Elections : Le Likud s’est renforcé où il le fallait mais Kakhol lavan a stagné
Les résultats montrent une polarisation géographique avec certaines parties du pays offrant une claire avancée au parti du Premier ministre et d'autres à son rival
Le jour des élections, au mois d’avril et au mois de septembre 2019, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait consacré la plus grande partie de la journée à mettre en garde contre des voix perdues pour le Likud – clamant de manière répétée que la participation des électeurs était faible dans les bastions traditionnels du parti au pouvoir, tout en avertissant que les zones soutenant la formation rivale de Kakhol lavan connaissaient une forte mobilisation des votants.
Cette fois-ci, au cours du scrutin de lundi, il n’a pas employé la même campagne de « Gevalt » – au moins pas avec la même intensité que lors des deux précédents votes.
Mais deux heures avant la fermeture des bureaux, il a émis une « actualisation d’urgence » très spécifique sur Twitter, affirmant que la participation électorale était faible dans six bastions du Likud – Eilat, Tibériade, Netanya, Migal Haemek, Kiryat Gat et Kiryat Ata — et recommandant vivement aux « Likudnikim » de sortir « voter maintenant ! »
Un regard posé sur les résultats « presque finaux » de la commission électorale, mercredi, et particulièrement dans ces six villes, montre une tendance qui pourrait aider à expliquer les changements intervenus depuis la dernière élection, quand Kakhol lavan l’avait emporté sur le Likud.
La commission a annoncé qu’après le décompte de 99,85 % des bulletins – à l’exception des « doubles enveloppes » qui contiennent les votes des soldats, des diplomates, des malades hospitalisés, des prisonniers et des 25 (sur plus de 10 000) bureaux de votes où des irrégularités ont été enregistrées lors du scrutin – le Likud conservait une avance de 3 sièges sur Kakhol lavan.
Les résultats presque définitifs donnent au Likud un total de 36 fauteuils contre 33 à Kakhol lavan ; en troisième arrive la Liste arabe unie avec 15 sièges. Viennent ensuite le parti ultra-orthodoxe Shas (neuf sièges), YaHadout HaTorah, Yisrael Beytenu d’Avigdor Liberman et l’union Travailliste Gesher-Meretz avec sept sièges et enfin Yamina avec six.
Selon ces résultats, le bloc religieux de droite formé par le Likud et les partis qui soutiennent Netanyahu passe de 55 à 58 sièges tandis que le bloc de centre-gauche – en y incluant la Liste arabe unie, qui n’a jamais été membre d’un gouvernement – passe de 57 sièges à 55.
Alors qu’un aperçu de la répartition des 4 577 498 votes au total (décomptés jusqu’à présent), révèle de fortes divisions entre secteurs géographiques – avec certaines parties du pays qui donnent une importante avancée au Likud et d’autres qui ont opté pour Kakhol lavan – un réexamen clair des résultats par municipalité montre une participation électorale significativement plus forte dans de nombreuses villes qui se sont orientées à droite si on les compare avec les résultats du mois de septembre.
Cette polarisation générale apparaît clairement dans les résultats de Tel Aviv, en contraste avec ceux de Jérusalem.
A Jérusalem, le Likud est arrivé premier avec 27,8 % des votes (et l’importante communauté ultra-orthodoxe a poussé à la deuxième place la formation YaHadout HaTorah, avec 24,2 % des voix). Kakhol lavan, de l’autre côté, a seulement séduit 12,5 % des électeurs dans la capitale d’Israël.
La ville côtière de Tel Aviv, de l’autre côté, avec sa base électorale jeune et libérale, a voté à 48,2 % en faveur de Kakhol lavan, tandis que le Likud est arrivé deuxième avec 21,8 % (devant l’alliance de gauche Travailliste-Gesher-Meretz, qui n’a glané que 14,5 % des bulletins).
En fait, Kakhol lavan a pris le dessus sur le Likud dans la plus grande partie des villes israéliennes qui entourent Tel Aviv alors que la formation au pouvoir s’est attirée un soutien fort, en premier lieu, dans le sud du pays. Dans le nord, c’est un modèle similaire qui est apparu, Gantz l’emportant largement dans la métropole de Haïfa tandis que Netanyahu a raflé un grand nombre des villes « de la périphérie » plus petites.
Dans la ville de Givatayim, par exemple, dans le centre de l’Etat juif, Kakhol lavan a gagné 55,5 % des voix tandis que le Likud n’a séduit que 20,3 % des électeurs. A Modiin, 45,5 % des bulletins jetés dans l’urne portaient les couleurs de Kakhol lavan et 28,7 % celles du Likud. A Herzliya, Kakhol lavan a dominé la course avec 51,4 % des voix, contre 27,1 % pour le Likud. A Ramat Gan, Kakhol lavan a remporté 46,6 % des votes, un chiffre à comparer avec les 28,6 % en faveur du Likud.
Mais une comparaison entre les résultats du mois de septembre – Kakhol lavan avait surpassé le Likud dans l’ensemble en gagnant 33 sièges contre 32 pour le parti au pouvoir – montre que Kakhol lavan a systématiquement échoué à dynamiser de manière importante les votes en sa faveur dans ces villes et que le Likud, pour sa part, est parvenu à le faire.
Un point de comparaison qui est particulièrement parlant dans les quelques villes du centre du pays où le Likud et Kakhol lavan auront mené des courses étroites lors des deux échéances électorales.
Au mois de septembre, par exemple, à Rishon Lezion, le Likud avait remporté 33,9 % des voix derrière Kakhol lavan, avec 36,6 %. Cette fois-ci, le Likud domine Kakhol lavan avec 40,2 % des votes, tandis que le parti du Benny Gantz fait un score de 36,9 %.
A Rosh Haayin, ville natale de Gantz, Kakhol lavan avait eu le dessus sur le Likud grâce à quelques voix seulement – 34,7 % contre 34,6 %. Cette fois-ci, le Likud a grimpé à 40,2 %, l’emportant sur les 35,1 % de Kakhol lavan.
De manière cruciale, dans la majorité des bastions du Likud, le parti a eu l’avantage sur Kakhol lavan avec des marges significativement plus importantes que celles qui ont marqué ses défaites dans le centre du pays.
A Beer Sheva, la « capitale du Negev », le Likud avait eu un résultat de 43,4 % des voix au mois de septembre et Kakhol lavan était arrivé à la deuxième place avec 18,8 % des bulletins. Lundi, le Likud a grimpé de presque sept points (à 50,1 % des voix) et Kakhol lavan, pour sa part, a stagné à 18,1 %.
Dans les villes côtières d’Ashkelon et d’Ashdod, le Likud l’avait emporté 40,5 % et 32,1 % respectivement aux mois d’avril et au mois de septembre, tandis que dans les deux cas, Kakhol lavan avait été repoussé à la troisième place avec 17,3 % et 16,3 %, derrière Yisrael Beytenu (18,3 % et 18 %). Cette fois-ci, le Likud a gagné huit points, se hissant au pourcentage de 48,1 % des votes à Ashkelon (et Kakhol lavan tombant à 16,1 %) et cinq points, à 36,6 %, à Ashdod (Kakhol lavan tombant à 16,5 %).
Dans la ville de Sdérot, à la frontière de Gaza, fréquemment prise pour cible par les roquettes, le parti du Premier ministre est passé de 42,1 % au mois de septembre à 51,2 %, tandis que Kakhol lavan stagne relativement – chutant de 12,3 % à 11,5 %.
Les gains du Likud, en comparaison avec le mois de septembre, apparaissent nettement dans les six villes ciblées par le tweet émis par Netanyahu au jour des élections : A Eilat, le parti est passé de 42,9 % à 49,7 % ; à Tibériade, de 45,8 % à 51 %; à Netanya, la formation a grimpé de 35,9 % à 43,1 %; à Migal HaEmek, de 39,5 % à 45,3 %; à Kiryat Gat de 37,2 % à 45,7 %; et à Kiryat Ata, le Likud a enregistré un score de 50,7 % contre 43,9 % au mois de septembre.
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