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Des militants anti-corruption, arrêtés à Ramallah, libérés sous caution

Un tribunal de Cisjordanie libère 12 militants emprisonnés pour avoir organisé un rassemblement contre la corruption à Ramallah, au milieu des protestations d'associations diverses

La place de l'horloge du centre de Ramallah, en août 2015. (Crédit : Micah Bond/Flash90)
La place de l'horloge du centre de Ramallah, en août 2015. (Crédit : Micah Bond/Flash90)

Un tribunal de Ramallah a ordonné la libération anticipée sous caution de 12 militants qui affirment avoir été arrêtés pour avoir protesté contre la corruption au sein de l’Autorité palestinienne, après que leur détention a été initialement prolongée de 15 jours.

Selon l’organisation palestinienne des droits humains Al-Haq, 22 manifestants se préparaient à organiser un rassemblement sur la place centrale de Ramallah, al-Manara, le 19 juillet, pour protester contre les conditions économiques, la corruption et la mauvaise gestion du gouvernement pendant la pandémie de coronavirus, lorsqu’ils ont été arrêtés. Dix d’entre eux ont été libérés par la suite.

Rendue mardi dernier, l’ordonnance du tribunal de libérer les douze autres accusés avant la date prévue fait suite aux nombreuses critiques formulées à l’encontre de ce que les organisations de la société civile et les groupes de défense des droits ont appelé une répression des manifestants anti-corruption sous prétexte de préserver la santé publique.

Les manifestants ont été accusés d’avoir violé les restrictions sanitaires en organisant un rassemblement alors que l’AP avait demandé aux résidents de ne pas se rassembler en public et de rester chez eux sauf en cas d’absolue nécessité.

Les 12 interpellés ont vu leur détention prolongée de 15 jours. Pendant leur incarcération, certains d’entre eux ont entamé une grève de la faim. L’un des détenus, Fayez al-Suweiti, avait déjà été arrêté au début du mois de juillet après avoir publié sur les réseaux sociaux des messages sur la corruption de l’AP.

« Ces interpellations exploitent les restrictions sanitaires pour arrêter des militants », a dénoncé l’avocat des manifestants, Mohannad Karaja, à la radio al-Hayat.

بعد تنفيذ قرار محكمة الصلح القاضي بالإفراج عن كافة النشطاء المعتقلين على خلفية #مظاهرة_طفح_الكيل,، من أمام مركز توقيف شرطة رام الله والبيرة.

פורסם על ידי ‏محامون من اجل العدالة‏ ב- יום שלישי, 28 ביולי 2020

D’autres protestations de restaurateurs et de commerçants contre les restrictions relatives au coronavirus à Hébron et à Ramallah ont cependant abouti à des négociations plutôt qu’à des arrestations. Les représentants des entreprises ont été conviés à des discussions au cours desquelles ils ont trouvé un compromis avec les autorités locales. Les manifestants anti-corruption n’ont pas eu cette chance ; leur procès devrait commencer en août.

Plusieurs groupes de défense des droits humains, dont Amnesty International, ont condamné ces arrestations.

« [Les arrestations sont] une mesure punitive vindicative qui est incompatible avec les droits et libertés publiques », a déclaré AMAN, une organisation de la société civile qui plaide pour une plus grande transparence et une plus grande responsabilité dans la gouvernance palestinienne.

Selon un récent sondage, 81 % des Palestiniens pensent qu’il y a de la corruption au sein de l’AP. Un quart la considère comme le problème le plus grave auquel est confrontée la société palestinienne aujourd’hui.

La pandémie de coronavirus et ses conséquences économiques ont rendu la question de la corruption plus importante. Alors que l’AP a annoncé un fonds de relance connu sous le nom de « Dignified Stand » pour aider les Palestiniens dont les moyens de subsistance ont été affectés par la pandémie, de nombreux Palestiniens pensent que le fonds a été mal utilisé et n’a atteint que les personnes ayant des liens avec les hautes sphères de l’AP.

Plusieurs promotions au sein du ministère de la Santé pendant la crise du coronavirus ont également été largement considérées comme des cadeaux aux membres des familles des hauts fonctionnaires, alors même que l’AP elle-même souffre de déficits croissants. De nombreux employés du secteur public ont vu leurs salaires considérablement réduits en raison de la crise fiscale de Ramallah.

« Nous demandons la création d’un ministère des enfants des fonctionnaires, ou du ministère des enfants de nos maîtres, quel que soit le nom que vous lui donnez, qui sera chargé de donner à leurs enfants les postes et les salaires qu’ils jugent appropriés », a fait remarquer l’humoriste Alaa Abu Diab dans un message largement diffusé sur Facebook.

En réponse à ces critiques, le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh, a annoncé fin juin la création d’un conseil spécial chargé de contrôler les nominations et les promotions dans la fonction publique palestinienne.

Le ministère de la Justice de l’Autorité palestinienne n’a pas répondu à une demande de commentaires.

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