Des ministres ont des difficultés financières – Avihai Boaron
Affirmant que sa loi n'a pas pour but d'augmenter les salaires des responsables, l'élu Likud a toutefois insisté sur le fait que certains d'entre eux ont du mal à joindre les deux bouts

Les membres du cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu sont confrontés à des difficultés financières en raison de l’augmentation du coût de la vie et ils luttent pour subvenir aux besoins de leurs familles avec leurs salaires actuels, a affirmé la semaine dernière l’auteur d’un projet de loi controversé qui vise à réexaminer les barèmes de rémunération du gouvernement.
S’exprimant devant les caméras de la chaîne de la Knesset dans la journée de jeudi, le député du Likud Avihai Boaron a noté qu’un ministre du gouvernement lui avait confié qu’il avait « du mal à joindre les deux bouts » parce que « j’ai une famille avec beaucoup d’enfants », ajoutant qu’il avait eu « de bien meilleures offres à l’extérieur » du gouvernement.
Selon Boaron, le ministre a indiqué qu’il ne gagnait « que » 23 000 shekels par mois après impôts.
Les députés ont actuellement un salaire mensuel brut de 47 582 shekels tandis que les ministres du gouvernement bénéficient d’une rémunération de 58 274 shekels par mois. Ils paient un taux d’imposition de près de 50 % sur une partie de leurs revenus en raison de leurs tranches élevées de salaires.
Le salaire mensuel moyen en Israël est d’environ 12 379 shekels.
Dans un échange avec un journaliste de la chaîne d’information N12, via WhatsApp, Boaron a partagé sa propre fiche de paie, montrant que son salaire net s’élevait à 21 775 shekels – après déduction de plus de 27 000 shekels d’impôts, d’assurance-santé, de pension et autres frais.

La déclaration de Boaron a fait écho à celle de la ministre des Missions nationales et des Implantations, Orit Strouk, qui, dans une conversation dont le contenu avait été divulgué au mois de janvier 2024, avait également affirmé que certains ministres du gouvernement avaient des difficultés financières.
« Aucun ministre ne reçoit de gros salaires. Je connais des ministres qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts chaque mois, même s’ils travaillent très dur, jour et nuit – et il y en a même qui sont soutenus financièrement par leurs parents », avait écrit Strouk à l’époque.
Les plaintes de Boaron concernant les salaires semblent entrer en contradiction avec les récentes affirmations qui ont laissé entendre que son projet de loi sur les salaires n’était pas réellement destiné à augmenter la rémunération des ministres et des députés.
Dimanche dernier, la commission des Lois avait soutenu le projet de loi de Boaron, qui vise à réglementer et à égaliser les salaires entre les hauts responsables appartenant aux trois branches du gouvernement.
S’il est adopté, le projet de loi établira une commission publique de trois membres qui déterminera le salaire du président, à partir duquel les salaires de tous les autres fonctionnaires seront calculés de manière à « créer l’égalité entre les autorités gouvernementales ».
Le président, le Premier ministre et le président de la Cour suprême gagneraient tous des salaires équivalents. Le chef de l’opposition recevrait 94 % de ce salaire et les ministres du gouvernement et les députés recevraient respectivement 88 % et 76 % de ce dernier.
Actuellement, le président de la Cour suprême, Isaac Amit, perçoit un salaire mensuel brut de plus de 120 000 shekels, le président Isaac Herzog touche pour sa part 68 000 shekels et le Premier ministre Benjamin Netanyahu 59 000 shekels.

Alors que Boaron a déclaré que le projet de loi entraînerait, de fait, des réductions de salaire pour les personnes les mieux rémunérées, en particulier pour les juges. Les détracteurs de la législation, dont certains membres de la coalition, affirment qu’elle est destinée à augmenter les salaires des ministres et des législateurs.
Le projet de loi a suscité les critiques du président du Shas, Aryeh Deri, qui a écrit sur le réseau social X avant le vote que son parti « s’opposera à toute initiative visant à augmenter les salaires des députés et des ministres » en pleine guerre, et du ministre des Finances, Bezalel Smotrich, qui a indiqué que son soutien à la législation était conditionné au fait qu’il n’y aurait « pas d’augmentation de salaire ».
Une porte-parole du ministre de la Justice, Yariv Levin, a déclaré au Times of Israel que la commission n’avait approuvé le projet de loi qu’à la condition qu’il « n’augmente le salaire de personne », mais qu’il « entraînera une réduction du salaire des juges de la Cour suprême ».
Interrogé par la chaîne N12 sur son projet de loi, Boaron a déclaré que, malgré ses plaintes, « il est incontestable que, dans la situation actuelle, les salaires des élus ne devraient pas être augmentés. Nous gagnons un salaire assez respectable et c’est très bien ainsi. Ceux qui souhaitent gagner davantage dans le secteur privé peuvent choisir de s’y engager ».
Israël occupe la quatrième place sur la liste de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) où les prix comparables sont les plus élevés – ce qui, selon l’organisation, est lié à une combinaison de facteurs géographiques, de barrières commerciales et d’une réglementation stricte du marché des produits.
Le 1er janvier, les Israéliens ont également été frappés par une série d’augmentations d’impôts, de hausses de prix et d’augmentations des coûts des services publics qui ont affecté les prix de la plupart des transactions – y compris dans le secteur alimentaire, dans le secteur automobile et dans le secteur de l’immobilier neuf.
Les Israéliens ont vu leur salaire net diminuer encore, les sommes déduites des salaires en faveur de l’Institut national d’assurance augmentant de 1 000 à 2 000 shekels supplémentaires par an pour un ménage moyen.
Le budget 2025 de l’État, adopté au mois de mars, comprend des milliards de shekels de fonds de coalition, mais il n’est pas parvenu à réduire les dépenses de plusieurs ministères qui étaient jugées superflues par les responsables du Trésor.
Sharon Wrobel a contribué à cet article.