Des responsables du Likud veulent écarter Netanyahu s’il n’obtient pas la majorité
Le plan prévoit de ménager l'ancien Premier ministre, lui laissant le contrôle du parti mais l'excluant du gouvernement afin de former une coalition avec HaMahane HaMamlahti
Shalom Yerushalmi est analyste politique pour Zman Israël, le site en hébreu du Times of Israël sur l'actualité israélienne.
Les principaux membres du Likud sont en train de manigancer pour écarter le chef du parti Benjamin Netanyahu si son bloc n’obtenait pas la majorité aux prochaines élections. Le seul moyen, d’après eux, d’éviter un sixième tour d’élections en moins de quatre ans.
De hauts responsables ont déclaré au site en hébreu du Times of Israel, Zman Yisrael, que Netanyahu se verrait offrir le contrôle presque total du parti mais sans faire partie du gouvernement. Cela permettrait au Likud de former un gouvernement de coalition de centre-droite avec les partis qui refusent actuellement de collaborer avec l’ancien Premier ministre.
Malgré la campagne électorale dynamique de Netanyahu, au cours de laquelle il a rencontré des militants dans tout le pays, organisé des événements et diffusé des vidéos virales, la plupart des derniers sondages prévoient toujours une impasse politique pour le scrutin de novembre. Cette situation a convaincu les responsables du Likud de se préparer à un scénario dans lequel le bloc de Netanyahu n’obtiendrait pas la majorité de 61 sièges nécessaire pour former un gouvernement.
Selon ce plan, élaboré à l’insu de Netanyahu, ce dernier resterait à la tête du Likud et siégerait à la prochaine Knesset, mais ne ferait pas partie du gouvernement d’union qui serait formé avec le parti HaMahane HaMamlahti de Benny Gantz et Gideon Saar, les partis ultra-orthodoxes et d’autres partenaires potentiels.
Dans ce scénario, Netanyahu choisirait un membre du Likud qui occuperait le poste de Premier ministre selon une rotation convenue avec Gantz.
Un tel gouvernement comprendrait 10 à 12 ministres nommés par le Likud, qui démissionneraient par la suite en vertu de la loi norvégienne et seraient remplacés par d’autres membres de la liste du Likud, renforçant ainsi l’influence du parti à la Knesset et au gouvernement.
« C’est la meilleure solution », a déclaré à Zman Yisrael un membre senior du Likud qui soutient l’initiative, sous couvert d’anonymat.
« Personne ne veut de sixièmes élections. Netanyahu ne veut pas être vu comme responsable d’un autre cycle d’élections. Et Yair Lapid resterait Premier ministre jusque-là. D’un autre côté, [Netanyahu] ne veut pas rentrer chez lui. Nous allons trouver un accord qui permettra à Netanyahu de rester à la tête de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset », a déclaré le responsable.
« Netanyahu restera également à la tête du Likud et pourra choisir les ministres comme s’il avait gagné les élections. Il pourra poursuivre son procès en cours. Ça ne nous regarde pas ».
Netanyahu a déjà rejeté des propositions similaires dans le passé, et il n’est pas certain qu’il accepte celle-ci. Il a aussi récemment juré qu’il continuerait à diriger le bloc de droite même s’il ne parviendrait pas à former un gouvernement.
Le responsable a reconnu qu’il pourrait être difficile de convaincre les autres membres du Likud d’accepter un scénario dans lequel l’un de leurs rivaux serait nommé Premier ministre.
« Le seul point de friction sera l’identité du Premier ministre suppléant. Yariv Levin pourrait être un candidat acceptable parce qu’il a remporté les primaires du parti, mais je ne suis pas sûr que des hauts responsables comme Nir Barkat ou Israël Katz l’accepteront, même s’il ne s’agit que de fonctions temporaires », a-t-il ajouté.
Le responsable a déclaré qu’ils espéraient qu’un tel accord apaiserait Netanyahu et Gantz, qui avait juré de ne plus jamais siéger avec Netanyahu après avoir été privé de son tour de Premier ministre lors d’une précédente coalition entre les partis.
« Netanyahu supervisera le travail des ministres de l’extérieur », a conclu le représentant, « tout comme l’avait fait Aryeh Deri (de Shas) lorsqu’on lui avait refusé le poste de ministre ».
« La question est de savoir si Gantz et ses amis accepteront de suivre le mouvement et ne craindront pas de se faire à nouveau piéger par Netanyahu. À mon avis, c’est bien possible. Le fait que Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir ne feront pas nécessairement partie de ce gouvernement pourrait les persuader », a déclaré le responsable en faisant référence au parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit.
Cette initiative a déjà suscité l’opposition de certains membres du Likud. Les associés de Barkat ont demandé la tenue de primaires pour la direction du Likud au cas où Netanyahu n’atteindrait pas 61 sièges.
Un associé politique anonyme de Barkat a déclaré à Zman Yisrael en début de semaine que « la direction du Likud n’est pas intéressée par des sixièmes élections. Cela n’arrivera pas. Si Netanyahu n’obtient pas la majorité, nous exigerons de nouvelles primaires. Ce n’est pas une monarchie dans laquelle il passe le relais à son héritier. Au cours de telles primaires, Barkat battra tout le monde avec une marge énorme. »
Interrogé sur ce qui se passerait si Netanyahu se présentait à ces primaires et gagnait, le responsable a répondu que « Netanyahu ne se présentera pas à un autre tour des primaires du Likud s’il échoue [à former un gouvernement] ».
Un représentant du Likud a déclaré jeudi à Zman Yisrael que Levin (Likud), Zeev Elkin (HaMahane HaMamlahti) et Yitzhak Pindrus (Yahadout HaTorah) s’étaient rencontrés récemment pour discuter de l’initiative et des différents scénarios possibles.
Les trois législateurs ont nié avoir tenu une telle réunion.