Israël en guerre - Jour 499

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Reportage

Douleur, détermination et culpabilité des survivants sur le site de Nova, un an après les massacres

Des milliers de personnes rendent hommage aux victimes du pogrom du Hamas sur le site du festival ; les proches disent qu'ils doivent raconter l'histoire de leurs êtres chers

Jeremy Sharon

Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Les amis et la famille des victimes du massacre du festival de musique Nova, sur le site du massacre dans le sud d'Israël, un an après le pogrom perpétré par le Hamas, à Reïm le 7 octobre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Les amis et la famille des victimes du massacre du festival de musique Nova, sur le site du massacre dans le sud d'Israël, un an après le pogrom perpétré par le Hamas, à Reïm le 7 octobre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

REÏM – Le site du massacre de Nova du 7 octobre a accueilli un festival du souvenir lundi, alors que des milliers d’Israéliens, y compris des survivants du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, des membres des familles des victimes, et une myriade d’autres personnes sont venus honorer ceux qui ont été assassinés ici il y a un an.

Les proches des victimes ont parlé de la douleur et de la perte permanentes, mais aussi de leur détermination à perpétuer la mémoire de leurs proches et à raconter comment ils ont été tués de sang-froid par des terroristes palestiniens du Hamas lors d’un festival débordant d’amour et de gentillesse.

Les survivants de l’assaut barbare et sadique se sont souvenus des amis qui sont morts à leurs côtés et ont évoqué les expériences terrifiantes qu’ils ont vécues alors qu’ils cherchaient par tous les moyens possibles à échapper aux massacres.

Deux cérémonies ont eu lieu sur le site du Festival Nova lundi matin, l’une à 6h25 en présence du président Isaac Herzog et d’autres dignitaires. La seconde s’est tenue à 11h47 à côté d’un grand conteneur jaune sur le site où plus d’une douzaine de personnes se sont cachées pour échapper à l’attaque, mais ont été découvertes par un terroriste solitaire et assassinées de sang-froid sous une pluie de balles à 11h47 précisément.

Seules quatre des personnes cachées dans le conteneur ont survécu à l’attaque, et l’une d’entre elles, Gilad Maman, a mis un drapeau en berne au début de la cérémonie.

Lors de l’invasion du Hamas le 7 octobre, un grand nombre de terroristes sont descendus sur le Festival Nova et ont massacré 364 festivaliers, selon les autorités israéliennes. Les terroristes ont blessé de nombreuses autres personnes sur le site, violé des femmes et commis d’autres atrocités. Une quarantaine de personnes présentes au festival ont été prises en otage à Gaza.

Les proches d’Omri Lavi, assassiné lors du massacre du Festival Nova, érigeant un sanctuaire en son honneur sur le site du festival, un an après le pogrom du Hamas, le 7 octobre 2024. (Crédit : Jeremy Sharon/Times of Israel)

« La vie ne sera plus jamais la même. Il y a un trou dans mon cœur pour le reste de ma vie », a déclaré Hagit Lavi, dont le fils Omri Lavi a été l’un de ceux qui ont été tués en tentant de fuir la zone.

Hagit a déclaré que son fils avait été avec un ami d’enfance sur la Route 232 en essayant de s’échapper et que c’était la dernière fois qu’elle a parlé avec lui. À 7h08, il lui a dit qu’ils essayaient de trouver une sortie sûre, mais qu’ils avaient rencontré des routes bloquées entre autres problèmes.

Bien que Hagit ne sache pas exactement ce qui est arrivé à Omri et à son ami, elle affirme qu’ils ont été abattus par derrière et tués une dizaine de minutes après cette conversation.

Hagit et sa famille ont été informées du sort d’Omri cinq jours plus tard, après l’identification de son corps.

« C’est un jour très difficile sur le plan émotionnel, pour la famille, pour le pays tout entier. Nous vivons dans une guerre depuis une année entière », a-t-elle déclaré, ajoutant que, comme ils vivent dans la ville de Safed, dans le nord du pays, ils n’avaient même pas pu organiser une cérémonie commémorative d’un an pour Omri, à la date de sa mort dans le calendrier juif, en raison des tirs de roquettes en provenance du Liban.

Une forêt de visages

Le site du festival de musique en plein air Nova se trouve à proximité du kibboutz Reïm, à l’est du centre de Gaza. Au cours de l’année écoulée, il a été transformé en un mémorial magnifique, mais sinistre et d’une tristesse dévastatrice pour les victimes du pogrom.

Les visages de centaines de jeunes hommes et de jeunes femmes apparaissent partout dans la zone boisée où s’est déroulé le festival, dans de petits sanctuaires érigés dans le sable, sur des autocollants collés sur les abris contre les roquettes, ainsi que sur de grandes affiches et des panneaux d’information constituant une exposition sur les personnes assassinées.

Tapis de coquelicots artificiels sur le site du massacre du festival de musique Nova, dans le sud d’Israël, le 19 septembre 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Un grand nombre de ces panneaux contiennent les derniers mots échangés avec leurs proches dans des messages alors qu’ils cherchaient à fuir ou à se cacher de l’assaut terroriste brutal qui allait finalement les rattraper.

Le long de la forêt de sanctuaires, un tapis de coquelicots en céramique commémore les centaines de victimes, tandis que dans une tente voisine, des scribes ultra-orthodoxes poursuivent leur travail assidu en rédigeant un rouleau de la Torah en l’honneur des personnes assassinées. Ils demandent aux visiteurs de leur tenir la main pendant qu’ils écrivent le texte sacré.

Parmi les visiteurs de la commémoration du 7 octobre se trouvaient des travailleurs sociaux de l’organisation Safe Heart, qui apporte un soutien psychologique aux survivants du massacre et à leurs proches.

Des milliers de personnes ont parcouru les sanctuaires et les expositions lundi, et des centaines d’autres ont assisté aux cérémonies et écouté les spectacles musicaux, tantôt tristes, tantôt entraînants, joués en hommage aux victimes.

De manière inquiétante, les canons d’artillerie de l’armée israélienne situés à proximité ont tiré à intervalles réguliers tout au long de la journée, leurs tonnerres rappelant que la guerre déclenchée par le terrible pogrom du 7 octobre est toujours d’actualité dans la bande de Gaza.

La culpabilité des survivants

Ronit Levy, une survivante du massacre, se rendait sur le site pour la deuxième fois, mais elle a déclaré qu’elle se sentait engourdie et qu’elle n’éprouvait pas de grande émotion en venant à l’endroit où elle avait failli trouver la mort.

« Je me sens gelée, je ne peux pas expliquer pourquoi, je suis engourdie », a-t-elle déclaré au Times of Israel, manipulant avec anxiété un collier autour de son cou.

Ronit Levy, une survivante du massacre du Festival Nova, sur le site du festival un an après, le 7 octobre 2024. (Crédit : Jeremy Sharon/The Times of Israel)

« Il y a des sentiments tellement forts, de la tristesse, de la douleur, que je ne peux pas y faire face […] Cela ferme votre âme, alors pour y faire face, je pense que j’ai érigé un mur. Je suis déconnectée, je ne peux pas ressentir », a-t-elle expliqué.

D’un côté, elle est heureuse de ce qu’elle appelle le « miracle » qui lui a permis de s’échapper, mais de l’autre, elle ressent le besoin de s’excuser auprès de ceux qui ont été tués.

Levy, avec deux autres personnes, a pu fuir les lieux du massacre en voiture après avoir roulé pendant deux heures hors des routes à la recherche d’une sortie. Les balles tirées par les terroristes ont, à un moment donné, frappé le sol à quelques mètres seulement, mais finalement, ils ont trouvé un moyen de s’échapper et se sont retrouvés dans la ville de Yeruham, dans le sud du pays.

« C’était comme une roulette russe […] J’ai pris un chemin et j’ai survécu, d’autres ont pris un chemin différent et ont été assassinés […] On ressent le besoin de s’excuser, il y a un sentiment de culpabilité », a déclaré Levy.

Le conteneur dans lequel une dizaine de personnes se sont cachées du Hamas jusqu’à ce qu’un terroriste isolé les abatte, le 7 octobre 2024. (Crédit : Jeremy Sharon/Times of Israel)

Michal Bitton, dont la fille Maya Bitton a été assassinée à cet endroit avec son fiancé Eliran, a participé à la cérémonie qui s’est déroulée dans le conteneur.

« C’est un jour très fort, très émouvant, cette cérémonie à côté du conteneur où nos enfants ont été assassinés en particulier », a déclaré Michal. « Leurs rêves se sont terminés ici, et ils avaient beaucoup de rêves. C’est dans ce conteneur qu’ils ont pris fin. »

Michal a été en contact permanent avec Maya pendant les heures où elle, Eliran et une dizaine d’autres personnes se sont cachés des terroristes.

S’exprimant avec un sang-froid à peine imaginable, Michal est entrée dans le conteneur – aujourd’hui revenu sur le site après avoir été emporté – et s’est tenue à l’endroit exact où sa fille s’était réfugiée, une photo de Maya se cachant dans le conteneur étant collée au mur dans le cadre de l’exposition.

Michal Bitton, mère de Maya Bitton assassinée lors du massacre du Festival Nova, se tenant dans le conteneur dans lequel sa fille s’est cachée du Hamas jusqu’à ce qu’un terroriste solitaire la trouve, ainsi que les autres personnes qui se cachaient avec elle, et les abatte, le 7 octobre 2024. (Crédit : Jeremy Sharon/Times of Israel)

« Nous lui avons dit de penser à de bonnes choses, nous lui avons dit que l’armée était forte et qu’elle viendrait les sauver à tout moment. Elle n’est, manifestement, pas venue », raconte Michal.

« Elle demandait pourquoi personne ne venait. Je lui ai répondu qu’ils allaient venir, d’ici quelques instants. »

Maya et Eliran ont été assassinés par un terroriste, Maya étant enveloppée dans les bras d’Eliran qui cherchait à la protéger.

Lorsqu’on lui a demandé comment elle pouvait parler avec un tel calme à l’endroit même où sa fille a été assassinée, Michal a déclaré simplement qu’elle estimait qu’il était de son devoir et de sa mission de raconter l’histoire de Maya du mieux qu’elle le pouvait.

« C’est ici que nos enfants sont venus pour aimer et participer à un festival de paix et d’amour », a-t-elle déclaré.

« Nous ne restons donc pas assis chez nous à nous dire que nous sommes misérables », a-t-elle ajouté.

« Comme ça ou comme ça, nous sommes malheureux. Mais tant de gens sont venus ici, qui n’ont aucun lien [avec le massacre], pour nous entourer de leur étreinte. C’est très important. »

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