Ehud Barak appelé à se présenter aux primaires des Travaillistes
L'ex-Premier ministre et ancien dirigeant du parti de gauche a déclaré qu'il ne se présenterait pas en mars après avoir manqué son retour en politique en 2019
D’éminents membres travaillistes ont appelé, jeudi, Ehud Barak – ancien dirigeant de la formation et ex-Premier ministre – à réintégrer ses rangs et à prendre part aux primaires du parti.
Dans un communiqué public, huit membres du bureau travailliste ont demandé à Barak de se présenter au vote, qui aura lieu dans deux semaines.
« La situation exige que vous vous portiez candidat dans l’intérêt d’Israël », dit le communiqué. « Il n’y a actuellement aucune autre personnalité, sur la carte politique, possédant votre expérience, votre esprit de leadership et votre statut national qui sont nécessaires pour réussir à changer le gouvernement. »
Tous les signataires du courrier sont considérés comme des partisans du chef actuel du parti, Amir Peretz, qui a annoncé qu’il ne se présenterait pas aux primaires et qu’il était plutôt intéressé par la présidence.
Il y a aujourd’hui deux candidats à la direction de la formation travailliste, la députée Merav Michaeli et l’avocat Gil Beilin. Le numéro deux du parti, Itzik Shmuli, ministre actuel des Affaires sociales, prendra une décision sur une éventuelle présentation de sa candidature dans les prochains jours, a noté le site Walla.
Barak a déclaré dans de récents entretiens qu’il ne se présenterait pas au mois de mars. Il n’avait pas pris part aux primaires travaillistes il y a un an et demi, décidant plutôt de former sa propre faction, le Parti démocratique israélien. Il s’était présenté sur une liste conjointe avec le Meretz et avait échoué à franchir le seuil électoral nécessaire pour entrer à la Knesset lors du scrutin de 2019.
Au début du mois, la cour de district de Tel Aviv a estimé que les Travaillistes devaient organiser des primaires, malgré la décision prise par Peretz de les annuler.
Le jugement donnait raison à une plainte déposée par Michaeli, qui avait demandé à ce que le Parti travailliste soit placé dans l’obligation d’honorer sa constitution – ce qui exigeait l’organisation de primaires à la tête du parti et un vote pour déterminer la liste électorale en amont du scrutin du mois de mars prochain.
Michaeli avait porté plainte après l’annonce par Peretz qu’il ne se représenterait pas à la tête du parti et que la liste toute entière serait déterminée par le Comité central travailliste plutôt que par les membres de la formation, par le biais d’un vote. L’initiative avait été considérée comme une tentative visant à transmettre directement la direction de la formation à Shmuli.
Michaeli, qui avait refusé la décision prise par Peretz d’entrer dans un gouvernement d’unité aux côtés du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a salué le jugement des magistrats, disant qu’il « défendait le droit des membres du Parti travailliste à élire ceux qui vont les représenter ».
Des élections primaires sont apparues dans la politique israélienne au début des années 1990, quand plusieurs partis majeurs avaient cherché à dynamiser le soutien apporté par les électeurs en renforçant la participation au processus démocratique. Depuis, toutefois, la plus grande partie des nouveaux mouvements ont renoncé aux élections internes, optant plutôt pour un système dans lequel le leader d’une formation ou une commission formée de responsables déterminent la liste « parfaite », en se soustrayant aux caprices des adhérents.
Le Parti travailliste, parti de gauche qui, pendant les 30 premières années d’existence d’Israël, a tenu la barre du pays et a été une force dominante dans la politique de l’État juif jusqu’à il y a plusieurs années, a perdu pratiquement tous ses soutiens. Aucun sondage récent n’a indiqué qu’il pourrait entrer à la Knesset en se présentant seul devant l’électorat.
Au mois d’avril, après les dernières élections, la commission centrale du parti avait voté en faveur de l’intégration des Travaillistes au sein du gouvernement d’unité, trahissant des promesses de campagnes répétées de ne jamais servir sous l’autorité d’un Premier ministre sous le coup d’une mise en examen pour corruption. Peretz est devenu ministre des Finances et Shmuli ministre du Travail et des Affaires sociales.
Michaeli avait rejeté la perspective de servir sous la direction de Netanyahu, ce qui avait fait d’elle une opposante de facto au sein du parti et de la coalition.
Netanyahu et le chef de Kakhol lavan, Banny Gantz, avaient conclu un accord qui devait permettre à Gantz de remplacer Netanyahu au poste de Premier ministre au mois de novembre 2021, mais une faille dans le pacte a entraîné l’effondrement de la coalition en raison du refus de Netanyahu d’adopter un budget annuel.
Les Israéliens se préparent donc à se rendre aux urnes pour la quatrième fois en l’espace de deux ans. Le vote aura lieu le 23 mars.
Barak, politicien de centre-gauche qui a précédemment été chef d’État-major de l’armée, a été Premier ministre de 1999 à 2001 et dirigeant du Parti travailliste. Après avoir terminé son mandat, il avait mis un terme à sa carrière politique avant de revenir quelques années plus tard et de servir au poste de ministre de la Défense sous Netanyahu. Il avait décidé de mettre fin à sa carrière en 2013 une deuxième fois.
Il avait tenté de faire un retour en se présentant aux élections à la Knesset, en 2019, dans le cadre du Camp démocratique israélien, mais sa faction n’avait pas franchi le seuil électoral. Sa campagne avait été ternie par les anciens liens d’affaires qu’il entretenait avec le financier américain Jeffrey Epstein.