Des pièges et des tunnels: le ToI à Khan Younès après la récupération des corps de 2 otages
Les soldats progressent lentement dans la ville du sud de Gaza au lendemain de la récupération et du retour des dépouilles des otages Gadi Haggai et Judih Weinstein
Des images de Khan Younès pendant les opérations de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, le 5 juin 2025. (Crédit : Stav Levaton/Times of Israel)
KHAN YOUNÈS, bande de Gaza – Après avoir récupéré mercredi soir les dépouilles des otages Gadi Haggai et Judih Weinstein à Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, l’armée israélienne a poursuivi son avancée dans la ville, intensifiant les opérations pour atteindre son centre.
La guerre, qui entre dans son 20e mois, a laissé Khan Younès en ruines. La ville, presque méconnaissable, affiche désormais un visage de destruction. Les dernières opérations en profondeur de Tsahal à Khan Younès avec des troupes au sol datent du mois d’avril 2024.
L’ampleur des dégâts constitue un rappel brutal du bilan de l’offensive israélienne à Gaza, lancée en réponse à l’invasion brutale des terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, au cours de laquelle 1 200 personnes ont été tuées et 251 prises en otage.
Malgré les importantes destructions déjà causées dans la bande de Gaza, le chemin qui nous sépare d’un succès opérationnel complet est encore long, ont déclaré des responsables militaires aux journalistes lors d’une visite jeudi à Khan Younès
Identifié uniquement par son initiale pour des raisons de sécurité, le lieutenant-colonel Yud, commandant du bataillon Shimshon de la Brigade Kfir, a réaffirmé les principaux objectifs de la guerre : le retour des otages et le démantèlement du groupe terroriste du Hamas. Ce sont ces objectifs qui justifient la présence continue de Tsahal à Gaza, a-t-il rappelé.
« Il n’y a que ça qui nous intéresse », a-t-il conclu.

La brigade Kfir opère dans le sud de Khan Younès depuis trois semaines. Elle collabore étroitement avec l’armée de l’air israélienne, les ingénieurs de combat de l’unité d’élite Yahalom et d’autres forces. Leur mission : rejoindre le centre-ville et y établir un contrôle opérationnel.
Leur progression, toutefois, s’est avérée lente et épuisante. La ville est pleine d’infrastructures terroristes, notamment un vaste réseau de tunnels et des bâtiments truffés d’explosifs, ont fait savoir des responsables militaires. Il faut défricher méthodiquement le terrain avant chaque pas. Chaque avancée est une bataille, non seulement contre les hommes armés du Hamas, mais aussi contre le terrain lui-même.
Des responsables militaires ont évoqué le cas d’un immeuble résidentiel signalé par les soldats comme suspect ces derniers jours. L’entrée du bâtiment était dotée d’une caméra de surveillance et d’une porte verrouillée, avec des éléments révélant l’utilisation de tactiques de guérilla – comme un trou dans le mur, conçu pour permettre à un tireur de se servir de son arme depuis l’intérieur.
Après inspection, cet immeuble s’est avéré être piégé, et a donc été démoli par les soldats.

Les ruines présentent encore des traces d’activité terroriste. Dans les décombres d’une maison détruite, plusieurs roquettes inutilisées gisent en tas, sinistre monument à un arsenal caché mais toujours visible et à la menace constante pesant sur les localités israéliennes de l’autre côté de la frontière.
Malgré l’intensité des combats, le moral des soldats reste bon, a annoncé Yud.
« Nous pouvons apercevoir les kibboutz de l’autre côté de la frontière. Nous savons bien pourquoi nous sommes ici », a-t-il indiqué, faisant référence à des communautés voisines telles que Nir Yitzhak et Sufa, que certains habitants ont déjà réintégrées après en avoir été évacués à la suite de l’attaque des terroristes du Hamas, le 7 octobre.
Juste de l’autre côté de la frontière se trouve également le kibboutz Nir Oz, d’où Haggai et Weinstein avaient été enlevés ce matin fatidique.

D’après Yud, la récupération des dépouilles des otages la veille au soir, au cours de la 3e semaine d’opérations de son unité dans la bande de Gaza, avait permis « d’augmenter encore la motivation à poursuivre la lutte ».
Les déploiements prolongés à Gaza ne sont pas exempts de tensions. Les soldats restent généralement dans l’enclave palestinienne durant deux semaines, puis en sortent quatre jours. Si cette rotation leur offre un bref soulagement, les déploiements continuent de peser lourdement sur les soldats et leurs familles.

Dans la plupart des unités de l’armée permanente, notamment au sein du bataillon Shimshon, l’utilisation du téléphone est interdite pendant le service. Les communications sont limitées à un seul appel hebdomadaire, généralement le vendredi avant le Shabbat. Pour maintenir un semblant de connexion, certains commandants gèrent des groupes WhatsApp partagés avec les familles, transmettant des informations rares mais essentielles, qui sont de véritables bouées de sauvetage numériques pour ceux qui attendent anxieusement leurs proches à la maison.
On ignore combien de temps Tsahal devra encore rester à Gaza. Dimanche dernier, l’armée a fait part de son projet d’établir un contrôle sur 75 % du territoire d’ici deux mois. Cette décision révèle une intention de maintenir une présence à long terme, avec l’objectif de démanteler les capacités du Hamas.
« Je sais qu’il y an encore des otages. Je sais bien ce que [les terroristes du Hamas] ont fait le 7 octobre. C’est pour ces raisons que je ne suis pas en mesure de vous dire combien de temps nous resterons [à Gaza] », a ajouté Yud.
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