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Des médecins israéliens demandent aux Libanais de mettre le conflit de côté

Le gouvernement israélien a proposé son aide au Liban qui n'a pas encore "officiellement" donné de réponse

Un homme est assis au sol en attendant de l'aide au port de Beyrouth après l'énorme explosion qui a frappé le coeur de la capitale libanaise le 4 août 2020. 
(Photo by - / AFP)
Un homme est assis au sol en attendant de l'aide au port de Beyrouth après l'énorme explosion qui a frappé le coeur de la capitale libanaise le 4 août 2020. (Photo by - / AFP)

Davantage de blessés libanais pourraient perdre la vie suite à l’explosion à Beyrouth mardi s’ils ne sont pas autorisés à aller en Israël – considérée au Liban comme une nation ennemie – pour y être soignés, ont prévenu les docteurs israéliens d’un hôpital situé à proximité de la frontière.

« Cela causera des souffrances et des morts inutiles », a déclaré Anthony Luder, médecin chevronné à l’hôpital Ziv de Safed, au Times of Israël mercredi. Il a déclaré que l’ensemble du personnel médical était prêt à recevoir un afflux de patients de Beyrouth, qui se trouve à seulement 160 km à vol d’oiseau.

Luder a prévenu que si le Hezbollah, le groupe terroriste basé au Liban et soutenu par l’Iran qui fait aussi partie du gouvernement libanais, bloque cette option, comme il le redoute, « ces cens seront les victimes du terrorisme du Hezbollah, pas moins que les personnes qui sont abattues par le groupe ».

Salman Zarka, le directeur de l’hôpital, a également exprimé son scepticisme à l’idée que le Hezbollah, en particulier son chef Hassan Nasrallah, puisse permettre aux civils libanais de recevoir un traitement médical en Israël. Il a demandé que les questions humanitaires prennent le pas sur les autres sujets.

« J’espère vraiment que Nasrallah nous autorisera à sauver des vies », a-t-il dit à la chaîne publique Kan mercredi après-midi, tout en reconnaissant que les chances étaient très minces.

Des militants de l’organisation terroriste du Hezbollah, soutenue par l’Iran, écoutent le discours du dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah, via liaison vidéo, lors d’un rassemblement marquant la Journée des martyrs du Hezbollah, dans une banlieue sud de Beyrouth au Liban, le 10 novembre 2018. (AP Photo/Bilal Hussein)

Luder a ensuite fait un appel à l’émotion, en disant : « Je vous en prie, je vous en prie, mettez la politique de côté et acceptez l’aide que nous pouvons offrir. »

Il a déclaré : « Nous avons soigné des Libanais dans les années 1980 et 1990 », ajoutant que cela s’est terminé à cause de l’influence grandissante du Hezbollah, qui s’oppose à tout contact avec Israël.

Et maintenant, il craint que la force du Hezbollah n’empêche les blessés d’être autorisés à se rendre à Ziv, et dans au moins deux autres hôpitaux israéliens, pour être soignés.

Luder, qui est aussi le directeur du service pédiatrique et qui a été au cœur des initiatives israéliennes pour traiter les Syriens à Ziv pendant une bonne partie de la guerre civile, a déclaré que les hôpitaux du Liban n’étaient pas équipés pour gérer ce type d’événements de cette ampleur. L’explosion au port a fait au moins 137 victimes et des milliers de blessés.

« Le nombre de personnes tuées à Beyrouth indique que des milliers de personnes ont des problèmes de santé, et ils n’ont tout simplement pas les équipements pour les soigner, alors que d’autres voisins ne sont pas en bonne situation pour les aider. »

Dr. Anthony Luder, Directeur du service pédiatrique de l’hôpital Ziv de Safed. (Capture écran/YouTube)

Il a commenté : « Nous avons l’impératif humanitaire de proposer notre aide. Nous sommes sous tensions à cause du coronavirus, mais nous sommes encore en bonne situation pour proposer notre aide, et malheureusement, nous avons une grande expérience en matière de traumatisme et nous serions contents de la partager. »

« Nous sommes totalement prêts, et nous voulons recevoir des personnes libanaises, et si nous pouvons traiter nos voisins, nous sommes prêts à faire tous les efforts nécessaires. »

En plus des traitements proposées par les hôpitaux israéliens, le gouvernement israélien a annoncé mardi soir qu’il avait contacté le Liban pour lui proposer son aide humanitaire.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réitéré l’offre mercredi en affirmant « faire la différence entre les régimes et les peuples ».

Mercredi soir, Israël était néanmoins en discussions avancées pour transférer des équipements médicaux.

Les Nations unies ont servi de médiateur, selon la chaîne publique Kan, qui a cité une source anonyme de la Force d’intérim des Nations unies au Liban (FINUL), déclarant que le gouvernement avait reçu la proposition d’aide dIsraël, mais qu’il n’avait encore donné aucune réponse « officielle ».

Le reportage précisait qu’Israël enverrait des « équipements spécifiques » au Liban, mais il n’a pas donné de détails.

Les deux pays n’ont pas de relations diplomatiques et se considèrent mutuellement comme un état ennemi.

Plusieurs heures après l’explosion au Liban, les ministères des Affaires étrangères et de la Défense d’Israël ont annoncé qu’ils avaient « contacté le Liban à travers les canaux de défense et de diplomatie internationaux pour proposer au gouvernement libanais de l’aide médicale humanitaire ».

Peu après, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a publié un communiqué déclarant qu’il avait approuvé l’offre d’aide et ordonné au Conseiller à la sécurité nationale Meir Ben-Shabbat de dialoguer avec des officiels des Nations unies pour voir « comment Israël pourrait aider davantage le Liban ».

Une photo de drone montre la scène de l’explosion qui a frappé la zone du port de Beyrouth, le mercredi 5 août 2020. (AP Photo/Hussein Malla)

D’autres pays ont proposé leur aide.

Un avion de l’armée de l’air qatari avec un cargo de centaines de lits pliables, des générateurs et des pansements spécifiques pour les brûlures s’est posé à Beyrouth dans ce qui était le premier d’une série de vols.

Des approvisionnements médicaux sont aussi arrivés du Koweït. La Croix-Rouge libanaise a également dit que plus de 4 000 personnes étaient traitées pour des blessures après l’explosion.

Israël envoie régulièrement de l’aide vers des pays étrangers, en installant notamment des hôpitaux de campagne, en aidant aux recherches et en envoyant de la nourriture, de l’eau et d’autres produits de première nécessité.

Mercredi, Netanyahu a exprimé ses condoléances au peuple libanais, et renouvelé son offre d’envoyer de l’aide humanitaire.

« Nous l’avons fait dans le passé. Pendant la crise humanitaire en Syrie, j’ai donné l’ordre de construire un hôpital de campagne à notre frontière sur le plateau du Golan… Nous avons proposé à plusieurs reprises, après des tremblements de terre et autres désastres naturels en Iran, l’aide humanitaire au peuple iranien », a déclaré Netanyahu.

Pourtant, le Premier ministre a oublié de mentionner qu’Israël avait aussi manqué des occasions d’offrir son aide au peuple libanais par le passé. L’année dernière, par exemple, le pays a demandé à ses voisins de l’aider à combattre les feux de forêts qui ont ravagé des maisons et tué un pompier volontaire.

Beyrouth n’a pas demandé l’aide d’Israël et Jérusalem ne l’a pas proposée, même si l’Etat hébreu avait proposé son assistance à d’autres pays dans la région, notamment des pays avec lesquels il n’a pas de relations diplomatiques.

Des responsables israéliens, dont Netanyahu, ont souvent dit tenir le gouvernement libanais pour responsable de toute attaque de la part du groupe terroriste du Hezbollah.

Dans cette photo sans date fournie le 19 juillet 2017, des soldats israéliens préparent de l’aide humanitaire dans le cadre du programme « Bon voisin » de l’armée pour les civils syriens sur le plateau du Golan syrien. (Armée israélienne)

Ses offres d’aides à ces États ennemis sont presque toujours refusées et entraînent parfois des accusations de « lavage de décombres » – le fait d’utiliser une catastrophe pour soigner son image.

De nombreux Israéliens ont exprimé leur choc devant le désastre qui a frappé Beyrouth et de la compassion pour le peuple libanais, malgré l’inimité passée entre les deux pays. La mairie de Tel Aviv a été éclairée avec le drapeau libanais en signe de solidarité mercredi soir.

Certains ont pourtant exprimé leur opposition à l’idée d’aider le Liban, foyer du Hezbollah, avec lequel Israël est embourbé dans un conflit depuis des décennies. Le Hezbollah a juré la destruction de l’Etat juif et fait partie du gouvernement libanais.

Bezalel Smotrich, député de droite dans le parti d’opposition HaBayit HaYehudi, a écrit sur Twitter qu’Israël devrait seulement offrir de l’aide au Liban si cela entrait dans un intérêt stratégique. « Moralement, nous n’avons aucune obligation ou besoin de tendre la main à un État ennemi direct », a-t-il écrit.

Israël a combattu plusieurs guerres contre le Liban. De 1982 à 2000, Israël a occupé de grandes terres au sud Liban pour repousser des groupes palestiniens, et en 2006, Israël a combattu un guerre dévastatrice contre le Hezbollah. Alors que le pays évitait par le passé les confrontations directes avec les forces armées du Liban soutenues par les Etats-Unis, l’Etat juif a indiqué ces dernières années que cela ne serait peut-être plus le cas dans un futur conflit.

Fin juillet, les tensions ont été très fortes à la frontière israélo-libanaise, après qu’Israël a dit avoir contrecarré une tentative d’infiltration de cinq hommes armés du Hezbollah – ce que le Hezbollah a démenti. Israël se prépare à une attaque du groupe terroriste depuis qu’il a accusé l’Etat juif d’avoir tué l’un de ses hommes dans une frappe aérienne en Syrie le mois dernier.

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