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50 ans depuis la "loi Veil"

Devant l’Assemblée, le rude combat de Simone Veil en faveur de l’IVG

Le 26 novembre 1974, la ministre avait défendu une loi historique face à des adversaires déchaînés, dans un climat d'une brutalité inouïe, avec des analogies avec la Shoah ; elle a été adoptée le 17 janvier 175

Simone Veil, ministre de la Santé, le 16 septembre 1976. (Crédit : AFP)
Simone Veil, ministre de la Santé, le 16 septembre 1976. (Crédit : AFP)

Le 26 novembre 1974, Simone Veil monte à la tribune de l’Assemblée nationale pour défendre une loi historique – la légalisation de l’avortement -, sujet ultra-sensible. Elle va faire face à des adversaires déchaînés, dans un climat d’une brutalité inouïe.

« Je n’imaginais pas la haine que j’allais susciter », confiait l’ex-ministre de la Santé de Valéry Giscard d’Estaing dans un livre entretien avec la journaliste Annick Cojean (Les hommes aussi s’en souviennent, 2004).

« Il y avait tellement d’hypocrisie dans cet hémicycle rempli essentiellement d’hommes, dont certains cherchaient en sous-main des adresses pour faire avorter leur maîtresse ou quelqu’un de leurs proches ».

Devant une assemblée qui compte 9 femmes pour 481 hommes, la ministre s’exprime d’une voix calme, un peu tendue : « Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui chaque année mutilent les femmes dans ce pays, bafouent nos lois et humilient ou traumatisent celles qui y ont recours ».

« Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit de les écouter. C’est toujours un drame », précise-t-elle tout en soulignant que « l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue ». Son discours d’une heure est chaleureusement applaudi par la gauche. La droite se tait, pour l’instant.

Dans les tribunes du public, à l’inverse de l’hémicycle, ce sont les femmes qui dominent, venues en masse écouter la ministre.

‘Avortoirs, abattoirs’

Suivent plus de 25 heures de débats durant lesquelles Simone Veil affronte insultes et propos de « soudards », racontera-t-elle, pendant qu’à l’extérieur des militants anti-avortement égrènent leurs chapelets. Trois jours et deux nuits de combat contre les tenants de sa propre majorité.

Michel Debré, ancien Premier ministre du général de Gaulle, voit dans ce texte « une monstrueuse erreur historique ». Les députés de droite René Feït et Emmanuel Hamel diffusent dans l’hémicycle, à tour de rôle, les battements d’un cœur de fœtus de quelques semaines.

Le premier affirme que si le projet était adopté « il ferait chaque année deux fois plus de victimes que la bombe d’Hiroshima ». Jean Foyer, ancien Garde des Sceaux du général de Gaulle, lance : « le temps n’est pas loin où nous connaîtrons en France ces avortoirs, ces abattoirs où s’entassent des cadavres de petits hommes ».

‘Embryons jetés au four crématoire’

Le pire reste à venir : Hector Rolland reproche à Simone Veil, rescapée des camps nazis, « le choix d’un génocide ». Jean-Marie Daillet évoque les embryons « jetés au four crématoire ». Jacques Médecin parle de « barbarie organisée et couverte par la loi comme elle le fut par les nazis ».

Après le passage de 74 orateurs, Simone Veil reprend la parole déplorant les analogies avec le racisme des nazis. Elle dira plus tard avoir ressenti « un immense mépris ».

Le 29 novembre 1974, au cœur de la nuit, la loi est votée par 284 voix contre 189. Les deux tiers des députés de la majorité votent contre le texte, adopté essentiellement grâce aux voix de gauche et centristes.

La « loi Veil », est promulguée le 17 janvier 1975, autorisant l’IVG pour cinq ans. Cette dépénalisation sera rendue définitive par la loi du 31 décembre 1979.

Décédée en juin 2017, Simone Veil est entrée au Panthéon le 1er juillet 2018.

Quatre ans plus tard, la liberté de recourir à l’IVG est inscrite dans la Constitution.

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