Dirigeants et mécènes fêtent la nouvelle Bibliothèque Nationale d’Israël
La cérémonie de pose de la première pierre a rassemblé le Premier ministre et le Président, qui ont promis de donner les archives et écrits de leurs pères
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Une truelle à la main, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Reuven Rivlin ont posé la première pierre de la nouvelle Bibliothèque Nationale d’Israël ce mardi, sous une tente à l’angle du boulevard Ruppin et de la rue Eliezer Kaplan, à Jérusalem.
Le ciment, encore humide pendant la cérémonie, a été appliqué sur une petite parcelle triangulaire inclinée, à côté de la Knesset et en face du Musée d’Israël, au croisement des institutions culturelles et nationales de la ville.
Une copie de la charte de la Bibliothèque Nationale, signée en 2007 et considérée comme le point de départ de la rénovation, a été enterrée sous le ciment.
“La réhabilitation de la bibliothèque nous permettra de l’intégrer de manière plus adéquate dans le tissu culturel du pays”, a déclaré David Blumberg, président de la Bibliothèque Nationale. “La Bibliothèque Nationale sera l’institution culturelle la plus importante en Israël et dans le monde juif”.
M. Netanyahu a annoncé qu’il souhaitait remettre à la bibliothèque les archives de son père, le professeur Benzion Netanyahu, qui était spécialiste de l’Âge d’Or du judaïsme espagnol. M. Rivlin a également confié qu’il donnerait les écrits de son père, le professeur Yosef Rivlin, historien et expert du Moyen-Orient, ainsi que les poèmes liturgiques du rabbin Israel Nagara.
M. Netanyahu a qualifié la Bibliothèque Nationale de “centre de culture, de liberté intellectuelle, de Lumières et de progrès, ce qui n’est pas peu dire au Moyen-Orient.”
“La Bibliothèque Nationale est une part inhérente de notre société multiculturelle. Dans une région où les islamistes fanatiques sont en train de détruire des trésors culturels, nous entretenons la culture de l’esprit”, a-t-il ajouté.
La nouvelle bibliothèque – qui remplace le bâtiment actuel, inauguré en 1960 sur le campus de Givat Ram de l’université Hébraïque – est conçue comme une structure éco-durable. Elle occupera plus de 45 000 mètres carrés, avec six étages et quatre sous-sols.

Lord Jacob Rothschild, dont la famille finance une partie de la nouvelle bibliothèque via la fondation Yad Hanadiv, a apporté une touche sentimentale lors de son discours. Il a rappelé qu’en 1918, lors de la cérémonie pour lancer la construction de l’université Hébraïque et de sa bibliothèque, treize pierres avaient été posées : douze pour les douze tribus d’Israël, et une pour les futures générations, comme la famille Rothschild dont les descendants étaient présents ce mardi.
En 1925, a ajouté M. Rothschild, Chaim Weizmann avait dit à la cérémonie d’inauguration de l’université et de la bibliothèque qu’une maison plus adéquate pour la bibliothèque serait construite “dès que les architectes auraient élaboré les plans appropriés”.
Ce moment est venu, a déclaré M. Rothschild.
“Pendant deux mille ans, les écrits du peuple juif étaient éparpillés dans le monde entier”, a-t-il expliqué. “Désormais, ces écrits, comme les futurs livres et d’autres ressources, auront leur propre place, au cœur de Jérusalem”.
Les fonds pour ce projet, dont le coût s’élève à 200 millions de dollars, sont apportés par le gouvernement israélien, la fondation Yad Hanadiv de la famille Rothschild, et la famille new-yorkaise de David S. et Ruth L. Gottesman.
David Sanford “Sandy” Gottesman, âgé de presque 90 ans, est un homme d’affaires et milliardaire : il a largement participé au financement, et s’est brièvement exprimé lors de la cérémonie.
Ce projet exprime sa fascination pour les bibliothèques et une dévotion permanente à Israël, a-t-il expliqué.

“Mon frère Milton a commencé à soutenir la construction de quelques bibliothèques scolaires en Israël lorsqu’il a appris que ces écoles étaient construites sans bibliothèques”, a-t-il indiqué dans un mail au Times of Israel. “Après son décès, notre fondation a élargi son champ d’action et, à cette date, nous avons construit 250 bibliothèques scolaires dans tout le pays”.
M. Gottesman a déclaré qu’il espérait que ce nouveau bâtiment permettrait à la bibliothèque nationale d’Israël de trouver sa place au sein des grandes bibliothèques dans le monde, et d’être un centre dynamique pour la collaboration intellectuelle et artistique, ainsi que pour la créativité.
Sa famille soutenait Israël avant même la création de l’État, et a financé plusieurs projets ces dernières années : le Chemin de Milton, un sentier pour les cyclistes à Jérusalem – aussi connu sous le nom de parc HaMesila, le chemin de la voie ferrée – et le premier aquarium d’Israël, dans le Zoo biblique de Jérusalem, encore en construction.
La bibliothèque, dont la construction devrait être achevée en 2020, sera une structure en forme de rampe, contemporaine, qui reliera les bâtiments institutionnels et culturels aux alentours, ont écrit les architectes suisses Herzog et de Meuron dans une description détaillée du bâtiment. Elle comprendra aussi un grand jardin, des lieux publics et des œuvres d’art qui devraient aider les visiteurs à interagir avec les locaux, les chercheurs et les employés qui visitent et travaillent régulièrement à la bibliothèque.

L’idée est de faire de la bibliothèque un endroit entièrement accessible au public, avec des expositions, des restaurants, une librairie et un espace pour les jeunes, concentrés autour de la spacieuse salle de lecture centrale de trois étages.
Les livres et les vitrines comprenant la collection de la bibliothèque resteront au centre du bâtiment, “créant une base et un équilibre nécessaires face aux changements technologiques”, explique le cabinet d’architecture.
La façade du bâtiment sera en courbe, haute et en porte-à-faux, dans une prise en compte contemporaine de la pierre calcaire de Jérusalem que l’on peut trouver dans la ville. Elle sera aussi taillée de manière à ressembler aux autres façades de pierre typiques de la capitale.