Deux Casques bleus blessés lors de la riposte de Tsahal à « une menace immédiate »
La France, l'Italie et l'Espagne ont diffusé une déclaration commune condamnant l'incident ; Biden déclare avoir demandé à Israël de ne pas prendre l'ONU pour cible ; 2 soldats de l'armée libanaise ont été tués

Deux Casques bleus ont été blessés, dans la journée de vendredi, par une frappe israélienne qui a pris pour cible leur poste de surveillance, dans le sud du Liban, a déclaré l’armée israélienne. Par ailleurs, des explosions ont ébranlé la principale base occupée par les forces de maintien de la paix des Nations unies dans la région et ce, pour la deuxième fois en 48 heures – au moment où les forces israéliennes combattent le Hezbollah.
Tsahal a indiqué que les troupes avaient tiré vendredi sur une « menace immédiate » qui émanait d’un poste occupé par la FINUL, la mission de maintien de la paix de l’ONU.
L’armée israélienne a déclaré être « profondément préoccupée » et elle a expliqué que deux Casques bleus avaient été blessés par des tirs israéliens alors que les troupes étaient en train d’affronter le Hezbollah. Elle a précisé qu’elle avait communiqué avec les forces de l’ONU, quelques heures auparavant, en leur demandant de se mettre à l’abri.
Les Nations unies ont précisé que les deux soldats étaient originaires du Sri Lanka.
L’armée israélienne a déclaré que « les soldats actuellement en opération dans le sud du Liban ont identifié une menace immédiate qui mettait leur vie en péril. Ils ont répondu par des tirs qui ont pris pour cible cette menace ».
« Un premier examen a révélé qu’au cours de l’incident, une frappe a effectivement visé un poste de la FINUL qui était situé à environ 50 mètres de la source de la menace et qu’elle a blessé deux membres du personnel de la FINUL », ont ajouté les militaires.
La FINUL a fait savoir que vendredi également, plusieurs murs résistant aux explosions « sont tombés au sein du poste 1-31 de l’ONU, qui se trouve à proximité de la Ligne bleue à Labbouneh, lorsqu’un Caterpillar de l’armée israélienne s’est attaqué au périmètre et que des chars de l’armée israélienne ont procédé à des déplacements à proximité de ce poste des Nations Unies ».
« Des incidents qui font courir de très graves risques aux Casques bleus de l’ONU, qui servent au Sud-Liban à la demande du Conseil de sécurité et conformément à la la résolution 1701 qui avait été adoptée en 2006 », a ajouté le communiqué.

Un peu plus tôt, le ministère libanais des Affaires étrangères avait précisé que l’armée israélienne avait pris pour cible « des postes de surveillance et la principale base de la FINUL à Naqura, ainsi que la base du bataillon sri-lankais, faisant un certain nombre de blessés ».
L’agence de presse officielle, au Liban, a annoncé qu’un « char Merkava israélien a pris pour cible l’une des tours de la FINUL sur la route principale reliant Tyr à Naqura », blessant les deux Sri-lankais.
Le Hezbollah a dit, vendredi, qu’il avait tiré des roquettes en direction des troupes israéliennes dans la région de Ras Naqura, plus au sud du pays.
La FINUL a déclaré que l’incident était « grave » et que la sécurité du personnel et des propriétés de l’ONU devait être garantie.
La France a dans la foulée convoqué l’ambassadeur d’Israël et émis une déclaration commune avec l’Italie et l’Espagne, dans laquelle elle a fait savoir que de telles attaques étaient « injustifiables ». Le président américain Joe Biden a noté qu’il avait demandé à Israël de ne pas s’en prendre aux forces de la FINUL. La Russie, pour sa part, a dit être « indignée » et elle a demandé à Israël de s’abstenir de toute « action hostile » à l’encontre des forces de maintien de la paix.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait déjà condamné les attaques contre le personnel de l’ONU.
Le conflit entre Israël et le Hezbollah a éclaté il y a un an – lorsque le groupe terroriste soutenu par l’Iran avait commencé ses tirs de roquette en direction du nord d’Israël en guise de soutien au Hamas, au lendemain du pogrom qui avait été commis, le 7 octobre, dans le sud d’Israël. Les hommes armés avaient franchi la frontière séparant l’État juif de la bande et avaient massacré plus de 1 200 personnes, kidnappant également 251 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande.
Le conflit s’est intensifié ces dernières semaines – Israël attaquant le sud du Liban, la banlieue sud de Beyrouth et la vallée de la Békaa. De nombreux dirigeants du Hezbollah ont été tués par des frappes israéliennes et les troupes ont également lancé une offensive terrestre de l’autre côté de la frontière. De son côté, le Hezbollah a tiré des roquettes dans les profondeurs d’Israël.

Israël affirme que l’opération terrestre vise à repousser le Hezbollah à distance de la frontière pour permettre le retour en toute sécurité des civils israéliens évacués vers leurs maisons, dans le nord d’Israël.
Une frappe israélienne en plein cœur de Beyrouth a fait 22 morts et 139 blessés, a déclaré le Premier ministre par intérim Najib Mikati. L’armée libanaise a également fait savoir que deux soldats avaient été tués et trois blessés lorsque les forces israéliennes ont attaqué l’un de ses postes militaires à Kafra, dans le sud du pays.
Les forces de la FINUL sont constituées de plus de 10 000 personnes – l’Italie, la France, la Malaisie, l’Indonésie et l’Inde étant les principaux contributeurs.
Le chef d’état-major de l’armée irlandaise, qui compte environ 340 personnes au sein de la FINUL, a lui déclaré qu’il pensait que l’attaque de vendredi contre la tour de surveillance était délibérée.
« Une tour d’observation qui est très petite et qui reçoit directement un obus de char, cela relève d’un tir délibéré – et il s’agit ici d’un tir direct. D’un point de vue militaire, il ne s’agit donc pas d’un acte accidentel. Il s’agit d’un acte direct », a dit le lieutenant général Sean Clancy devant les caméras de la chaîne de télévision RTE.
Deux Casques bleus indonésiens avaient été blessés, jeudi, après être tombés d’une tour d’observation suite à des tirs de chars israéliens. L’État juif avait ensuite fait savoir que ses troupes avaient ouvert le feu à proximité et que les combattants du Hezbollah menaient des opérations à partir de zones situées à proximité des postes de la FINUL.