Des sarcophages introduits clandestinement en Israël rentrent en Egypte
Durant 4 ans, l’Autorité des antiquités a gardé des artefacts volés pendant le profond gel des relations bilatérales ; elle prévoit désormais de les rendre alors qu’un nouvel ambassadeur a été instauré à Tel-Aviv
Ilan Ben Zion est journaliste au Times of Israel. Il est titulaire d'une maîtrise en diplomatie de l'Université de Tel Aviv et d'une licence de l'Université de Toronto en études du Proche-Orient et en études juives
Alors que les liens entre Le Caire et Jérusalem se réchauffent, deux rares et anciens couvercles de sarcophages égyptiens – pillés en Egypte après la révolution de 2011, introduits en contrebande en Israël et détenus par les autorités israéliennes depuis quatre ans – seront enfin rapatriés dimanche.
Les responsables israéliens et égyptiens ont confirmé au Times of Israel que les deux objets, des couvercles en bois de sarcophages anthropoïdes datant de l’âge du bronze, seront remis au nouvel ambassadeur égyptien en Israël, Hazem Khairat, lors d’une cérémonie au ministère des Affaires étrangères, dimanche.
Les artefacts ont été trouvés par les agents de prévention du vol de l’Autorité des antiquités israéliennes dans le magasin d’un concessionnaire, dans la vieille ville de Jérusalem, en mars 2012.
En dépit de multiples demandes faites par le gouvernement égyptien, ils sont restés dans le stock à température contrôlée de Jérusalem depuis leur récupération.
Israël aurait accepté de retourner les sarcophages en Egypte en août 2012, plusieurs mois après qu’ils avaient été confisqués, mais une rupture dans les relations bilatérales a provoqué la mise en attente du transfert.
Khairat est arrivé en Israël en février, pour occuper un poste demeuré vide depuis 2012, lorsque l’Egypte a rappelé son ambassadeur à la suite de l’opération Novembre d’Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza.
Depuis lors, les relations entre les deux pays ont été plongées dans un gel profond lorsque l’Egypte a élu un président des Frères musulmans, Mohammed Morsi, puis ont lentement ressuscité après la prise de pouvoir d’Abdel-Fattah el-Sissi, un an plus tard.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Emmanuel Nahshon, a déclaré qu’Israël voulait retourner les deux objets, mais qu’une telle procédure était impossible car l’Egypte n’avait pas d’ambassadeur à Tel Aviv.
La cérémonie de rapatriement de dimanche est un « geste de bonne volonté et d’amitié » envers le Caire, et qui mérite d’être présenté publiquement entre deux Etats ayant des liens formels, a-t-il dit.
Les sarcophages en bois sont recouverts de plâtre et décorés avec des hiéroglyphes et des illustrations brillantes.
La datation au carbone 14 a déterminé que l’un des sarcophages était âgé de 3 600 à 3 400 ans, datant de la fin de l’Âge de bronze, la 18e dynastie, et que le second était âgé d’environ 3 000 ans, c’est-à-dire l’Âge du fer.
L’Autorité des antiquités a déclaré dans un communiqué, après leur confiscation, que les sarcophages avaient été coupés en deux afin d’être intégrés dans des valises, causant « des dommages irréparables ».