Des membres d’un conseil scolaire californien accusés « d’antisémitisme flagrant »
L’ADL exige des excuses du conseil de Pajaro Valley, accusé d’avoir ciblé la communauté juive en évoquant son "opportunisme" et son "pouvoir économique"

JTA – L’Anti-Defamation League (ADL) a exigé des excuses d’un conseil scolaire californien après que deux de ses membres ont attaqué verbalement la communauté juive lors d’une réunion tenue la semaine dernière.
La controverse est le dernier épisode d’un conflit de longue date autour des cours d’études ethniques dans les écoles californiennes. Lors de la réunion de mercredi, le Pajaro Valley Unified School District a approuvé à l’unanimité un contrat de formation des enseignants avec une organisation dont le dirigeant est lié à des activistes antisionistes.
Le conseil avait auparavant laissé expirer un contrat avec cette même organisation, Community Responsive Education (CRE), en raison de préoccupations liées à l’antisémitisme. Cette décision avait suscité de vives réactions chez des élèves, des enseignants, des activistes locaux, ainsi que chez le directeur de CRE, coauteur d’un programme d’études ethniques à l’échelle de l’État, que de nombreuses organisations juives ont dénoncé. La composition du conseil a depuis changé.
Mercredi, alors que des militants juifs appelaient le conseil à rejeter le nouveau contrat, craignant qu’il n’imprègne le programme local d’un discours antisioniste, deux membres du conseil se sont attaqués à la communauté juive.
« Je ne vois pas, les gens comme vous, aux manifestations contre l’immigration », a lancé Gabriel Medina, membre du conseil depuis le début de l’année, qui a régulièrement exprimé son soutien aux Palestiniens et critiqué Israël lors des réunions. Il a ensuite évoqué le cas de Kilmar Armando Abrego Garcia, un habitant du Maryland expulsé à tort vers le Salvador, ainsi que celui de Mahmoud Khalil, un activiste palestinien anti-Israël arrêté par la police de l’immigration américaine à l’université de Columbia.
« Je ne vous vois pas manifester quand des gens sont expulsés, comme c’est le cas en ce moment même », a poursuivi Medina. « Je ne vous vois pas défendre Abrego Garcia ou Mahmoud Khalil. Je ne vous vois jamais faire cela. Vous ne venez à ces réunions que quand cela vous arrange, pour venir dire aux gens bruns (brown people) qui ils sont [- et comment ils doivent se définir]. »

Une autre membre du conseil, Joy Flynn, a reproché à la communauté juive de tirer avantage de sa position économique.
« J’ai été quelque peu déconcertée, a-t-elle déclaré, par l’absence de reconnaissance du pouvoir économique que la communauté juive a historiquement exercé. »
Le directeur régional de l’ADL pour la région Pacifique central, Marc Levine, a condamné ces propos et a demandé au conseil d’administration de présenter des excuses.
« L’antisémitisme brut affiché lors de cette réunion du conseil du Pajaro Valley Unified School District est odieux et dangereux », a-t-il déclaré dans un communiqué. « Le plus inquiétant, c’est que ces propos ont été tenus par des membres élus du conseil d’administration. Que cela révèle-t-il de leur disposition à laisser les études ethniques devenir un vecteur d’introduction de l’antisémitisme dans les salles de classe ? »
Il a ajouté que « le conseil doit à la communauté juive non seulement des excuses, mais aussi un engagement sincère en faveur de la réflexion et de l’éducation ».
Mardi, la directrice du district scolaire, Heather Contreras, a déclaré au J. Jewish News of Northern California que le PVUSD « est fermement opposé à toutes les formes de racisme, d’antisémitisme et de haine ».
« Le PVUSD est déterminé à promouvoir un environnement sûr, inclusif et respectueux pour tous les élèves, familles, éducateurs et membres de la communauté — quelle que soit leur origine, race, religion ou identité », a-t-elle précisé dans sa déclaration. « Le district continuera de travailler avec ses communautés diverses pour faire en sorte que nos écoles reflètent les valeurs que nous attendons de nos dirigeants et transmettons à nos élèves. »
Présente lors de la réunion, Debbie Israel, rabbine émérite de la congrégation Emeth voisine, a elle aussi condamné les propos tenus et critiqué le contrat de formation des enseignants proposé.
« J’ai entendu ce soir des paroles haineuses et blessantes, et j’espère pouvoir y répondre. Le judaïsme n’est pas seulement une religion ; c’est aussi un peuple qui vit sur la terre d’Israël depuis l’époque d’Abraham, le premier Juif. Les études ethniques doivent respecter le droit des peuples autochtones à l’autodétermination. Or, le CRE cherche à nier ce droit au peuple juif. »
La majorité des intervenants lors de la réunion du conseil d’administration ont fait activement pression en faveur du contrat proposé avec le CRE, dont au moins une personne arborant un sweat-shirt portant l’inscription « Jews for a Free Palestine » (Juifs pour une Palestine libre).
Les groupes juifs de Californie ont rappelé qu’une version préliminaire du programme modèle d’études ethniques de 2019 comportait des éléments à caractère antisémite, et ils restent vigilants face aux tentatives visant à imposer ce programme à l’échelle de l’État.
Début avril, le ministère de l’Éducation de Californie a statué que le programme d’études ethniques d’un établissement de San Jose comportait des éléments discriminatoires envers les élèves juifs. En février, le district scolaire unifié de Santa Ana a été contraint, dans le cadre d’un règlement amiable, à suspendre totalement ses cours d’études ethniques jusqu’à leur révision.