Discrimination/ségrégation sexuelle : Plaintes déposées contre des compagnies de bus
Des plaintes ont été déposées contre Egged, Electra-Afikim et Nateev Express suite à des faits de harcèlement ou discrimination des chauffeurs envers des passagères
Plusieurs filles et jeunes femmes ont intenté des poursuites contre des sociétés d’autobus pour discrimination.
Selon la branche de Haïfa du site d’information Ynet, une jeune fille de 14 ans a porté plainte contre l’opérateur semi-privé Egged, auquel elle réclame 271 500 shekels après avoir été harcelée et discriminée au moment de monter à bord d’un bus en raison de sa tenue vestimentaire.
Selon les termes de la plainte déposée devant le tribunal de première instance de Haïfa, l’adolescente est montée à bord d’un bus 76 à Haïfa, vêtue d’un short et d’un bustier passé par-dessus un maillot de bain. Le chauffeur lui aurait demandé : « Pourriez-vous porter une autre tenue », avant de lui dire que si un inspecteur passait, elle pourrait être condamnée à une amende en raison de sa tenue vestimentaire.
« J’ai eu honte… tous les passagers me regardaient, c’était très embarrassant, je ne savais pas quoi faire », a déclaré l’adolescente à la Douzième chaine dimanche. « Depuis, je ne prends quasiment plus le bus, je ne veux pas que l’on me fasse de remarques. Si je dois prendre le bus, j’utilise les portes arrière. »
Dans un communiqué, Egged a fait savoir qu’il avait immédiatement diligenté une enquête et que la plainte « serait traitée par la justice ».
Ce procès fait suite à plusieurs incidents du même ordre, ces dernières semaines, qui ont défrayé la chronique. A chaque fois, femmes et jeunes filles ont été invitées à prendre place à l’arrière du bus ou à se couvrir lorsqu’on ne leur a pas tout bonnement refusé l’accès à bord pour ménager la sensibilité des passagers religieux de sexe masculin.
De tels incidents ne sont pas rares, mais ils suscitent un fort mécontentement depuis quelques semaines, nombreuses étant les voix qui les lient à l’actuel gouvernement religieux de droite. Des événements de cette nature se produisent depuis des années, sans toujours faire les gros titres.
La plainte déposée par la famille de l’adolescente de 14 ans de Haïfa fait suite à deux autres plaintes de cet ordre, ces dernières semaines. Selon la Douzième chaine, Hila Peleg, une jeune femme de 21 ans d’Ashdod, poursuit elle aussi la compagnie de bus Electra-Afikim après s’être vu refuser de monter à bord du bus 85, le chauffeur lui ayant dit que le bus était réservé aux hommes.
Par ailleurs, les proches d’un groupe de jeunes adolescentes à qui on a dit de s’asseoir à l’arrière d’un bus 885 reliant Ashdod à Safed et de se couvrir ont également décidé de porter plainte contre la compagnie de bus Nateev Express.
Nateev Express a réagi en publiant une déclaration disant que la société « prenait cette question très au sérieux et condamnait toute forme d’exclusion au sein de l’espace public ». La société a fait savoir que le conducteur en question, employé par l’un de ses sous-traitants, « avait agi contrairement aux instructions pourtant claires de l’entreprise, du ministère des Transports et de la loi ».
Elle a ajouté que le chauffeur avait été suspendu et que la société avait présenté ses excuses aux jeunes femmes et demandé à ses sous-traitants « de rappeler la loi et les instructions du ministère des Transports qui proscrivent de tels comportements à leurs chauffeurs ».
La semaine dernière, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a publiquement condamné ces incidents. Dans une déclaration laconique, Netanyahu a demandé à ce que toute personne se livrant à une discrimination des passagers des transports publics soit punie.
« L’État d’Israël est un pays libre : personne ne peut entraver la liberté d’autrui à utiliser les transports publics, personne ne peut imposer à autrui l’endroit où il – ou elle – doit s’asseoir », a-t-il déclaré. « Ceux qui le font enfreignent la loi et doivent être punis. »
La ministre des Transports Miri Regev, membre du Likud de Netanyahu, s’est engagée à ne pas tolérer de tels faits, affirmant que toute discrimination envers les femmes serait traitée « avec sévérité ».
Par ailleurs, dimanche, des extrémistes haredim ont mis le feu aux pneus de quatre autobus dans une rue de Jérusalem, en signe de protestation contre la présence de photos publicitaires, représentant des femmes, placardées sur les autobus. Les membres extrémistes de la communauté ultra-orthodoxe qui s’en prennent à des images de femmes dans les lieux publics sont un autre phénomène courant de ces dernières années.