Deux jours de malveillance vertigineuse à La Haye
Israël est accusé du crime le plus grave qu'un pays puisse commettre - avec la démonstration d'une dénaturation cynique de la réalité qui vise à nier le droit à l'auto-défense du pays face à un ennemi qui a vraiment des intentions génocidaire
LA HAYE – Le génocide est le crime ultime parmi tous les autres crimes, « [le crime] suprême dans sa perversité », a indiqué le professeur Malcolm Shaw KC qui a représenté l’État juif pendant les audiences qui se sont déroulées, la semaine dernière, à la Cour internationale de justice.
Détruire – ou tenter de détruire – de manière délibérée un peuple tout entier à cause de ce qu’il est : Le génocide est largement reconnu comme la pire indignité que puisse commettre un État.
Et par extension, c’est également le pire crime dont un pays peut être accusé devant la Loi commune. Se rendre à La Haye, aux Pays-Bas, dans ces circonstances, en entendant cette accusation proférée à l’encontre de l’État d’Israël, a donc été extrêmement choquant – et c’est le moins qu’on puisse dire.
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Là-bas, dans une ville dont le nom est synonyme de suprématie du droit international, l’État juif a été traîné devant la Cour internationale de Justice pour se défendre face à l’accusation la plus accablante possible : celle qu’il tente délibérément de détruire le peuple palestinien à Gaza – et qu’il a prémédité cet anéantissement.
Pendant plus de trois heures et demie, jeudi, les avocats de l’équipe juridique de l’Afrique du sud ont présenté les détails sinistres des destructions entraînées par la guerre actuelle à Gaza, une guerre qui avait été déclenchée par l’assaut barbare commis par le Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre.
Et pourtant, la simple mention de cette journée de triste mémoire a été presque entièrement absente du narratif des représentants sud-africains, un oubli troublant qui n’a fait que s’accentuer au fur et à mesure du déroulement de l’audience.
Plus sidérant encore, la manière dont les avocats de l’Afrique du sud ont entièrement échoué à mentionner seulement la manière dont le Hamas utilise cyniquement et en toute connaissance de cause les civils gazaouis, hommes et femmes, enfants et personnes âgées, comme autant de boucliers humains.
Adila Hassim, représentante de l’Afrique du sud, a spécifiquement fait référence, lors de son intervention devant les magistrats, aux dégâts essuyés par les infrastructures médicales à Gaza dans le cadre de l’initiative « génocidaire », selon son pays, d’Israël à l’encontre des Palestiniens du territoire.
Mais elle n’a pas fait allusion une seule fois – et c’est incroyable – à la manière connue, prouvée, dont le Hamas a exploité les hôpitaux pour couvrir ses activités militaires, qu’il s’agisse des tunnels creusés sous les établissements hospitaliers, des ambulances utilisées pour transporter des terroristes ou des hôpitaux qui ont servi de lieu de détention pour les otages.
A l’intérieur du Palais de la Paix – c’est ainsi que s’appelle le splendide édifice qui accueille la Cour internationale de justice – le journaliste que je suis a attendu avec une incrédulité croissante que Hassim reconnaisse, même de la façon la plus infime possible, qu’il pouvait y avoir une raison sous-jacente expliquant pourquoi le système de soins, à Gaza, a été endommagé de manière si terrible au cours du conflit actuel. En vain.
Et pourtant, le pire était encore à venir. Et il est arrivé lorsque l’éminent avocat britannique Vaughan Lowe est monté au pupitre pour souligner les mesures conservatoires que l’Afrique du sud demande au tribunal d’émettre à l’encontre d’Israël.
Lowe, conseiller royal et professeur de droit international à l’université d’Oxford – pas moins que ça – a déclaré qu’Israël ne bénéficiait pas de son droit à l’auto-défense dans ses actions à Gaza dans la mesure où, a-t-il affirmé, le pays contrôle les points d’accès d’entrée et de sortie de la bande.
« Ses actions renforcent son occupation », a affirmé Lowe, effaçant de l’Histoire et d’un seul trait les atrocités commises par le Hamas, le 7 octobre ; les tirs de roquettes continus contre les centres de population israéliens et les violations du droit humanitaire de la part du groupe terroriste.
Lowe a affirmé ainsi qu’Israël n’avait pas le droit, légalement parlant, de garantir que les citoyens israéliens ne connaîtront pas une répétition des atrocités commises par le groupe terroriste, le 7 octobre – une attaque certainement sans pareil dans le monde moderne et que le Hamas a juré de reproduire encore et encore.
Ce positionnement était déjà inquiétant et attristant. Une révélation qui a été faite le lendemain a cependant rendu l’argument avancé par Lowe encore plus insidieux.
S’adressant aux juges dans la journée de vendredi, le conseiller juridique du ministère israélien des Affaires étrangères, Tal Becker, a souligné que Lowe avait émis un avis juridique très différent dans le passé.
« Le droit à l’auto-défense est le droit d’utiliser la force pour prévenir une attaque », avait écrit Lowe dans une étude publiée par le think-tank Chatham House en 2005. « La source de l’attaque – qu’il s’agisse d’un État ou d’un acteur non-étatique – n’entre pas en compte en ce qui concerne l’existence même de ce droit… La force peut être utilisée pour prévenir une attaque parce que personne, parce qu’aucun État n’est dans l’obligation, au regard du droit, de subir passivement l’exécution d’une attaque », avait-il estimé alors, des propos qui ont été cités par Becker.
Et pourtant, prenant la parole devant les 17 magistrats de La Haye, Lowe a affirmé en substance qu’un État était « dans l’obligation, au regard du droit, de subir passivement l’exécution d’une attaque ».
En laissant de côté, l’espace d’un instant, les conséquences qui viendraient menacer l’existence même d’Israël si la Cour devait se plier à ces arguments, cela a été l’effort livré pour manipuler la plus haute Cour internationale du monde à l’aide d’affirmations fallacieuses, cela a été cette initiative visant à transformer les magistrats en armes contre Israël, qui ont été le plus perturbants pendant cette audience à La Haye.
Pour Hassim, reconnaître que le Hamas a délibérément exploité les infrastructures hospitalières de Gaza à des fins militaires aurait sapé son affirmation que l’État d’Israël a bien l’intention de détruire les Palestiniens de l’enclave.
Pour Lowe, reconnaître le droit à l’auto-défense d’Israël aurait été d’admettre l’existence d’une entité contre laquelle l’État juif est dans l’obligation de se défendre.
Et ainsi, au mépris des faits, ils ont décidé de les ignorer.
C’est toujours difficile d’utiliser le terme « mensonger » – pourtant, au vu des circonstances, son emploi semble inévitable.
Rien de tout cela ne vise à détourner l’attention de la situation réellement dure à Gaza, où des milliers d’innocents ont été involontairement tués par les soldats israéliens, où des dizaines de milliers de personnes ont été blessées, où de larges pans du territoire ne sont que ruines et où une part importante de la population souffre dans un contexte de conditions de vie temporaires affreuses, sans foyer où retourner.
Mais ce n’est pas là-dessus que portait la procédure de La Haye. L’Afrique du sud veut à tout prix accuser Israël, qui selon elle, se livre à un génocide.
L’équipe juridique sud-africaine a ignoré les questions fondamentales qui se posent dans le cadre d’une telle affirmation et ce, afin de pouvoir lancer cette accusation. Une ignorance peut-être due à une cécité volontaire née d’un sentiment profond de sympathie l’égard de la situation critique des innocents à Gaza – ou, et c’est malheureusement plus probable, due à quelque chose de beaucoup plus sinistre.
Heureusement, après le tumulte des audiences de jeudi et vendredi, la tranquillité du Shabbat s’est abattue rapidement après la fin de la session et, alors même que j’écrivais mon reportage, je me trouvais dans un train en direction d’Amsterdam.
Mais c’est dans la matinée de Shabbat, pendant des prières à la synagogue espagnole et portugaise, dans cet édifice monumental, que ce qui s’était produit la veille a véritablement pris tout son sens.
Là-bas, dans une cour située aux abords de ce lieu de culte magnifique dont la construction s’était achevée en 1675, une plaque commémorant les 3 700 membres de la communauté qui ont été assassinées pendant la Shoah, le génocide des Juifs commis par les nazis. La communauté, à l’époque, était constituée de 4 300 personnes.
86 % des membres de la congrégation avaient donc été tués.
Et c’est là que toutes les notes discordantes des deux jours précédents ont résonné avec toute leur force, poignantes : dans l’un des pays où les nazis avaient tenté d’anéantir le peuple juif, l’État du peuple juif vient d’être jugé pour génocide – pour avoir défendu ses citoyens face aux ambitions génocidaires cruelles de l’armée terroriste au pouvoir à Gaza.
Et, ce qui est peut-être pire que tout le reste, il n’est absolument pas certain que les magistrats rejetteront les accusations immondes, les mauvaises représentations cyniques, les distorsions et les omissions avancées devant la Cour pour ce qu’elles sont.
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