Des rescapés de la Shoah ayant des proches en otage à Gaza témoignent à la Knesset
"Je n'aurais jamais pensé revivre la Shoah", a déclaré la grand-mère de Yotam Haim lors d'une conférence organisée à l'occasion de la Journée internationale pour la mémoire des victimes de la Shoah
Bella Haim, rescapée de la Shoah et grand-mère de Yotam Haim – qui a été retenu en otage puis tué à Gaza – a déclaré jeudi aux députés de la Knesset et ministres vivre une seconde Shoah avec les atrocités de la guerre entre Israël et le Hamas.
Haim a parlé d’elle et de son petit-fils lors d’une conférence organisée par la Knesset à l’occasion de la Journée internationale pour la mémoire des victimes de la Shoah.
Yotam faisait partie des 253 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023, date à laquelle des milliers de terroristes ont envahi le sud d’Israël et tué près de 1 200 personnes.
Il a été tué le 15 décembre dernier en même temps que deux autres otages, à Shejaiya, dans le nord de Gaza. Les trois hommes, qui tentaient de s’échapper, ont été pris pour des terroristes par les soldats de Tsahal et abattus.
« Je suis née en 1938 en Pologne », a confié Haim aux députés de la Knesset et ministres présents. « Je n’aurais jamais pensé revivre la Shoah. J’ai choisi de vivre et je me suis battue… Aujourd’hui, j’ai cinq petits-enfants et deux arrière-petits-enfants. Je pensais avoir trouvé la paix et être heureuse. »
Le matin du 7 octobre, Yotam a envoyé un message vocal à sa grand-mère depuis sa maison de Kfar Aza : « Je suis un peu inquiet, il y a des terroristes dans le kibboutz, mais je fais attention et tu devrais en faire autant. » Ce message, qu’elle a fait écouter lors de la réunion, est le tout dernier que Haim ait reçu de son petit-fils avant son enlèvement.
« Je suis une rescapée de la Shoah », a-t-elle déclaré, « et je n’arrive pas à croire que la Shoah se soit à nouveau produite. »
D’autres rescapés de la Shoah dont des proches sont otages du Hamas, ou qui vivent dans la zone frontalière de Gaza, ont pris part à la réunion de mardi, organisée par la Commission spéciale de la Knesset pour les rescapés de la Shoah. Tous ont fait passer un message d’unité et appelé à la libération des otages.
« C’est une seconde Shoah », a déclaré la rescapée Tsili Wenkert, dont le petit-fils Omer Wenkert a été pris en otage par le Hamas lors de la rave du désert Supernova, le 7 octobre dernier. « Combien de temps est-il possible de tenir dans une situation pareille ? Mon Omer est en grand danger. »
Omer souffre de colite et peut avoir des crises graves, ont déclaré ses parents dans une vidéo publiée sur le site Internet créé à son sujet.
« Il a besoin de médicaments », a dit Wenkert à propos de son petit-fils. « Je suis sûre qu’ils ne lui donnent pas ce dont il a besoin. »
Menachem Haberman, rescapé de la Shoah âgé lui de 96 ans, a parlé du temps passé dans un camp d’extermination nazi, où il a parfois vu 8 000 personnes envoyées à la mort en l’espace d’une seule journée. « J’ai vu des gens arriver, avec ou sans kippa, avec ou sans barbe. Ils ont tous été assassinés de la même manière. »
« Il n’y a qu’une seule façon de triompher des assassins », a déclaré Haberman, en parlant à la fois des nazis et du Hamas. « C’est d’être unis, unis, unis. »
Hadassah Lazar, sœur de l’otage le plus âgé du Hamas, Shlomo Mansour, âgé de 86 ans et lui-même rescapé des émeutes de Farhoud en Irak, a raconté au comité les violences subies par son frère de la part de ses voisins arabes.
« Shlomo est né en Irak et a vécu la Shoah de Farhoud. Les Arabes ont assassiné, violé, abusé de bébés, kidnappé, décapité, pillé et incendié des magasins marqués à la peinture rouge », a-t-elle déclaré. « C’était la Nuit de Cristal des Juifs d’Irak. Et le monde s’est tu. »
« Shlomo a vu des choses qui l’ont marqué à vie », a poursuivi Lazar. « Jamais nous n’aurions pensé que de telles choses se reproduiraient dans notre pays… Shlomo, dans le grand âge, est en train de vivre un autre Holocauste.
La députée Merav Cohen (Yesh Atid), qui dirige le comité, a déclaré au groupe : « C’est précisément lorsque je parle avec des rescapés de la Shoah que je suis optimiste… c’est l’espoir et l’amour pour l’État d’Israël. »
« Ceux qui sont venus en Israël ne voulaient pas juste survivre physiquement, mais aussi bâtir une société fondée sur certains principes… Dans ces moments-là, nous voyons à quel point la solidarité et le sens de la communauté sont au cœur de cette société israélienne, pour obtenir le retour des otages qui vivent en ce moment leur propre Shoah. »