Diffamation envers Renaud Camus : la condamnation de Yann Moix annulée
La Cour de cassation estime que l'écrivain, qui avait jugé Camus "assez antisémite", a exprimé une opinion "qui est conforme à la liberté d'expression"
La Cour de cassation a annulé mardi la condamnation en diffamation de l’auteur et chroniqueur Yann Moix, qui avait qualifié en 2017 l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus d' »assez antisémite ».
Yann Moix avait été condamné en mars par la cour d’appel de Paris à verser 1 000 euros de dommages et intérêts à Renaud Camus pour des propos tenus lors de l’émission « On n’est pas couché » le 3 juin 2017. Il avait alors formé un pourvoi en cassation.
Mardi, la Cour a estimé que ces propos « relev[aient] de l’expression d’une opinion et d’un jugement de valeur sur la personnalité de la partie civile (…) et non de l’imputation d’un fait précis », annulant la condamnation du chroniqueur.
Lors de cette émission, les débats avaient porté sur Renaud Camus, théoricien du « grand remplacement » (par l’immigration) qui menace selon lui la civilisation française.
« Renaud Camus c’est un écrivain un petit peu misanthrope, assez antisémite », avait déclaré Yann Moix. L’écrivain Charles Consigny, invité sur le plateau, l’avait coupé : « Il est pas antisémite ». « On va y revenir, en tout cas il est raciste », avait répondu M. Moix.
Renaud Camus, aujourd’hui âgé de 72 ans, avait attaqué Yann Moix en diffamation s’agissant uniquement des accusations d’antisémitisme, pas de racisme, lui réclamant 30 000 euros de dommages et intérêts.
En première instance, M. Moix avait été relaxé, le tribunal correctionnel estimant que M. Camus n’avait « pas rapporté » la preuve des propos litigieux, sa défense s’étant contentée d’en produire « une simple retranscription libre », « réalisée dans des conditions ignorées par le tribunal ».
La cour d’appel avait ensuite considéré que « l’imputation d’antisémitisme était suffisamment précise ».
« La Cour de cassation considère que Yann Moix a exprimé une opinion (…) qui est conforme à la liberté d’expression », s’est félicité auprès de l’AFP Me Jean Ennochi, avocat de l’auteur.
Sollicité, l’avocat de M. Camus n’était pas joignable dans l’immédiat.