Des responsables américains se réjouissent de la mort du chef militaire du Hezbollah
En même temps, Washington tient à rappeler que sa politique est d'empêcher une guerre totale qui opposerait Israël au groupe terroriste libanais
Les autorités américaines ont fait part, samedi, de leur approbation suite à la mort d’Ibrahim Aqil, un haut commandant du Hezbollah qui avait été le responsable d’un attentat à la bombe qui avait coûté la vie à 241 Américains à Beyrouth en 1983. Le chef militaire du groupe terroriste a été tué lors d’une frappe israélienne sur la capitale libanaise vendredi.
Aqil, qui était le chef des opérations du Hezbollah, a été tué lors de cette frappe alors qu’il se trouvait en compagnie de commandants des forces Radwan d’élite de l’organisation – qui ont eux aussi perdu la vie. Les hommes s’étaient réunis dans le sous-sol d’un immeuble résidentiel de Beyrouth. Les responsables libanais ont déclaré que 37 personnes, dont trois enfants et plusieurs femmes, sont mortes dans cette attaque.
Le conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, a qualifié la mort d’Aqil de « bon dénouement », ajoutant qu’il prévoyait de s’entretenir avec des officiels israéliens dans la journée de samedi au sujet de l’opération.
« Cet individu avait du sang américain sur les mains et sa tête était mise à prix par la justice », a déclaré Sullivan devant les journalistes, en marge du sommet quadripartite qui était organisé par le président américain Joe Biden à Wilmington, dans l’État du Delaware. « Les États-Unis avaient promis, il y a longtemps, qu’ils feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour qu’il soit traduit en justice ».
Sullivan a ajouté que ce moment était également très important pour les victimes américaines. « Vous savez, 1983 semble être une date très lointaine », a-t-il déclaré. « Mais pour beaucoup de familles et de gens, c’est encore une réalité quotidienne ».
Néanmoins, Sullivan s’est dit toujours inquiet d’une éventuelle escalade entre Israël et le Hezbollah.
Selon un communiqué du Pentagone, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin s’est entretenu vendredi avec le ministre de la Défense Yoav Gallant.
Austin a « réitéré son inquiétude » face à l’escalade des tensions entre Israël et le Hezbollah, indique le communiqué, et a souligné la conviction des États-Unis dans « l’importance de parvenir à une résolution diplomatique qui permette aux habitants des deux côtés de la frontière de rentrer chez eux en toute sécurité ».
Il a déclaré à Gallant que les États-Unis continuaient de faire pression pour un accord de libération d’otages et de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, et a réaffirmé l’engagement des États-Unis envers la sécurité d’Israël, ajoute le communiqué.
L’homme chargé du Moyen-Orient à la Maison Blanche, Brett McGurk, a pour sa part déclaré que l’administration Biden ne pleurait pas l’assassinat d’Aqil – mais il a indiqué que les États-Unis pouvaient être toutefois en désaccord avec l’initiative prise par l’armée de tuer le responsable, dans la mesure où elle comportait un risque certain d’escalade régionale.
« Ibrahim Aqil, qui a été tué aujourd’hui, avait été le responsable de l’attentat à la bombe commis contre l’ambassade de Beyrouth il y a 40 ans. Personne ne versera donc une larme pour lui », a affirmé vendredi McGurk alors qu’il prononçait un discours lors de la conférence du Conseil Israélo-américain, à Washington.
« Cela dit, nous avons des différends avec les Israéliens en ce qui concerne les tactiques et la manière de mesurer le risque d’escalade. La situation est très inquiétante. Je suis pour ma part convaincu que la diplomatie, la dissuasion et d’autres moyens nous permettront de nous extraire de cette situation », a-t-il ajouté.
« Nous ne pensons pas qu’une guerre au Liban soit le moyen d’atteindre l’objectif qui est poursuivi – à savoir le retour des personnes qui ont été déplacées dans leurs foyers. Nous soutenons aussi pleinement Israël dans la défense de son peuple et de son territoire contre le Hezbollah », a continué McGurk. « Nous voulons un règlement diplomatique pour le nord. C’est notre objectif et c’est ce à quoi nous travaillons ».
WH coordinator for the ME at the @israeliamerican conference on Lebanon:
“We do not think a war in Lebanon is the way to achieve the objective, to return people to their homes. We also fully stand with Israel in their defense of their people and their territory against Hezbollah.… pic.twitter.com/COtwEXTNkq— יונה לייבזון yuna leibzon (@YunaLeibzon) September 20, 2024
De son côté, le sénateur républicain Tom Cotton a réagi sur X à la mort d’Aqil, déclarant qu’il « était un cerveau terroriste pervers qui a aidé à assassiner des centaines d’Américains. Au nom des familles des Marines tués dans les attentats de Beyrouth – et au nom de tous les Américains – je suis reconnaissant de voir que la justice a enfin été rendue ».
Ibrahim Aqil was a vicious terrorist mastermind who helped murder hundreds of Americans. On behalf of the families of the Marines killed in the Beirut bombings—and on behalf of all Americans—I’m grateful justice has finally been served to this killer.
— Tom Cotton (@SenTomCotton) September 20, 2024
La Maison-Blanche et le département d’État avaient par ailleurs largement évité de commenter l’explosion d’appareils de communication utilisés par les membres du Hezbollah lors de deux opérations qui avaient eu lieu mardi et mercredi, entraînant la mort d’au moins 37 personnes et faisant des milliers de blessés, des civils y compris – une attaque de la part des services de renseignement israéliens qui est considérée par les analystes comme hautement sophistiquée. Les responsables américains ont indiqué qu’ils n’avaient pas été prévenus de cette opération au préalable et Israël n’a ni confirmé, ni démenti avoir été à son origine.
Il n’y a eu aucun contact officiel entre les États-Unis et le Premier ministre Benjamin Netanyahu depuis qu’un haut-responsable de la Maison Blanche, Amos Hochstein, s’est rendu en Israël, lundi dernier, pour mettre en garde contre une possible escalade.
Les négociations sur le cessez-le-feu à Gaza en sont à un point délicat – à un niveau tel que le secrétaire d’État Antony Blinken n’est allé qu’en Égypte à l’occasion d’un voyage qu’il a effectué dans la région, cette semaine. Il a craint que se rendre en Israël en signe de soutien à un accord puisse inciter Netanyahu à tenir des propos susceptibles de compromettre les efforts de négociations qui se déroulent sous les auspices des États-Unis, ont déclaré des responsables américains.
Alors qu’il lui était demandé si Washington gardait encore l’espoir de finaliser un accord à Gaza – accord que l’administration considère comme déterminant pour apaiser le conflit régional – le président américain Joe Biden a déclaré vendredi qu’il restait optimiste et que son équipe exerçait des pressions en faveur d’un accord.
« Si je disais que ce n’est pas réaliste, alors autant partir », a dit Biden qui s’exprimait devant les journalistes. « Beaucoup de choses ne semblent pas réalistes tant qu’elles ne sont pas réalisées. Nous devons continuer à travailler ».