Élection du grand rabbin : la procureure-générale appelle à un second tour
Cette requête a été faite après qu'une erreur de vote a finalement placé les rabbins Micha Halevi et Kalman Bar à égalité avec 40 voix chacun lors du scrutin de dimanche dernier au grand rabbinat

L’Assemblée électorale du grand rabbinat doit organiser un second tour de scrutin pour élire le prochain grand rabbin ashkénaze dans les meilleurs délais, a indiqué lundi soir le Bureau de la procureure-générale au ministère des Services religieux, un peu plus d’une semaine après que le premier tour s’est soldé par une égalité entre les deux candidats.
Si le rabbin David Yosef a été désigné grand rabbin séfarade dimanche dernier, le vote pour son homologue ashkénaze n’a pas été concluant. Micha Halevi, grand rabbin de Petah Tikva, et Kalman Bar, rabbin ashkénaze de la ville de Netanya, ont obtenu 40 voix chacun.
Après l’élection, il s’est avéré qu’une enveloppe vide avait été soumise au cours de l’élection du grand rabbin ashkénaze, tandis qu’une enveloppe contenant des bulletins pour les rabbins Yosef et Halevi avait été introduite, apparemment par erreur, dans l’urne utilisée pour le scrutin désignant le grand rabbin séfarade.
Dans une lettre adressée au conseiller juridique du ministère des Services religieux, la procureure-générale adjointe Avital Sompolinsky a estimé que, parce qu’il avait été placé dans la mauvaise enveloppe, le vote supplémentaire en faveur d’Halevi ne pouvait pas être comptabilisé et que l’intention de l’électeur ne pouvait pas être établie de manière fiable.
En conséquence, l’Assemblée électorale devra « se préparer dès que possible à un nouveau tour dans l’élection du Grand Rabbin ashkénaze », a-t-elle écrit.
En réponse à la lettre de Sompolinsky, les avocats de Bar ont écrit à la procureure-générale adjointe, notant que le ministère n’avait fixé « aucune date » pour le prochain tour et accusant certains de tenter sciemment de retarder le vote.

Un porte-parole du ministre des Services religieux, Michael Malkieli, n’a pas répondu à une demande de commentaire du Times of Israel.
Halevi est un candidat de la ligne dure, soutenu à la fois par le parti d’extrême droite Hationout HaDatit de Bezalel Smotrich et par le Shas. Il a récemment fait l’objet d’une controverse dans le sillage d’un scandale concernant la supervision des produits casher à Petah Tikva. Il a également été critiqué pour avoir promis de ne pas se présenter aux élections.
Malgré son ancrage au sein de la communauté sioniste religieuse et dans le mouvement de jeunesse Bnei Akiva, Bar bénéficie du soutien de Degel HaTorah, un parti ultra-orthodoxe.
Smotrich souhaite briser la mainmise de longue date de la communauté ultra-orthodoxe sur le poste de grand rabbin ashkénaze en élisant une personnalité issue de la communauté sioniste religieuse.
Le rabbin Seth Farber, directeur de l’organisation à but non lucratif ITIM, qui aide les Israéliens à naviguer dans la bureaucratie religieuse compliquée du pays, a déclaré au Times of Israel : « Il y a de nombreux intérêts politiques » qui entrent en compte concernant la désignation finale du prochain grand rabbin.
« J’espère qu’ils avanceront avec efficacité sur la base de la décision prise par Sompolinsky et que nous aurons un grand rabbin dans quelques semaines », même s’il est possible que la question finisse par faire l’objet d’un litige devant la Haute Cour de justice, a-t-il ajouté.
Les deux derniers grands rabbins d’Israël, l’Ashkénaze David Lau et le Sépharade Yitzhak Yosef, ont quitté leurs fonctions au mois de juillet, laissant les postes officiellement vacants pour la première fois en plus d’un siècle – les élections visant à nommer leurs remplaçants et les personnes appelées à siéger à la Commission du Grand Rabbinat ayant été repoussées à plusieurs reprises. Ils avaient été élus pour un mandat de 10 ans en 2013.

Les élections avaient été initialement reportées par la Knesset, l’été dernier, après que le ministre des Services religieux Malkieli, qui appartient au parti ultra-orthodoxe Shas, a fait remarquer que le vote municipal pourrait interférer avec les élections rabbiniques.
La date avait ensuite été à nouveau repoussée en raison de deux arrêts de la Cour suprême. Lau et Yosef sont tous deux issus de dynasties rabbiniques et la Cour a décidé que, comme ils avaient tous les deux des frères candidats à leur succession, les grands rabbins ne pouvaient pas participer au choix des membres de l’instance forte de 150 fauteuils qui votera pour nommer leurs successeurs. La seconde décision leur demandait « d’envisager » d’intégrer davantage de femmes au sein de l’instance chargée du vote.
Seuls 140 délégués – tous des hommes – ont voté dimanche.
Le Grand Rabbinat, une instance centenaire, supervise les lois matrimoniales, les rites funéraires, les tribunaux rabbiniques, les certifications casher, les conversions juives et d’autres aspects de la vie familiale et religieuse juive en Israël.
Un sondage réalisé au mois de juin par l’Institut israélien de la Démocratie, auprès de plus de 600 personnes juives, a révélé que 54 % d’entre elles n’acceptaient pas le grand rabbinat en tant qu’autorité religieuse ou spirituelle et que l’identité des prochains grands rabbins n’était pas non plus particulièrement importante (55 %).
Gavriel Fiske a contribué à cet article.