Des scrutins qui ébranlent les démocraties
Des Philippines aux Etats-Unis en passant par la Grande-Bretagne ou l'Italie, le jeu politique traditionnel des démocraties s'est vu ébranlé
M5S et la Ligue en Italie
Après près de trois mois de tractations à l’issue des législatives de mars 2018 en Italie, le premier gouvernement d’alliance entre un jeune mouvement populiste, le Mouvement 5 étoiles (M5S, anti-système, 32 % des voix) et un parti d’extrême droite (la Ligue, 17 %), prête serment le 2 juin 2018.
Giuseppe Conte, un juriste novice en politique, est président du Conseil tandis que le ministère de l’Intérieur est attribué à Matteo Salvini, chef de la Ligue, parti anti-immigration. Ce dernier qui a pris un énorme ascendant au sein de la coalition, a notamment bloqué les ports italiens aux migrants. Le gouvernement a présenté en octobre un budget rejeté par la Commission européenne.
L’extrême droite en Autriche
L’Autriche est gouvernée depuis décembre 2017 par une coalition formée des conservateurs (ÖVP) et du parti d’extrême droite FPÖ, arrivé troisième aux législatives d’octobre avec 26 % des voix.
Le chef du FPÖ Heinz-Christian Strache est vice-chancelier. Le FPÖ, qui avait déjà intégré le gouvernement dans les années 2000, totalise six ministres, dont trois régaliens (Défense, Affaires étrangères, Intérieur).
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Le séisme Trump
Le 9 novembre 2016, Donald Trump bat la démocrate Hillary Clinton.
Sans expérience politique, le milliardaire républicain a promis de « rendre à l’Amérique sa grandeur », jouant sur les peurs des Américains blancs laissés-pour-compte de la mondialisation (immigration, réfugiés, libre-échange…). Durant la campagne, il a insulté les femmes, les musulmans, les Hispaniques et s’est aliéné les Noirs.
Depuis son entrée en fonction, il a multiplié les tweets provocateurs ou des décisions controversées comme la sortie des accords contre le réchauffement climatique.
Le Brexit
Lors du référendum du 23 juin 2016 les Britanniques choisissent à 52 % de quitter l’Union européenne, après une campagne axée sur l’immigration et l’économie.
L’onde de choc du Brexit entraîne le départ du Premier ministre conservateur David Cameron, initiateur du référendum et tiède défenseur du « remain » (rester), et provoque une grave crise au sein du Parti travailliste.
L’autorité de l’actuelle Première ministre Theresa May est contestée au sein même de son parti conservateur, divisé entre partisans d’une coupure radicale et ceux d’une sortie en douceur de l’UE.
Duterte aux Philippines
Réputé pour ses déclarations grossières et à l’emporte-pièce, l’avocat de 71 ans Rodrigo Duterte est élu le 9 mai 2016 après une campagne populiste et sécuritaire.
Une fois élu, il mène une politique meurtrière pour éradiquer le trafic de drogue. La police affirme avoir tué plus de 4 400 trafiquants et toxicomanes présumés depuis 2016. Les ONG disent que le chiffre est trois fois plus élevé, évoquant un possible crime contre l’Humanité.
M. Duterte s’est aussi démarqué par des propos fracassants, qualifiant de « fils de pute » le Pape comme l’ancien président américain Barack Obama, ou se comparant à Hitler, avant de s’excuser.
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Hongrie et Pologne
En Hongrie, le Premier ministre souverainiste Viktor Orban, président du Fidesz (conservateur), au pouvoir depuis 2010, a amplifié ces dernières années sa campagne aux accents xénophobes contre l’immigration extra-européenne, érigeant à l’été 2015 des clôtures aux frontières avec la Serbie et la Croatie.
Le 12 septembre le Parlement européen a dénoncé une menace « systémique » pesant sur les valeurs de l’UE en Hongrie, au sein des universités, contre les minorités, contre les migrants, mais aussi en matière de corruption et d’indépendance de la justice. Il a activé une rare procédure pouvant à terme conduire à des sanctions.
En Pologne, le parti conservateur et eurosceptique Droit et Justice (PiS) est revenu au pouvoir fin 2015. Son chef Jaroslaw Kaczynski a mis en garde contre les « parasites » des réfugiés.
Le Commission européenne, qui reproche aux conservateurs polonais de vouloir mettre la justice au pas, a saisi la Cour de justice européenne. Celle-ci a suspendu le 19 octobre une réforme gouvernementale qui aboutissait au départ forcé de juges de la Cour suprême.