Quatre députées demandent à Netanyahu de suspendre Keyes suite aux accusations
Quatre députées appellent le Premier ministre à agir après que 12 femmes ont dénoncé au Times of Israel le comportement sexuel inconvenant de son porte-parole
Quatre députées ont demandé jeudi au Premier ministre Benjamin Netanyahu de suspendre David Keyes, son porte-parole auprès des médias étrangers, suite aux accusations d’une douzaine de femmes pour comportement inadmissible envers elles et d’autres femmes.
Meirav Ben-Ari, du parti de coalition Koulanou, a déclaré que Keyes ne pouvait pas poursuivre ses activités en toute impunité.
« Je pense que le Premier ministre Netanyahu doit intervenir », a-t-elle tweeté. « Cela n’a aucun sens qu’un conseiller important harcèle [les femmes] – on pourrait même dire qu’il est obsédé par de nombreuses femmes – tout en travaillant comme si rien ne s’était passé.
« Si j’avais eu un conseiller comme lui (à Dieu ne plaise), je l’aurais mis en congé sans solde immédiatement jusqu’à ce que tous les faits aient été clarifiés », a-t-elle ajouté.
La députée de l’opposition Aliza Lavie (Yesh Atid) a dit : « L’accumulation d’accusations aussi graves par un nombre croissant de femmes nécessite une réponse rapide et sans équivoque. Le silence du cabinet du Premier ministre est exaspérant et pourrait être interprété comme une acceptation de ces actes. Cela ne peut pas être le visage d’Israël, le Premier ministre doit suspendre Keyes de toute activité jusqu’à ce que les soupçons fassent l’objet d’une enquête. »
La députée Ksenia Svetlova (Union sioniste) a également critiqué le silence de Nétanyahu. « Douze femmes ont déjà fait état de harcèlement sexuel de la part du porte-parole David Keyes et le Premier ministre reste silencieux et ne fait pas cas de ce harcèlement. Est-ce là l’attitude du cabinet du Premier ministre à l’égard des femmes ? », a-t-elle dit.
La députée de l’opposition Michal Rozin (Meretz) a déclaré que les actions présumées de Keyes devraient être condamnées par Netanyahu.
« Keyes ne représente pas seulement le Premier ministre devant le monde, mais aussi le pays. Son silence équivaut à un soutien », a-t-elle écrit sur Twitter.
« J’appelle le Premier ministre à suspendre Keyes de ses fonctions et à clarifier les faits. Les témoignages courageux qui ont été recueillis brossent un tableau inquiétant d’un phénomène de harcèlement », a-t-elle ajouté. « Pendant que le reste du monde se mobilise pour une tolérance zéro envers la violence sexuelle, le Premier ministre… reste silencieux. »
Jusqu’à présent, il n’y a eu aucune réaction de la part du Premier ministre ou de son cabinet. Toutefois, en réponse à ces allégations, Keyes a déclaré au Times of Israel mercredi : « Toutes les accusations sont foncièrement fallacieuses et beaucoup d’entre elles sont absolument fausses. »
La candidate au Sénat de l’État de New York, Julia Salazar, a détaillé mardi sa présumée agression sexuelle par Keyes en 2013. Par la suite, Shayndi Raice, journaliste au Wall Street Journal, répondant à l’allégation de Salazar, a décrit une rencontre « épouvantable » avec Keyes, qu’elle a qualifiée de prédateur.
Mercredi soir, le Times of Israel a publié un rapport sur 10 autres femmes qui ont également dénoncé Keyes, dont une accusation détaillée de comportement physiquement agressif, d’avances trop violentes et de comportements déplacés. Les femmes ont parlé sous le couvert de l’anonymat.
Plusieurs sources ont en outre déclaré que le comportement inapproprié présumé de Keyes envers les femmes, qui a eu lieu avant qu’il ne soit nommé porte-parole de Netanyahu en 2016, était si bien connu qu’on lui a demandé de rester à distance de certains des bureaux qu’il avait l’habitude de fréquenter à New York.
Keyes a pour la première fois été accusé d’agression sexuelle par Salazar en avril 2016, dans un message privé sur Facebook qui a ensuite été supprimé, mais que Salazar a reconnu par la suite avoir posté.
Le Times of Israel a également obtenu deux courriels que Keyes a envoyés aux femmes et dans lesquels il s’est excusé « de ne pas s’être comporté en gentleman ».
En 2016, lorsque Salazar a décrit l’agression sexuelle présumée de Keyes contre elle dans un message privé sur Facebook, ce message a été publié dans la presse israélienne (dont le Times of Israel), qui l’a rapporté sans la nommer. Certains journalistes savaient qu’elle était derrière l’accusation mais ont respecté son souhait de garder l’anonymat.
Le cabinet du Premier ministre de l’époque avait alors démenti les accusations portées contre M. Keyes, des sources révélant aux journalistes les engagements passés de Mme Salazar avec des organisations de gauche dans une tentative manifeste de nuire à sa crédibilité.
Raphael Ahren et Raoul Wootliff ont contribué à cet article.