore en vie après être entrés dans la bande de leur propre gré en 2014 et en 2015.

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