Ces photographes qui rendent compte des manifestations israéliennes au reste du monde
Depuis quatre ans, l'Escadron de la Photographie et des Drones de la démocratie israélienne documente bénévolement les rassemblements pour les médias locaux et étrangers
Au cours de l’année écoulée, des manifestations hebdomadaires ont secoué Israël, les citoyens protestant contre le plan largement controversé de refonte du système judiciaire présenté par le gouvernement en janvier 2023.
Beaucoup considèrent cette réforme, qui vise à renforcer radicalement la branche exécutive au détriment du système judiciaire, comme une menace pour la démocratie. Chaque samedi soir, au cours de la majeure partie de l’année dernière, des foules considérables sont descendues dans les rues du pays pour protester contre ce qu’elles considéraient comme une réforme anti-démocratique et appelaient à préserver la démocratie israélienne.
L’Escadron de la Photographie et des Drones de la démocratie israélienne (IDPDS), dont les plus de 300 photographes et vidéastes ont documenté chaque manifestation et distribué gratuitement les images aux médias et au public, a raconté l’histoire visuelle de chaque manifestation.
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Le groupe a été créé en 2020 par Yaïr Palti et Amir Goldstein lors de ce que l’on appelait les manifestations Balfour contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant les confinements du COVID-19 et les procès pour corruption en cours de Netanyahu.
À l’instar des manifestations de l’année dernière, les manifestations Balfour ont vu des foules d’Israéliens protester dans de nombreux endroits du pays, en se concentrant sur la résidence du Premier ministre à Jérusalem, connue sous le nom de « Balfour » parce qu’elle se trouve à l’angle de la rue Balfour.
« Le groupe est né d’une nécessité », a déclaré Palti, qui travaille dans la technologie et pratique la photographie comme passe-temps, au Times of Israel. « Je me suis rendu compte qu’aucun média n’aurait été en mesure de documenter une manifestation comme celle-là parce qu’elle était très dispersée et parce que les médias n’étaient pas vraiment en faveur des manifestations à l’époque. »
Palti a déclaré qu’il suivait la philosophie selon laquelle une manifestation non documentée n’a jamais eu lieu. « Une manifestation doit être vue et atteindre différents publics pour montrer aux gens ce qui se passe et inciter davantage de personnes à sortir et à participer », a-t-il expliqué.
Pour ce faire, Palti et Goldstein ont fait appel à un groupe de photographes amateurs et experts qui se sont rendus dans tout le pays pour documenter les manifestations.
Pendant le gouvernement Naftali Bennett-Yaïr Lapid, entre juin 2021 et novembre 2022, l’IDPDS a eu beaucoup moins de travail, mais avec le retour au pouvoir de Netanyahu et l’introduction de la refonte judiciaire de son gouvernement, elle « a pris un nouveau sens et une nouvelle vie », a déclaré Margo Sugarman, responsable du groupe de distribution des médias étrangers, au Times of Israel.
Sugarman est une consultante indépendante en marketing et en rédaction et, comme Palti, elle est photographe amateur. Elle a rejoint l’IDPDS parce qu’elle sentait qu’elle devait faire plus pour les manifestations en faveur de la démocratie que d’y assister.
« J’ai demandé autour de moi où je pouvais être utile et faire du bénévolat, et un ami m’a mise en contact avec le groupe », dit-elle. « J’ai commencé à faire du bénévolat et j’ai fini par prendre en charge le groupe international. »
En tant qu’ancienne journaliste, Sugarman a expliqué qu’une combinaison de son expérience professionnelle et de son hobby l’aide à sélectionner les photos et les vidéos, parmi les centaines qu’elle reçoit, à distribuer.
Lorsque les manifestations pro-démocratie contre la refonte du système judiciaire du gouvernement ont commencé, Palti a appelé les photographes affiliés et l’IDPDS s’est développé bien au-delà de ce qu’il était lors des manifestations de Balfour.
« Au début, notre matériel n’était utilisé que pour des articles de presse », a indiqué Palti, « mais aujourd’hui, des émissions comme ’60 Minutes’ [aux États-Unis] nous demandent de fournir des images pour des émissions télévisées spéciales, des recherches et des productions plus historiques ».
« Certains journalistes étrangers ne savent pas toujours ce qui se passe en Israël », a expliqué Sugarman. « Ce qui a évolué, c’est que nous fournissons également des informations de fond, des informations et des connexions » aux journalistes étrangers pour qu’ils aient une vue d’ensemble des événements qu’ils couvrent.
Lorsque la guerre à Gaza a été déclenchée par l’assaut barbare mené contre Israël, le 7 octobre, par le groupe terroriste palestinien du Hamas lorsque quelque 3 000 ont assassiné près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et enlevé 253 autres, les manifestations relatives à la refonte du système judiciaire ont cessé. Pour autant, les groupes de protestation sont restés actifs et se sont tournés vers le travail bénévole pour contribuer à l’effort de guerre.
« Nous avons élargi notre champ d’action », a expliqué Sugarman. « Nous avons ressenti le besoin de couvrir les familles des otages et le bénévolat des groupes de protestation. C’était une évolution naturelle que de commencer à les suivre et à distribuer des médias sur ce qu’ils faisaient. »
Les membres de l’IDPDS qui sont des experts en photographie par drone se sont également portés volontaires là où ils pouvaient être utiles, en formant les soldats de l’armée israélienne et les équipes d’intervention d’urgence des villes du sud sur la manière de faire fonctionner les drones et de les utiliser pour renforcer la sécurité.
L’escadron a également constaté que son travail l’aidait à « combattre la guerre de la hasbara [diplomatie publique] à notre manière », a déclaré Sugarman.
« Je me suis retrouvée à parler avec des journalistes de pays qui ne sont pas très amis avec Israël, et j’ai pu fournir des informations et répondre à des questions qui étaient biaisées d’une certaine manière et leur donner une certaine perspective », a-t-elle ajouté.
Alors que la guerre s’approche des cinq mois, les manifestations en faveur de la démocratie ont repris de la vigueur et Sugarman promet que l’IDPDS sera présent comme il l’a été l’an dernier.
« Il est important de montrer qu’Israël est une démocratie forte et que la majorité des citoyens veulent la démocratie et ne veulent pas se débarrasser du système judiciaire qui la maintient en place », a souligné Sugarman.
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