Edelstein réitère son appel à annuler les élections
Le président de la Knesset a averti les Israéliens qu'ils pourraient aller aux urnes une troisième fois en cas d'échec du scrutin en septembre et a attaqué Ehud Barak
Le président de la Knesset, Yuli Edelstein, a renouvelé dimanche son appel à annuler le scrutin national prévu au mois de septembre, avertissant qu’un nouvel échec pourrait obliger les Israéliens à retourner aux urnes pour la troisième fois en moins d’un an.
Membre éminent du parti du Likud au pouvoir, il avait lancé la possibilité, la semaine dernière, d’annuler le vote du 17 septembre, convoqué après l’échec du Premier ministre Benjamin Netanyahu à former un gouvernement à l’issue des élections du mois d’avril.
Netanyahu avait indiqué qu’il réfléchirait à cette proposition, qui a été fortement rejetée par les députés de l’opposition et remise en cause sur le plan légal.
« Mon hypothèse est que si nous ne parvenons pas à mettre en œuvre cette initiative, ce sont exactement les mêmes joueurs qui prendront place, après le 17 septembre, autour de la même table et qui devront débattre des questions dont ils refusent de parler actuellement », a insisté Yuli Edelstein lors d’une session de questions-réponses organisée dans le cadre de la conférence sécuritaire annuelle de l’IDC (Centre interdisciplinaire d’Israël) à Herzliya.
« Il est préférable pour le pays comme pour le peuple tout entier de s’accorder d’ores et déjà sur les choses et d’économiser trois mois ainsi que des milliards de dollars », a-t-il ajouté.
Même si le président de la Knesset n’a pas précisé qui étaient ces « mêmes joueurs » ou quelles étaient les questions entraînant des divisions, il est probable qu’il ait fait référence à l’échec de Netanyahu de constituer une coalition.
Le Premier ministre n’était pas parvenu à réconcilier les partis ultra-orthodoxes et la formation Yisrael Beytenu sur une législation concernant l’enrôlement des élèves de yeshivot dans l’armée israélienne.
Plutôt que de permettre au président de charger un autre membre de la Knesset de cette tâche – comme le prescrit une Loi fondamentale israélienne – Netanyahu avait alors fait avancer un projet de loi prévoyant l’organisation immédiate de nouvelles élections, empêchant tout adversaire politique potentiel de devenir chef du gouvernement à sa place.
Et malgré un soutien insuffisant à la Knesset pour approuver cette décision, Yuli Edelstein a indiqué avoir encore l’espoir de voir adoptée sa proposition d’empêcher un second scrutin.
« Qui peut promettre qu’il n’y en aura pas un troisième ? », s’est-il interrogé, un plaidoyer possible à l’attention des autres députés.
Interrogé sur l’émergence de nouveaux acteurs politiques dans la campagne, Yuli Edelstein s’en est pris à l’ex-Premier ministre Ehud Barak qui a annoncé son retour en politique et la création de son nouveau parti pour vaincre Netanyahu.
« Ehud Barak a été le Premier ministre le plus défaitiste et le plus défaillant de toute l’histoire d’Israël », a répondu Yuli Edelstein. « J’espère qu’il ne franchira pas le seuil d’éligibilité ».
« Le président de la Knesset continue à être le chef des opérations de sauvetage du suspect de Balfour », a écrit Ehud Barak sur Twitter, se référant à la rue de Jérusalem qui accueille la résidence du Premier ministre et aux inculpations pour corruption en suspens concernant Netanyahu.
Il a estimé que la proposition ne servait pas l’intérêt du pays mais qu’elle entrait plutôt dans le cadre d’un « schéma obséquieux » de la part de Yuli Edelstein, qui désire devenir président à l’expiration du mandat de Reuven Rivlin, en 2021.
« Et nous devons garantir que [cette proposition d’Edelstein] n’atteindra pas son objectif », a continué Ehud Barak.
Tandis que les analystes et les députés ont mis en doute la viabilité juridique de cette proposition du président de la Knesset, ce dernier a insisté sur le fait que les outils légaux nécessaires existaient pour la mettre en œuvre.
Et même si la proposition était juridiquement possible, elle nécessiterait le soutien de 80 députés – une perspective hautement improbable sans Kakhol lavan et les autres partis d’opposition.
Benny Gantz, leader de la formation centriste, a déclaré la semaine dernière que cette proposition était « légalement impossible » et que les nouvelles élections organisées suite à la décision de Netanyahu ne pouvaient plus être annulées.
Il a également affirmé que si Netanyahu n’avait pas dissous le parlement, Reuven Rivlin l’aurait chargé de former un gouvernement.
Selon la Douzième chaîne, le plan de contournement soumis par Yuli Edelstein entraînerait une convocation du présidium de la Knesset pour annuler le hiatus auquel le Parlement est actuellement confronté. Une nouvelle loi serait alors présentée, autorisant la Knesset à annuler des élections.
La légalité d’une telle initiative – après le vote des députés en faveur du démantèlement de la Knesset – reste indéterminée.
Selon la Treizième chaîne, le conseiller juridique du Parlement israélien, Eyal Yinon, rédigeait la semaine dernière un avis juridique disant qu’il n’y avait aucune base légale permettant l’annulation du scrutin de septembre.
Le procureur général Avichai Mandelblit avait d’ores et déjà averti les politiciens qu’une annulation du vote était légalement inenvisageable, avait fait savoir la Douzième chaîne.