Égypte : Une auteure et militante libérale, forcée de fuir pour avoir soutenu Israël
Dalia Ziada est contrainte de se cacher parce qu'elle a condamné l'assaut brutal du groupe terroriste contre Israël et dit espérer "pour le bien de tous" que Tsahal l’élimine
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Une célèbre auteure égyptienne et militante de la démocratie libérale a été contrainte de fuir son pays d’origine en raison de la colère qu’elle a suscitée en applaudissant la campagne militaire israélienne contre le Hamas, affirmant que l’élimination du groupe terroriste serait bénéfique pour l’ensemble de la région.
Depuis, Dalia Ziada a reçu des menaces de mort et des plaintes ont été déposées auprès des procureurs égyptiens afin qu’elle soit traduite en justice pour espionnage au profit d’Israël et incitation à commettre des crimes de guerre.
La controverse a éclaté lorsque Ziada s’est adressée à l’Institute for National Security Studies (INSS), un groupe de réflexion israélien, il y a trois semaines. Elle y a critiqué le Hamas pour son attaque à grande échelle contre Israël le 7 octobre, qui a fait plus de 1 200 morts, pour la plupart des civils, et au cours de laquelle au moins 240 personnes, dont des enfants et des personnes âgées, ont été enlevées et prises en otage dans la bande de Gaza.
Ziada a justifié la réponse militaire d’Israël, qui vise à évincer le Hamas du pouvoir à Gaza et à obtenir la libération des otages, en disant qu’elle espérait qu’elle serait couronnée de succès.
Elle a réitéré ses remarques lors d’une interview accordée à la chaîne publique Kan, diffusée mercredi.
La chaîne n’a pas révélé où se trouvait Ziada en raison des menaces qui pèsent sur elle. Kan a diffusé l’interview en arabe, avec des sous-titres en anglais, sur les réseaux sociaux.
Interrogée sur son état de santé, Ziada a répondu : « Dieu soit loué, je suis toujours en vie. »
Elle a ajouté qu’elle ne regrettait pas ses déclarations à l’INSS. « Au contraire, si on me le demandait, je les répéterais », a affirmé Ziada.
« Je soutiens sans réserve les actions menées par Israël pour éliminer le Hamas », a-t-elle déclaré, tout en soulignant que son intention n’était pas d’inciter à la violence contre les Palestiniens.
« Au contraire, je suis absolument contre la moindre effusion de sang, que ce soit du côté palestinien ou du côté israélien. Il s’agit de civils qui ne sont pas responsables de ce qui se passe. »
« Néanmoins, je soutiens totalement la guerre d’Israël contre le Hamas. Je la soutiens à 100 % et j’invite le monde entier à la soutenir. »
Elle a imaginé ce à quoi pourrait ressembler le Moyen-Orient sans le Hamas, soutenu par l’Iran, ni aucune autre organisation islamiste extrémiste.
Selon elle, la situation serait « sans aucun doute mille fois meilleure ».
« J’espère qu’Israël parviendra à éliminer le Hamas, je le soutiens pleinement », a-t-elle répété. « J’espère que l’armée israélienne parviendra à éliminer le Hamas le plus rapidement possible, libérant ainsi toute la région de ce fléau qu’est le Hamas. »
« Je n’ai absolument pas l’intention de cesser de condamner le Hamas ou les organisations islamistes radicales et de les combattre, ainsi que ceux qui les soutiennent », a-t-elle ajouté. « Même s’il s’agit de pays puissants, je continuerai à les combattre parce que ce sont mes convictions. »
S’adressant aux Israéliens, Ziada a dit : « Avant tout, je partage votre douleur sur ce qui s’est passé lors du massacre du 7 octobre. »
Elle a évoqué les vidéos qu’elle a vues de l’attaque, déclarant : « Je ne peux pas décrire les horreurs que j’ai vues. » Peinant à trouver ses mots elle finit par ajouter : « C’est quelque chose qu’on ne peut même pas imaginer ».
À la question de savoir si elle avait l’intention de retourner en Égypte, Ziada a répondu qu’elle l’espérait mais que, vu les menaces de mort et les procès engagés contre elle, « dans la situation actuelle, je pense que ce serait une folie. Ce serait comme me jeter au feu ».
Ziada a promis de continuer à œuvrer pour la paix entre l’Égypte et Israël « et entre tous les Arabes et Israël », citant l’entretien avec Kan comme un exemple de sa détermination à s’exprimer.
Elle a fait l’éloge du traité de paix conclu par Israël avec l’Égypte en 1979 et de la coopération en matière de sécurité entre les deux voisins.
« Sans la collaboration des forces sécuritaires israéliennes avec les forces égyptiennes… les groupes terroristes seraient encore dans le Sinaï aujourd’hui », a-t-elle déclaré, en référence à la période de troubles dans la péninsule du Sinaï, marquée par des attaques terroristes meurtrières contre les forces de sécurité égyptiennes.
Les groupes terroristes à l’origine de ces attaques, a-t-elle noté, « ont été créés par le Hamas dans le Sinaï ».
Dans son entretien avec l’INSS, Ziada a déclaré qu’il était erroné de penser que le Hamas se battait pour la cause palestinienne. Au contraire a-t-elle affirmé, « s’il se souciait des Palestiniens, il n’aurait jamais commis les massacres du 7 octobre ».
« Même un enfant le sait : Si vous attaquez des civils israéliens comme ils l’ont fait, vous ne pouvez que vous attendre à des représailles », a-t-elle déclaré. « Israël fait ce que n’importe quel pays au monde aurait fait si ses citoyens avaient été attaqués. Il s’en prend aux organisations terroristes qui ont tué son peuple. C’est normal. »
Un extrait de l’interview a été partagé sur les réseaux sociaux par l’ambassade d’Israël à Washington.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, plus de 14 000 personnes auraient été tuées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, dont au moins 5 500 enfants et 3 500 femmes. Les chiffres fournis par le groupe terroriste ne peuvent être vérifiés de manière indépendante et ne distinguent pas les civils des terroristes du Hamas. Ils ne font pas non plus la distinction entre les personnes tuées par les frappes aériennes israéliennes et celles tuées par des tirs de roquettes palestiniennes ratés, comme celle qui a touché l’hôpital Al-Ahli en octobre.
Ziada milite depuis longtemps en faveur d’une démocratisation libérale en Égypte. Auteure de plusieurs ouvrages sur la politique au Moyen-Orient, elle est présidente de l’Institut de la démocratie libérale, basé au Caire, et directrice exécutive du Centre d’études du Moyen-Orient et de la Méditerranée orientale (MEEM).