Des survivants israéliens de la Shoah donnent la parole aux victimes à la cérémonie de l’ONU
Marta Wise et Haim Roet vont partager les témoignages personnels mercredi à New York pour la journée international du souvenir de l’Holocauste
En 1927, l’homme d’affaires juif hollandais Isaac Roet a mis en place une vision de promotion de la paix dans le monde en utilisant son impressionnant héritage financier.
Pour encourager les économistes à concevoir des projets pour une meilleure distribution des ressources mondiales, Roet a assigné dans son testament un cinquième de ses avoirs pour une dotation basée dans son université, l’université d’Amsterdam.
Un prix de 5 000 euros est encore remis en son nom aujourd’hui.
L’idéalisme philanthrope de Roet ne l’a cependant pas sauvé des nazis. Il est mort à Auschwitz en 1944, avec sa femme et d’autres membres innombrables de sa famille.
A présent, 70 ans après la chute d’Hitler, Haim Roet s’exprimera cette semaine devant les Nations Unies à New York.
Pendant son bref discours, Roet se concentrera sur sa propre histoire de survie passionnante et sur sa répétition personnelle de l’héritage altruiste de son oncle Isaac.
A la cérémonie de mercredi aux Nations unies pour la journée internationale de commémoration des victimes de l’Holocauste, deux survivants juifs de l’Holocauste, venus d’Israël, Roet et Marta Wise, témoigneront aux côtés de Zoni Weisz, un survivant Sinté [un des groupes tziganes].
Pour ouvrir la session, Barbara Winton diffusera une vidéo en hommage à son père, Sir Nicholas Winton, qui a sauvé 669 enfants de l’Holocauste pendant le transport d’enfants tchèques.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, l’ambassadeur israélien à l’ONU Danny Danon et d’autres dignitaires devraient également s’exprimer.
Avant la cérémonie, les Israéliens Roet et Wize ont déclaré au Times of Israel cette semaine qu’ils voyaient leur temps de parole limité à la cérémonie de l’ONU comme un moyen de parler pour les victimes des nazis qui ne peuvent plus parler pour elles-mêmes.
Tous deux ont fait de la reconnaissance par le public des atrocités nazies une mission tout au long de leurs vies : Wise, née en Slovaquie, a beaucoup voyagé, a raconté devant des milliers de personnes ses expériences déchirantes dans le camp de la mort nazi d’Auschwitz. Et le juif hollandais Roet a mis en place des efforts pour commémorer les victimes des nazis dans le monde entier.
Avant leur vol pour New York cette semaine, Wise, 81 ans, a parlé avec le Times of Israel depuis sa résidence à Jérusalem.
« Quand nous étions à Auschwitz et que quelqu’un était sur le point d’être assassiné ou de mourir, il nous disait ‘si vous survivez, dites au monde ce qu’il est arrivé ici’, a déclaré Wise. Les nazis avaient pour habitude de se moquer de nous, qu’aucun d’entre nous ne survivrait, et que si nous le faisions, que personne ne croirait ce qui était arrivé. »

La vie a sans aucun doute gagné pour Wise, qui bien qu’elle n’avait que 10 ans et ne pesait que 17 kilogrammes à la fin de la Seconde Guerre mondiale, est maintenant la matriarche d’une grande famille. Tout en parlant au Times of Israel, Wise disputait ses filles et ses petits-enfants avec son anglais à l’accent australien exaspéré pour provoquer un chahut rigolard.
Roet, né à Amsterdam il y a 84 ans, a été caché par la résistance hollandaise pendant la Seconde Guerre. Roet a été aidé par plusieurs familles hollandaises qui ont mis en danger leurs propres vies, mais également par un juif de 21 ans, Max Leons, qui a aujourd’hui 95 ans.
« Un an et demi après avoir été séparé de ma famille en pensant que j’étais seul au monde, j’ai retrouvé, au milieu de la nuit, mes parents et mes frères survivants », a écrit Roet dans un brouillon de son discours à l’ONU.
Ayant perdu deux frères et d’innombrables membres de sa famille pendant la Shoah, Roet est l’initiateur d’un projet mémoriel largement répandu « A chacun son nom », dans lequel les noms des victimes des nazis, et leurs âges, lieu de naissance et lieu de mort sont lus en public pendant des cérémonies de commémoration de l’Holocauste dans le monde entier. Le projet tente de faire de chaque victime une personne, pour que le tant répété « six millions » ne soit pas juste un nombre mais une calamité.
Roet est aussi le moteur derrière la poussée pour le reconnaissance des juifs qui ont sauvé d’autres juifs pendant la Shoah. « Leurs actes n’ont pas été reconnus et sont majoritairement inconnus », a déclaré Roet, cloîtré avec sa famille dans un New York couvert de neige.
Profitant de ses jours dans la ville dans le blizzard avec son fils David, le représentant permanent adjoint d’Israël devant les Nations unies, Roet a décrit sa marche dans la neige de Central Park, pendant laquelle ses deux bras étaient soutenus par des membres de sa famille pour l’empêcher de glisser.
« Pour moi, c’est comme la fin d’un cycle, pour moi en tant que survivant de l’Holocauste de parler à l’ONU, où mon fils est le directeur adjoint de la délégation israélienne », a déclaré Roet.
‘Nous ne savions pas que nous allions survivre, encore mons emménager en Israël et fonder une famille, avec des enfants, des petits-enfants, et des arrière-petits-enfants.’
Wise a également parlé du miracle de sa situation.
« Nous ne savions pas que nous allions survivre, encore moins emménager en Israël et fonder une famille, avec des enfants, des petits-enfants, et des arrière-petits-enfants. C’est un grand honneur et un privilège de parler à l’ONU et je suis honorée de le faire, particulièrement en parlant en tant qu’Israélienne », a-t-elle déclaré.
Wise et Roet sont tous les deux actifs, semblent être des octogénaires optimistes.
« C’est plus important pour moi de me concentrer sur le positif », a déclaré Roet depuis New York.
Et comme son oncle Isaac, pendant les dernières décennies, il a lui aussi travaillé à rendre le monde meilleur.
« Pendant ces 25 dernières années, j’ai concentré mes efforts à aider à rendre la société plus empathique de la peine des autres, et à encourager des actions positives et de bonnes actions », a déclaré Roet, qui n’a à l’évidence pas l’intention de s’arrêter bientôt.
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