Eisenkot demande à rencontrer Netanyahu et Katz sur les échecs de la guerre
Les membres de l'opposition siégeant à la commission des Affaires étrangères et de la défense avertissent que le Hamas et le Jihad islamique palestinien reconstituent leurs rangs à Gaza, accusant le Premier ministre de négligence

Gadi Eisenkot, qui siégeait au sein du cabinet de guerre en tant qu’observateur, a pris la tête des membres de l’opposition de la puissante commission des Affaires étrangères et de la défense de la Knesset pour demander une réunion, en toute urgence, avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et avec le ministre de la Défense Israël Katz, invoquant l’incapacité à atteindre les objectifs de la guerre de Gaza en cours.
Eisenkot, ancien chef d’état-major de Tsahal et actuel député du parti d’opposition HaMahane HaMamlahti, a été rejoint par les autres parlementaires de l’opposition qui sont membres de la commission – Ram Ben Barak, Meir Cohen, Elazar Stern, Moshe Tur-Paz, Sharon Nir et Merav Michaeli – lors de l’envoi d’une lettre au président de la commission, le député Likud Yuli Edelstein, une missive qui est consacrée à la résurgence alarmante des groupes terroristes dans la bande de Gaza.
« Ces derniers jours, nous avons été informés que la puissance militaire du Hamas et du Jihad islamique palestinien (PIJ) s’est rétablie, au point que le Hamas compte plus de 25 000 membres et que le Jihad islamique compte plus de 5 000 terroristes armés », ont-ils écrit.
L’armée israélienne avait fait savoir, au mois de février, qu’elle avait tué environ 20 000 terroristes à Gaza depuis le pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. Toutefois, le Hamas aurait recruté entre 10 000 et 15 000 nouveaux membres, selon les services de renseignement américains.
« Au cours du mois dernier, le gouvernement israélien n’a pas assumé ses responsabilités en matière de commandement suprême de l’armée israélienne et il n’a pas fait avancer les objectifs de la guerre, qui sont de ramener les otages et de détruire la puissance militaire et gouvernementale du Hamas », poursuit le courrier.
Selon les auteurs de la lettre, Netanyahu et son cabinet n’ont pas tenu compte d’une décision prise par le cabinet de guerre au mois de mai 2024 et d’une résolution qui avait été adoptée par le gouvernement au mois de janvier 2025 – qui soulignaient toutes les deux les efforts déployés pour garantir le retour des otages, ce qui inclut les deuxième et troisième phases du cessez-le-feu actuellement en cours avec le Hamas.

Des négociations sur le cessez-le-feu, dans la bande de Gaza, ont eu lieu à Doha, ces dernières semaines. L’envoyé spécial des États-Unis, Steve Witkoff, a présenté une nouvelle proposition qui vise à prolonger la trêve de plusieurs semaines au sein de l’enclave côtière, en échange de la remise en liberté, par le Hamas, de cinq otages vivants et de dix otages décédés.
Les négociateurs israéliens sont rentrés du Caire hier soir et les responsables israéliens ont annoncé qu’ils étaient prêts à poursuivre les pourparlers sur la base de l’ébauche qui a été soumise par Witkoff.
59 otages sont encore détenus aujourd’hui à Gaza. 24 d’entre eux seraient encore en vie, selon Israël.

Les informations portant sur la proposition ont suscité l’inquiétude des familles des otages, qui ont déclaré que l’accord, s’il était conclu, laisserait un grand nombre de leurs proches en captivité pour une « période longue et indéterminée ».
La lettre écrite par les députés de l’opposition accuse également Netanyahu de violer l’arrêt de la Haute Cour de justice du mois de juin 2024 concernant le recrutement, au sein de l’armée, des étudiants en yeshiva.
L’année dernière, la Cour avait statué qu’une décision gouvernementale datant du mois de juin 2023, qui ordonnait à l’armée de ne pas commencer à enrôler les hommes haredim éligibles – une décision qui avait été émise après l’expiration de la loi autorisant des exemptions générales de service militaire – était illégale et que le gouvernement devait donc s’employer activement à intégrer au sein de Tsahal des recrues ultra-orthodoxes.
Le gouvernement a fait savoir qu’il travaillait à l’élaboration d’une législation sur la question, mais celle-ci est restée largement au point mort dans le sillage de divisions politiques fortes. De leur côté, les militaires n’ont pas fait appel à un grand nombre d’hommes ultra-orthodoxes.
« Tout cela porte préjudice à la sécurité et aux intérêts nationaux de l’État d’Israël. C’est pourquoi nous vous demandons de convoquer d’urgence le Premier ministre et le ministre de la Défense pour une discussion au sein de la commission », conclut la lettre.