Ehud Barak, David Grossman : Ne laissez pas Netanyahu s’adresser au Congrès
Qualifiant l’invitation de "terrible erreur" ne "représentant ni Israël, ni ses citoyens", d’importantes personnalités israéliennes exhortent Washington à annuler l’invitation
Plusieurs personnalités israéliennes, dont l’ancien Premier ministre Ehud Barak, ont demandé à Washington d’annuler l’invitation faite au Premier ministre Benjamin Netanyahu de s’adresser au Congrès le 24 juillet, dans une tribune publiée dans les colonnes du New York Times.
Le texte qualifie l’invitation de « terrible erreur » et prévient que le discours « ne sera pas représentatif de l’État d’Israël ni de ses citoyens, et récompensera sa conduite scandaleuse et destructrice à l’égard de notre pays ».
Alors qu’une telle invitation serait normalement accueillie favorablement comme un signe de liens étroits avec les États-Unis, le groupe affirme qu’une telle invitation aurait dû être conditionnée à un plan visant à mettre fin à la guerre à Gaza, à sauver les otages et à organiser de nouvelles élections en Israël, tâches que Netanyahu n’a pas réussi à accomplir.
« Inviter Netanyahu récompensera son mépris pour les efforts américains visant à établir un plan de paix, à permettre l’acheminement d’une aide plus importante aux habitants assiégés de Gaza, et aux efforts visant à épargner les civils », peut-on lire dans l’article.
« Il a rejeté à plusieurs reprises le plan du président [américain] Biden visant à chasser le Hamas du pouvoir à Gaza par le biais d’une force de maintien de la paix. Une telle initiative entraînerait très probablement dans son sillage une alliance régionale beaucoup plus large, y compris une proposition de résolution du conflit israélo-palestinien, ce qui n’est pas seulement dans l’intérêt d’Israël, mais aussi dans celui des deux partis politiques aux États-Unis. Netanyahu est le principal obstacle à ces objectifs ».
L’article fustige Netanyahu pour sa « refonte autoritaire d’Israël » et affirme que le discours au Congrès donnera au Premier ministre l’occasion de « se vanter auprès de ses électeurs de ce prétendu soutien de l’Amérique à ses politiques ratées. »
« Ses partisans en Israël seront encouragés par son apparition au Congrès à insister sur la poursuite de la guerre, ce qui éloignera encore plus tout accord visant à obtenir la libération des otages, y compris celle des ressortissants américains », ajoute l’organisation.
« Accorder à Netanyahu une tribune à Washington reviendrait à faire fi de la rage et de la douleur de son peuple, exprimées dans les manifestations organisées à travers tout le pays. Les législateurs américains ne devraient pas autoriser cela. Ils devraient demander à Netanyahu de rester chez lui. »
Le texte a été signé par David Harel, président de l’Académie des sciences et des lettres d’Israël ; Tamir Pardo, ancien directeur de l’agence d’espionnage du Mossad ; Talia Sasson, ancienne procureure au bureau du procureur de l’État ; Ehud Barak, ancien Premier ministre ; Aaron Ciechanover, qui a obtenu le Prix Nobel de chimie en 2004 ; et l’écrivain David Grossman.