Ehud Barak ne reviendra pas au parti Travailliste
L'ex-Premier ministre rejette les appels à rejoindre son ancien parti, estimant que les fusions politiques "nécessaires" pour le changement gouvernemental sont improbables
L’ancien Premier ministre Ehud Barak a indiqué lundi qu’il ne se présenterait pas à la tête du parti Travailliste moribond lors du scrutin du mois de mars.
Il y a eu des rumeurs, ces dernières semaines, qui avaient laissé entendre que Barak se présenterait pour prendre la présidence du parti au cours des prochaines primaires. Mais Barak a expliqué sur son compte Facebook avoir pris la décision de ne pas rallier son ancienne formation.
Il a expliqué avoir « principalement réfléchi » à la « chance de mettre en place un vaste bloc unifié qui permettrait de déboucher sur l’établissement d’un gouvernement qui prendrait en charge les crises humanitaire et économique profondes » et de redonner confiance dans le gouvernement.
« J’ai constaté qu’il y avait beaucoup de bonne volonté et de bonnes intentions, mais qu’il n’y a pas encore cette maturité qui est nécessaire pour prendre des décisions concernant la mise en place d’un tel bloc », a-t-il ajouté.
Barak a expliqué que la possibilité d’une union entre les principaux partis de centre-gauche – elle comprendrait notamment les Travaillistes, Yesh Atid et HaIsraelim – était encore incertaine et qu’il pensait « qu’une telle union est une condition nécessaire au changement de gouvernement ».
« C’est avec le cœur lourd, dans les circonstances actuelles, que j’en suis arrivé à conclure que ce ne serait pas une bonne chose de me présenter comme candidat à la tête du parti Travailliste », a-t-il encore écrit, précisant qu’il avait reçu des demandes le pressant de réintégrer la formation de la part des dirigeants de cette dernière et de « centaines » de personnes.
חברות וחברים יקרים,אני מודה מכל לב לכם חברי הנהלת מפלגת ה'עבודה' והפעילים מכל רחבי הארץ, על האמון המרגש המקופל במאות…
Posted by Ehud Barak – אהוד ברק on Monday, January 18, 2021
La semaine dernière, les membres du comité central Travailliste avaient appelé Barak à se présenter aux primaires dans un communiqué public.
« La situation d’urgence exige que vous vous portiez candidat dans l’intérêt d’Israël », avait dit le communiqué. « Il n’y a actuellement aucune autre personnalité, sur la carte politique, possédant votre expérience, votre esprit de leadership et votre statut national qui sont nécessaires pour réussir à changer le gouvernement. »
Tous les signataires du courrier étaient des partisans du chef actuel du parti, Amir Peretz, qui a annoncé qu’il ne se présenterait pas aux primaires et qu’il était plutôt intéressé par la présidence.
Il y a aujourd’hui deux candidats à la direction de la formation travailliste, la députée Merav Michaeli et l’avocat Gil Beilin. Le numéro deux du parti, Itzik Shmuli, actuel ministre des Affaires sociales, prendra une décision sur une éventuelle présentation de sa candidature dans les prochains jours.
Au début du mois, la cour de district de Tel Aviv avait estimé que les Travaillistes devaient organiser des primaires, malgré la décision prise par Peretz de les annuler.
Les primaires étaient apparues dans la politique israélienne au début des années 1990, quand plusieurs partis majeurs avaient cherché à dynamiser le soutien apporté par les électeurs en renforçant la participation au processus démocratique. Depuis, la plus grande partie des nouveaux mouvements ont néanmoins renoncé aux élections internes, optant plutôt pour un système dans lequel le leader d’une formation ou une commission formée de responsables déterminent la liste « parfaite », en se soustrayant aux caprices des adhérents.
Le Parti travailliste, parti de gauche qui, pendant les 30 premières années d’existence d’Israël, a tenu la barre du pays et a été une force dominante dans la politique de l’État juif jusqu’à il y a plusieurs années, a perdu pratiquement tous ses soutiens.
Au mois d’avril, après les dernières élections, la commission centrale du parti avait voté en faveur de l’intégration des Travaillistes au sein du gouvernement d’unité, trahissant des promesses de campagnes répétées de ne jamais servir sous l’autorité d’un Premier ministre sous le coup d’une mise en examen pour corruption. Peretz est devenu ministre des Finances et Shmuli ministre du Travail et des Affaires sociales.
Michaeli avait rejeté la perspective de servir sous la direction de Netanyahu, ce qui avait fait d’elle une opposante de facto au sein du parti et de la coalition.
Netanyahu et le chef de Kakhol lavan, Benny Gantz, avaient conclu un accord qui devait permettre à Gantz de remplacer Netanyahu au poste de Premier ministre au mois de novembre 2021, mais une faille dans le pacte a entraîné l’effondrement de la coalition en raison du refus de Netanyahu d’adopter un budget annuel.
Les Israéliens se préparent donc à se rendre aux urnes pour la quatrième fois en l’espace de deux ans. Le vote aura lieu le 23 mars.
Barak n’avait pas pris part aux dernières primaires du parti, il y a un an et demi, choisissant de former sa propre faction, le Camp démocratique israélien. Il s’était présenté sur une liste conjointe avec le Meretz et avait échoué à franchir le seuil électoral nécessaire pour entrer à la Knesset lors du scrutin du mois de septembre 2019.
Barak, politicien de centre-gauche qui a précédemment été chef d’État-major de l’armée, a été Premier ministre de 1999 à 2001 et dirigeant du Parti travailliste. Après avoir terminé son mandat, il avait mis un terme à sa carrière politique avant de revenir quelques années plus tard et de servir au poste de ministre de la Défense sous Netanyahu. Il avait décidé de mettre fin à sa carrière en 2013 une deuxième fois.
Il avait tenté de faire un retour en se présentant aux élections à la Knesset, en 2019, dans le cadre du Camp démocratique israélien, mais sa faction n’avait pas franchi le seuil électoral. Sa campagne avait été ternie par les anciens liens d’affaires qu’il entretenait avec le financier américain Jeffrey Epstein.