Des milliers de personnes à Tel Aviv contre le plan de paix de Trump
Les manifestants ont fustigé un plan d'annexion et d'apartheid à défaut d'un plan de paix ; le chef du Meretz a dit à Ayelet Shaked qu'elle détruit le rêve sioniste
Des milliers d’Israéliens se sont réunis samedi soir, à Tel Aviv, pour protester contre la proposition de paix au Moyen-Orient soumise par les Etats-Unis et contre le projet gouvernemental d’annexion de territoires en Cisjordanie.
Selon le groupe de lutte contre les implantations La Paix Maintenant, qui organisait le défilé, des milliers de personnes ont pris part à la manifestation qui a eu lieu place Dizengoff à Tel Aviv, qui s’est rassemblée sous le slogan « Plan de paix, pas accord d’annexion ».
« L’annexion est une catastrophe, pas de paix, pas de sécurité », ont scandé les protestataires qui ont brandi des panneaux dénonçant l’occupation de la Cisjordanie par Israël depuis 52 ans et condamnant le « transfert » – en référence au plan qui ouvre la possibilité de redessiner la frontière d’un futur Etat palestinien qui comprendrait plusieurs villes arabes israéliennes.
La proposition, dévoilée mardi, accorde à Israël le contrôle sur Jérusalem, sa capitale « indivisible », exclut le retour des réfugiés palestiniens sur le territoire d’Israël et prévoit l’élargissement de la pleine souveraineté de l’Etat juif à toutes les implantations israéliennes. Elle permet également la création d’un État palestinien démilitarisé sur environ 70 % de la Cisjordanie, à Gaza et sur une partie de l’ouest du Negev – mais seulement dans un délai de quatre ans et sous réserve du respect de certaines conditions.
Le plan a été catégoriquement rejeté par les Palestiniens qui ont obtenu, samedi, le soutien unanime de la Ligue arabe.
« Le plan de Trump n’est pas un plan de paix », a déclaré la députée Travailliste-Gesher-Meretz Tamar Zandberg lors du rassemblement, selon la Douzième chaîne. « C’est une proposition d’annexion, de transfert et assurément, une recette explosive qui ouvrira la voie aux violences et à l’apartheid ».
Dans la matinée, des centaines de personnes s’étaient rassemblées pour dénoncer le plan de paix dans la ville arabe israélienne de Baqa al-Gharbiye qui, selon la proposition, intégrerait la Palestine.
« Personne ne nous privera de la citoyenneté de la patrie dans laquelle nous avons vu le jour », a clamé Ayman Odeh, chef du parti politique de la Liste arabe unie.
Tandis que le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait promis de procéder rapidement à l’application de la souveraineté israélienne dans la vallée du Jourdain et dans les implantations de Cisjordanie, le gouvernement a depuis fait marche arrière sous les pressions exercées par les Américains, annulant une réunion prévue dimanche où la procédure d’annexion devait être lancée.
Samedi soir, la députée de Yamina, Ayelet Shaked, a expliqué que son parti de droite « exercera toutes les pressions nécessaires pour garantir que l’extension de la souveraineté se fera » au cours d’un débat qui l’opposait au leader du Meretz, Nitzan Horowitz, sur la Douzième chaîne.
Horowitz a répondu qu’en annexant les territoires, le gouvernement anéantirait toute chance d’une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien.
« Vous voulez un Israël annexé, qui ne sera ni Juif, ni démocratique – vous détruisez le rêve sioniste », a-t-il accusé.
« Les pères du sionisme se retourneraient dans leurs tombes s’ils vous voyaient », a-t-il ajouté.
« David Ben-Gurion se retournerait dans sa tombe s’il voyait qui le parti Travailliste a rejoint », a-t-elle riposté, se référant à l’alliance unissant les Travaillistes et le parti du Meretz d’extrême-gauche en amont du scrutin du 2 mars.
Jacob Magid a contribué à cet article.