Des proches d’otages s’enchaînent à un pont lors d’une manifestation à Tel Aviv
Les manifestants ont peint des rubans jaunes le long du cortège et organisé des sit-in pour empêcher la police de les effacer ; La mère d'un otage a dit à Netanyahu qu'elle ne le laisserait pas abandonner son fils
Un groupe de manifestants emmené par des proches d’otages de Gaza a bloqué la route Namir, à Tel Aviv, ce vendredi, lors d’une manifestation appelant le gouvernement israélien à accepter un accord de cessez-le-feu assorti de la libération des otages.
Des militants ont investi la route Namir tôt dans la matinée de vendredi afin de se préparer à la manifestation, en peignant de grands rubans jaunes – le symbole du soutien aux otages – tout au long du parcours.
De pareils rubans ont été peints sur d’autres axes routiers clefs un peu partout dans le pays, notamment sur l’autoroute 2, où le mot « Abandonné » surmontait le ruban, et l’autoroute 4, où les mots « C’est de votre faute » ont été peints dans le même style que celui du logo du parti Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Au niveau du pont Hayarkon, sur la route Namir, à l’endroit de la plus importante manifestation, des proches d’otages se sont enchaînés les uns aux autres et au pont pour bloquer totalement la circulation.
Se trouvaient notamment dans cette manifestation Einav Zangauker, dont le fils Matan a été enlevé chez lui, dans le kibboutz Nir Oz, le 7 octobre.
Enchaînée et debout devant une banderole sur laquelle on pouvait lire « Abandonnés à la mort », Zangauker a été rejointe par sa fille, la sœur de Matan, Natalie, blessée il y a deux semaines par la police montée lors d’une manifestation du samedi soir à Tel Aviv.
« Nous ne laisserons pas le bourreau de la rue Azza abandonner Matan et les autres otages à la mort », a déclaré Zangauker aux manifestants en parlant de Netanyahu et de son adresse à Jérusalem.
« Fini de jouer, on arrête tout, monsieur le Premier ministre, regardez-nous dans les yeux – nous n’abandonnerons pas nos enfants. Nous nous battrons jusqu’à ce que tous soient rentrés », a-t-elle déclaré alors que la foule reprenait en chantant le slogan « Tous ! Maintenant ! »
Des feux ont été allumés sur la route fermée à la circulation, et les manifestants ont déclenché des fumigènes colorées devant des banderoles et des affiches accusant le gouvernement de négliger les otages, enlevés il y a de cela maintenant plus de 11 mois, lors du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre, dans le sud d’Israël.
Sur des images de la manifestation, on voit des policiers en train de pousser un groupe de manifestants très près de l’un de ces feux improvisés jusqu’à ce que d’autres manifestants n’interviennent, les forçant à reculer avant que leur grande banderole ne s’embrase.
En d’autres points du cortège, des dizaines de manifestants ont organisé un sit-in, refusant de bouger alors même que la police tentait de faire disparaitre avec de l’eau les rubans jaunes peints au sol.
Les slogans « Pas d’expiation pour l’échec et l’abandon ! » et « Pourquoi sont-ils encore à Gaza ? » se sont répandus dans la foule alors que les manifestants répondaient aux appels depuis leur point d’observation sur le terrain.
Les manifestations appelant à la libération d’otages et au cessez-le-feu ont redoublé ces deux dernières semaines, suite à l’exécution de six otages dans un tunnel à Rafah, fin août, quelques jours seulement avant que Tsahal ne les découvre et ne rapatrie leur dépouille.
Leur mort, à l’issue de 11 mois de captivité, et l’insistance de Netanyahu à conditionner la conclusion d’un accord au maintien d’Israël à l’intérieur du corridor de Philadelphie, le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte, ont donné lieu à des manifestations de très grande ampleur un peu partout en Israël, à commencer par une manifestation à Tel Aviv, le week-end dernier, ayant rassemblé selon la police près d’un demi-million de personnes, soit le plus important rassemblement de toute l’histoire du pays.
On estime à 97 le nombre des otages toujours à Gaza, sur les 251 enlevés par le Hamas le 7 octobre, dont les corps d’au moins 33 morts confirmés par Tsahal.
Le Hamas a libéré 105 civils à la faveur d’une trêve d’une semaine fin novembre, sans oublier quatre autres otages libérés un peu avant et huit otages vivants secourus par des soldats, ainsi que les corps de 37 otages, trois d’entre eux tués par erreur par l’armée alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés de leur plein gré dans la bande de Gaza, respectivement en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats israéliens tués en 2014.