Des synagogues en alerte alors que des incendies ravagent la Californie du Nord
Avec les incendies massifs qui menacent des milliers d'habitants et présentent des connotations "bibliques", certains se préparent à évacuer
SAN FRANCISCO (J. the Jewish News of Northern California via JTA) – Lorsque l’ordre d’évacuation est arrivé mercredi soir, Sonia Tubridy, une habitante de Guerneville, et sa fille ont fait leurs bagages et sont parties, rejoignant une caravane de véhicules fuyant la région de North Bay et les incendies qui menaçaient de les engloutir.
Directrice culturelle de la communauté juive de la Russian River, Sonia Tubridy était l’une des milliers de personnes qui ont reçu l’ordre d’évacuer en raison des incendies qui ont ravagé 18 600 hectares sur une vaste zone couvrant cinq comtés et s’étendant de Vacaville au nord jusqu’au lac Berryessa et jusqu’à la côte du comté de Sonoma. La zone dangereuse a nécessité des évacuations obligatoires dans les comtés de Napa, Sonoma et Solano et continue de s’étendre.
Sonia Tubridy a décrit le processus d’évacuation comme étant mouvementé.
« Nous étions dans une file de véhicules quittant River Road », dit-elle depuis les environs de Bodega Bay, où elle et sa fille se sont réfugiées temporairement pour la journée. « Des milliers de voitures roulant à 8 km par heure. »
Avec les prévisions de temps chaud et venteux, d’autres évacuations sont attendues, en particulier pour les zones au sud des incendies, selon une conférence de presse des services incendie de Californie ce matin.
« Si vous pensez que vous êtes en danger, soyez prêts à partir », a souligné le shérif du comté de Sonoma, Mark Essick.
Le rabbin Chaim Zaklos du centre Habad du comté de Solano est l’un de ceux qui se sont préparés et qui ont attendu l’appel ce matin. Alors que les incendies se sont déclarés à Vacaville durant la nuit, Chaim Zaklos s’est préparé à partir.

« La Torah a été emballée et est prête à partir », a-t-il déclaré. « Tous les autres objets sacrés ont été emballés. »
Chaim Zaklos a ajouté qu’il « pleuvait littéralement des cendres ».
« Vous pouvez voir le rouge dans le ciel », a-t-il dit.
En plus de cet incendie, d’autres grands feux sont en cours près de Santa Cruz, et des centaines de petits feux sont combattus dans les comtés de San Mateo, Alameda, Contra Costa, Santa Clara, Stanislaus et San Joaquin.
« Tout cela donne à cette période de l’année un aspect assez biblique », commente le rabbin Niles Goldstein de la congrégation Beth Shalom à Napa.
Il a ajouté que certains de ses fidèles qui vivent en dehors des limites de la ville ont dû évacuer, bien que la synagogue ne soit pas menacée pour le moment.
« Il y a un peu de fumée et de cendres, mais la ville de Napa est en sécurité pour l’instant », dit-il.
E. Michèle Samson, présidente de la congrégation Shir Shalom à Sonoma, a également ressenti une dimension biblique.
« Oh mon Dieu, vous imaginez ? », interroge-t-elle. « C’est comme si après, on allait voir apparaître des furoncles ou des sauterelles. » Elle a ajouté que la synagogue n’était pas sur la route de l’incendie pour l’instant.
« Aujourd’hui, je pense que ça va », dit-elle.
Le rabbin Stephanie Kramer de la congrégation Shomrei Torah à Santa Rosa a également déclaré que sa synagogue n’était pas menacée par les incendies pour le moment, mais que les maisons de certains de ses fidèles l’étaient.
Les incendies ont rappelé des souvenirs traumatisants pour beaucoup. L’année dernière, le feu de forêt de Kincade a touché plus de 26 000 hectares dans le comté de Sonoma, principalement rural, détruisant une centaine de bâtiments et forçant 185 000 personnes à évacuer leur domicile. L’incendie destructeur de Tubbs a frappé les comtés de Sonoma, Napa et Lake en 2017.

« Cela rend tout le monde très anxieux et fait remonter des souvenirs », témoigne Stephanie Kramer.
Shomrei Torah a été un point de secours majeur lors de l’incendie de 2017, lorsque la synagogue a ouvert ses portes et est devenue un centre de commandement, proposant un abri, de la nourriture et des conseils pendant la crise et pendant les mois qui ont suivi. Mais cette fois-ci, selon Mme Kramer, tout effort d’aide sera entravé par les préoccupations liées au coronavirus, car les gens ne peuvent plus être rassemblés dans de petits espaces.
« Ce ne sera pas la même chose en cas de pandémie », commente-t-elle.
À la Congrégation Beth Ami de Santa Rosa, qui a été touchée de la même manière par la saison des feux de forêt de 2017, la présidente Carolyn Metz a rappelé que quatre familles avaient perdu leur maison, et a déclaré que la crise actuelle faisait naître des sentiments de stress post-traumatique.
Beth Ami avait prévu d’ouvrir son école maternelle le 17 août, mais a reporté la rentrée au 24 août en raison de l’avis de forte chaleur qui concerne maintenant la région. Carolyn Metz décrit le « délicat équilibre » de la gestion des incendies et de la pandémie comme étant « décourageant ».
Sonia Tubridy, qui séjournera ce soir dans un hôtel de Santa Rosa avec sa fille adulte, a décrit la situation comme « une succession de défis ». Non seulement elles doivent fuir les incendies, dit-elle, mais elles essaient aussi de se protéger contre le Covid-19. « La pandémie n’est pas partie. »