Eisenkot dénonce le soutien d’élus de la coalition à la « réinstallation » à Gaza
Le ministre de l'Éducation et le ministre des Affaires sociales se joignent au ministre du cabinet de guerre pour critiquer la conférence de dimanche soir
Le ministre du cabinet de guerre, Gadi Eisenkot, a vivement critiqué les ministres et les députés de la coalition qui ont participé dimanche soir à une conférence organisée par la droite, appelant Israël à rétablir les implantations dans la bande de Gaza à la fin de la guerre avec le Hamas, ajoutant sa voix à un chœur de critiques émanant à la fois de l’opposition et des législateurs de la coalition.
La conférence, qui s’est tenue à Jérusalem, était très animée : des milliers de personnes de la communauté sioniste religieuse y ont assisté, ainsi que 11 ministres du gouvernement et 15 députés de la coalition.
Plusieurs des élus qui ont pris la parole, dont le ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite Itamar Ben Gvir et le ministre des Communications Shlomo Karhi, membre du parti Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, ont mentionné la possibilité « d’encourager l’émigration volontaire » des Palestiniens de Gaza, ainsi que le rétablissement des implantations dans l’enclave de Gaza, d’où Israël s’est retiré en 2005.
Dans une publication sur X (anciennement connu sous le nom de Twitter) lundi, Eisenkot, ancien chef d’état-major de Tsahal, a écrit que ceux qui ont participé à la conférence – et en particulier les élus – « n’ont rien appris des événements de l’année écoulée, de l’importance de prendre des mesures qui bénéficient d’un large consensus national et d’une forte solidarité au sein de la société israélienne. »
« Alors que les troupes combattent côte à côte dans une guerre plus que jamais justifiée, et alors que nous avons choisi de nous pencher sur ce qui nous unit, même s’il y existe des différences, d’autres trouvent le temps de se concentrer sur un événement qui sème le chaos au sein de la société israélienne, renforce la méfiance à l’égard du gouvernement et de ses représentants élus et, surtout, approfondit les divisions sur ce qui nous rassemble », a ajouté Eisenkot, qui a perdu son fils et son neveu, morts tous les deux au cours des combats à Gaza.
En réponse à Eisenkot, la ministre des Implantations et des Missions nationales, Orit Strouk (HaTzionout HaDatit), a déclaré que « le ministre Eisenkot a droit à ses opinions, et nous avons droit aux nôtres ».
« Les objectifs de la guerre, fixés par un très large consensus, n’ont pas changé », a ajouté Strouk. « Au-delà des accords généraux, il est permis et même encouragé pour les représentants de la population d’avoir des opinions différentes. »
Bien qu’il maintienne qu’Israël ne cherche pas à rétablir des implantations dans l’enclave de Gaza ou à encourager « l’émigration volontaire » des Palestiniens de l’enclave, Netanyahu n’a pas condamné la présence de hauts responsables du gouvernement à l’événement de dimanche soir.
Eisenkot n’est pas le seul membre de la coalition à avoir critiqué l’événement. Le ministre de l’Éducation, Yoav Kisch, s’est également élevé contre les participants, parmi lesquels se trouvaient six de ses collègues du Likud.
S’exprimant à la radio de l’armée lundi matin, Kisch a indiqué que la tenue d’un tel événement était, à son avis, une erreur.
« Ce n’est pas le moment d’avoir cette conversation. Ce n’est pas le moment. Nous devons recentrer le discours sur l’unité au sein de nos troupes ».
Dans le même esprit, le ministre des Affaires sociales Yaakov Margi, du parti ultra-orthodoxe Shas, a déclaré à la station de radio haredi Kol Berama que les gens devaient faire preuve de plus de retenue « en ces temps très tendus. »
« Les meilleurs de nos fils se trouvent actuellement dans la bande de Gaza et souffrent », a déclaré le ministre haredi. « Les élus doivent comprendre l’importance de l’heure, l’importance de leur rôle et la signification des titres dont ils sont investis. »
Le chef de l’opposition, Yair Lapid a déclaré que le gouvernement avait « atteint des sommets » et a qualifié la présence de politiciens du Likud à l’événement de « honte pour Netanyahu et pour un parti qui était autrefois au centre du camp national et qui est maintenant à la traîne, impuissant, derrière les extrémistes. »
Il a averti que cette conférence risquait de nuire davantage à la position d’Israël sur la scène internationale et de mettre en péril les chances de récupérer les otages du 7 octobre encore aux mains du groupe terroriste du Hamas dans la bande de Gaza.