Des rabbins européens exigent « plus de contrôle » gouvernemental des mosquées
Après la fusillade de Vienne, le président de la Conférence des rabbins européens dit que les leaders religieux musulmans doivent "affirmer leur loyauté aux lois en vigueur ici"
JTA — Les rabbins européens ont lancé un appel inhabituel en faveur de plus de « contrôle et de transparence » sur les activités des mosquées de tout le continent, suite à un attentat terroriste qui a fait quatre morts à Vienne.
« Il est important de savoir ce qui est prêché dans les mosquées et dans les autres lieux de culte, ici, de connaître l’origine des financements, de déterminer quelles influences étrangères font la promotion d’actions aussi épouvantables et de déterminer aussi la manière dont les réseaux sociaux servent à véhiculer ces idées », a déclaré le rabbin Pinchas Goldschmidt, président de la Conférence des rabbins européens, dans un communiqué émis mardi. Il a aussi évoqué son choc et sa tristesse face à « cet acte terroriste lâche ».
Cet appel est survenu alors que la police autrichienne recherche les éventuels complices d’un jeune homme de 20 ans qui, selon les autorités, aurait pris part à un attentat terroriste simultané dans six secteurs distincts de la capitale de Vienne, lundi soir. La police a abattu l’homme, qui possédait la double nationalité autrichienne et macédonienne du nord, qui aurait crié le nom d’Allah au moment d’ouvrir le feu. Il a été abattu sur un des lieux de l’attaque, qui a fait quatre morts et 22 blessés.
« Nous avons besoin de plus de contrôle et de plus de transparence. Les leaders religieux doivent être formés et certifiés ici, en Europe. Ils doivent affirmer leur loyauté aux lois en vigueur ici. Ils doivent s’attacher à la paix et à la tolérance », a-t-il continué.
Des informations initiales avaient établi qu’au moins une fusillade avait pris pour cible une synagogue, mais le département de la police de Vienne ainsi que le responsable de la communauté juive de la ville ont indiqué que rien n’indiquait clairement que cela avait été le cas.
Tout en s’opposant à ce qu’ils qualifient de terrorisme islamiste, les groupes juifs les plus importants appellent rarement à des interventions dans les lieux de culte, et s’expriment également rarement sur la manière dont, selon eux, les gouvernements européens doivent contrôler les religieux.
L’appel de Goldschmidt suit une recrudescence des violences en France, qui a compris une fusillade dans une église de Nice samedi et la décapitation en pleine rue, le mois dernier, d’un professeur d’histoire qui enseignait dans un collège de la banlieue de Paris et qui avait montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression.
Le 2 octobre, le président français Emmanuel Macron avait annoncé un nouveau plan de lutte contre ce qu’il avait qualifié de « séparatisme islamiste » qui comprend l’interdiction de la scolarisation à domicile et la fin des activités des écoles musulmanes clandestines et hors-contrat. Il a aussi annoncé de nouvelles restrictions sur les financements étrangers.
Macron a entraîné des critiques et des condamnations féroces de la part de pays à majorité musulmane, comme la Turquie.
Mais la Conférence des rabbins européens a estimé, pour sa part, que le plan de Macron n’allait « pas encore assez loin », a fait savoir un porte-parole du groupe à la JTA mardi.
Dans son communiqué émis après l’attaque de Vienne, la conférence a vivement recommandé au président français et aux autres de stipuler que les responsables religieux devaient être formés et certifiés en Europe et qu’ils devaient être « contrôlés ». Elle n’a pas précisé ce qu’elle entendait précisément en invoquant un contrôle.
« Nos propositions sont un complément dans la lutte efficace contre le terrorisme. Avec ces dernières, nous voulons entrer dans les détails et nous attaquer aux causes », a déclaré le porte-parole.