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Des milliers de personnes pleurent Moshe Arens, ce « grand leader »

Netanyahu dit avoir "perdu un père", Rivlin se souvient de ce fidèle du Likud, de cet "idéologue" comme d'un "homme au service du peuple"

L'ancien ministre de la Défense Moshe Arens, à son domicile de Savyon, le 28 juillet 2016 (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)
L'ancien ministre de la Défense Moshe Arens, à son domicile de Savyon, le 28 juillet 2016 (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)

Des milliers de personnes ont assisté mardi aux funérailles de l’ancien ministre de la Défense Moshe Arens dans sa ville natale de Savyon, dans le centre d’Israël.

Parmi les personnes présentes, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a commencé sa carrière comme protégé d’Arens, ainsi que le président Reuven Rivlin et d’autres responsables du Likud.

Arens, décédé lundi à l’âge de 93 ans, était un ingénieur en aéronautique anglophone et cadre dans le secteur de la Défense. Il aura été ministre de la Défense à trois occasions, ministre des Affaires étrangères et ambassadeur israélien à Washington. Il joua un rôle déterminant dans le développement de l’industrie israélienne de la Défense.

« Israël dit adieu aujourd’hui à un grand leader et je dis moi-même adieu à un guide et à un ami cher », a déclaré Netanyahu lors des funérailles. Il a ajouté qu’Arens avait été un étendard de l’héritage de Zeev Jabotinsky, qui avait « fait avancer la notion d’une armée hébraïque et de l’Etat juif ».

« Il était très ancré dans la réalité. Il a servi trois fois comme ministre de la Défense et a contribué à bien des égards à renforcer le mur de fer qui nous protège de nos ennemis », a dit Netanyahu.

Le Premier ministre a noté que la mort d’Arens lui donnait le sentiment d’être « orphelin – comme un fils qui a perdu son père… Ce chagrin et ces larmes empreintes de la fierté de notre chemin commun ».

« Tu continueras à vivre en nous aussi longtemps que vivra l »histoire juive », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’exprime lors des funérailles de l’ancien ministre de la Défense Moshe Arens, au cimetière Savyon, le 8 janvier 2019 (Crédit : Flash90)

Le président Reuven Rivlin a qualifié Arens de « l’un de nos meilleurs leaders… L’un de nos meilleurs dirigeants du mouvement libéral national. Il était un idéologue qui n’a jamais plié et qui ne s’est jamais soumis à la popularité ou à la facilité ».

Arens, a-t-il dit, était un « sioniste dans chaque fibre de son être et un homme au service du peuple ».

Même si « un grand nombre de personnalités ont apporté leur contribution à la nation », a affirmé le président, « peu ont changé sa trajectoire. Tu faisais partie de ceux qui l’ont fait ».

Le député travailliste Nachman Shai, son ancien porte-parole, a fait l’éloge funèbre d’Arens, évoquant un homme sensible qui a « quitté ce monde sans un seul ennemi ».

« Ton voyage, Misha », a dit Shai, utilisant le surnom d’Arens, « arrive aujourd’hui à son terme, après 93 années fascinantes et animées. Dans tous les projets dans lesquels tu t’étais engagé, tu voyais toujours la personne, cet individu en coulisses, sans lequel on ne peut rien faire ».

Né à Kaunas, en Lituanie, Arens s’était installé avec sa famille à Riga, en Lettonie, en 1927, puis aux Etats-Unis juste avant la Seconde guerre mondiale, en 1939.

Le président Reuven Rivlin parle lors des funérailles de l’ancien ministre de la Défense Moshe Arens, le 8 janvier 2019 (Capture d’écran : YouTube)

Il a était lycéen aux Etats-Unis avant de servir dans le corps américain des ingénieurs pendant la Seconde Guerre mondiale puis d’émigrer en Israël et de rejoindre le groupe paramilitaire Irgoun, qui l’a immédiatement dépêché en Afrique du nord pour aider les communautés juives désireuses d’émigrer en Israël. Il est revenu au sein de l’Etat juif en 1949 et il est rapidement devenu un membre déterminant du parti Herut, tout juste créé et dont le Likud est aujourd’hui le descendant.

Entre 1951 et 1957, il avait étudié le génie aéronautique au MIT et à Caltech aux Etats-Unis puis était revenu en Israël pour enseigner au Technion – l’Institut de technologie israélien, l’université technique la plus prestigieuse du pays. Il était devenu officiellement professeur au sein de l’école en 1961, à seulement 36 ans. En 1962, il a été nommé vice-président de l’AIA (Israel Aircraft Industries), un poste qu’il occupera jusqu’en 1971. Il aura aidé au projet majeur d’avion-chasseur israélien – le Kfir, ou « jeune lion » – ainsi qu’à la construction du premier avion cargo de l’Etat juif, l’Arava, qui fit son premier vol en 1969.

Les contributions d’Arens en tant qu’ingénieur et administrateur des industries israéliennes de défense, et particulièrement son rôle dans la mise en point du Kfir, lui avaient valu le prix israélien de la Défense en 1971, attribué chaque année par le président.

Il est entré à la Knesset pour la première fois sur la liste du parti Herut, dont le Likud est le descendant, en 1973, et y est resté 19 ans, jusqu’à son premier retrait de la vie politique en 1992. Il a fait son retour au parlement israélien de 1999 à 2003.

Arens avait refusé le poste de ministre de la Défense lorsqu’il lui avait été proposé en 1980, en raison de son opposition au traité de paix signé avec l’Egypte – il avait voté contre à la Knesset – et avait été alors désigné ambassadeur israélien aux Etats-Unis en 1982. En 1983, il était retourné en Israël pour finalement accepter le poste, succédant à Ariel Sharon, parti des suites des retombées de la guerre du Liban. En tant que ministre de la Défense, il avait supervisé la réorganisation des forces terrestres de l’armée au sein du Commandement du même nom et l’établissement du Commandement intérieur.

Le ministre de la Défense de l’époque Moshe Arens, à gauche, et le Premier ministre Yitzhak Shamir, au centre, visitent un site militaire en 1991 (Crédit : Moshe Einav/Archives de l’armée du ministère de la Défense)

Dans les années 1980, Arens avait été encore très impliqué dans le développement d’une autre génération de chasseur-bombardier, le Lavi, qui signifie « lionceau ». Développé par un Etat juif bien plus pauvre qu’il ne l’est aujourd’hui, dont les dépenses de développement ne s’élevaient qu’à 1,5 milliard de dollars, le programme avait été finalement abandonné en 1987 par une majorité de 12 voix contre 11 seulement au sein du cabinet israélien – après la construction de trois prototypes et après le premier vol concluant de l’appareil.

Arens était devenu un « ministre sans portefeuille » au sein du gouvernement d’unité nationale formé en 1984 avec le parti Travailliste.

En 1988, il est désigné ministre des Affaires étrangères mais revient au ministère de la Défense pendant deux ans. Il rejoindra de nouveau ce ministère en 1999 pour une courte période, nommé par Netanyahu.

Arens aura été un mentor essentiel du jeune et ambitieux Benjamin Netanyahu, l’emmenant à l’ambassade de Washington en 1982, appuyant ensuite sa candidature d’ambassadeur à l’ONU en 1984 puis au poste de vice-ministre au ministère des Affaires étrangères en 1988 – les premières missions significatives de service public de Netanyahu.

Voix de droite conséquente qui se sera vue attribuer le mérite d’avancées spectaculaires dans l’industrie aéronautique et les capacités militaires du pays, Arens était réputé pour être un homme de principes.

Il s’était opposé à un état palestinien en Cisjordanie et à Gaza, suggérant que les Palestiniens obtiennent la nationalité israélienne dans le cadre d’un état binational. Il s’était également opposé à la loi sur l’Etat-nation et avait prôné l’égalité entière et une meilleure intégration des minorités dans le pays. Il fut membre du conseil d’administration du Centre de Samarie à l’université d’Ariel, dans le nord de la Cisjordanie.

Après avoir quitté la politique, Arens s’était lancé dans la recherche et avait publié un livre sur le soulèvement du ghetto de Varsovie.

Son départ a été pleuré lundi par les leaders israéliens de tous horizons politiques.

Désignant Arens comme son « professeur et maître », Netanyahu déclarait dans un communiqué lundi que le défunt avait « fait des merveilles pour renforcer Israël, en tant qu’ambassadeur du pays à Washington, en tant que Premier ministre, en tant que président de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense à la Knesset, en tant que ministre de la Défense, à plusieurs occasions… Il y a quelques semaines, j’ai rendu visite à Misha chez lui. Il était lucide, comme toujours, un esprit aiguisé, merveilleux dans la splendeur et la noblesse de son âme, un exemple. Il n’y avait pas plus grand patriote. Misha, je t’ai aimé comme un fils aime un père ».

L’ancien chef d’Etat-major de l’armée Benny Gantz, dorénavant à la tête du mouvement Hossen LeYisrael, a qualifié Arens « d’homme de vérité, de patriote, de dirigeant national – une personnalité publique honorée et chérie par tous, répondant toujours à l’appel de son peuple et de son pays ».

La contribution d’Arens « à la puissance de l’armée à travers l’établissement du Commandement des forces terrestres a été l’une des composantes les plus importantes du développement des capacités opérationnelles de l’armée », ajoute Gantz.

Le président américain George H. Bush lors de sa rencontre avec le ministre israélien des Affaires étrangères Moshe Arens dans le bureau ovale de la Maison Blanche le lundi 13 mars 1989 à Washington. (AP Photo/Doug Mills)

Rivlin a salué Arens, « un homme d’honneur qui n’a jamais flanché lors du combat. Misha a été l’un des ministres de la Défense les plus importants de l’Etat d’Israël. Il n’était ni commandant ni général, mais c’était un homme de science, qui œuvrait jour et nuit pour la sécurité d’Israël et de ses citoyens. Misha incarnait la maturité, la détermination, et portait un amour sans faille pour son pays. »

Pour l’ancien chef du parti travailliste et actuel responsable de l’Agence juive, Isaac Herzog, Arens « était un leader exemplaire et fonctionnaire honnête et sincère, qui disait toujours ce qu’il pensait et qui a immensément contribué à la sécurité et à la position d’Israël dans les nations du monde. Nous nous respections même quand nous étions en désaccord ».

Arens s’est éteint chez lui à Savyon. Il laisse derrière lui son épouse, Muriel, quatre enfants et neuf petits-enfants.

Haviv Rettig Gur a contribué à cet article.

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