Élections : Mandelblit voudrait la disqualification de Gopstein et Marzel
La recommandation présumée d'Avichai Mandelblit résulterait des déclarations publiques racistes des dirigeants d'Otzma Yehudit
Le procureur général Avichai Mandelblit s’apprêterait à recommander la disqualification de deux cadres du parti extrémiste Otzma Yehudit pour les élections de septembre.
Cette recommandation reposera sur la loi fondamentale de la Knesset, qui stipule que les partis ou candidats ne peuvent pas briguer de mandat s’ils se livrent à de la provocation à la haine raciale, d’après un reportage de la Treizième chaîne diffusé lundi.
L’ancien numéro un d’Otzma Yehudit, Michael Ben-Ari, avait été interdit de se présenter aux élections d’avril par la Cour suprême en raison de cette même disposition légale, et avait été remplacé à la tête de la formation par l’avocat Itamar Ben-Gvir.
Le procureur général avait appuyé cette disqualification. Deux autres candidats, Baruch Marzel et Bentzi Gopstein, pourraient maintenant connaître le même destin.
Cette recommandation possible fait suite à une requête déposée par le Camp démocratique auprès de la Commission centrale électorale.
La décision d’Avichai Mandelblit s’appuierait sur une longue liste de propos racistes virulents à l’égard des Arabes proférés par Marzel et Gopstein.
Gopstein dirige l’organisation raciste Lehava, qui s’oppose aux échanges, relations et mariages interconfessionnels et interethniques. Lehava a ainsi organisé de violentes manifestations en marge de mariages mixtes judéo-musulmans et de marches des fiertés. Elle appelle également les citoyens à lui signaler tout cas de femmes juives fréquentant un arabe.
Dans un communiqué public que citerait l’avis de Mandelblit pas encore publié, Gopstein aurait déclaré au mariage de sa fille : « Disons que si un serveur arabe était là, il ne servirait pas la nourriture, il chercherait l’hôpital le plus proche. »
Marzel a lui dirigé le parti Kach du rabbin extrémiste Meir Kahane après l’assassinat de son fondateur en 1990 et est associé depuis longtemps avec l’objectif de la formation, à savoir purger le pays des Arabes. Kach a été dissous en 1994 après que le gouvernement israélien l’a déclaré organisation terroriste.
La recommandation du procureur citerait notamment ces commentaires de Marzel sur les citoyens arabes d’Israël : « Lorsque nous aurons en aurons fini avec l’ennemi, cela libérera des dizaines de milliards de shekels qui sont aujourd’hui gaspillés. 60 % de l’argent de l’Institut des assurances nationales reviennent à l’ennemi. »
Otzma Yehudit a fustigé la décision, qui a fuité avant même que Mandelblit ne reçoive les réponses du parti aux accusations formulées par le Camp démocratique.
« Une fois de plus, il s’avère que le procureur général travaille pour les [Juifs] réformés et officie comme représentant de la gauche extrémiste au sein du ministère de la Justice. Cette fuite est scandaleuse, alors qu’Otzma Yehudit n’a pas encore répondu à l’appel déposé [contre ses candidats], prouve que son opinion a été décidée à l’avance. »
La formation a également accusé le procureur général de fermer les yeux sur « une longue série d’actions et de déclarations graves de la part de membres de la Knesset de la Liste [arabe] unie, qui ont notamment rendu visite et apporté de l’aide à des artisans du terrorisme incarcérés, et Mandelblit n’envisage même pas de les disqualifier ».
Otzma Yehudit a appelé à la démission immédiate du magistrat.
La députée du Camp démocratique et ancienne dirigeante du Meretz, Tamar Zandberg, a applaudi la nouvelle.
« Je suis contente que le procureur général ait approuvé notre appel à la disqualification des Kahanistes. Le kahanisme ne relève pas de la liberté d’expression, mais du terrorisme. Les Kahanistes n’ont pas leur place à la Knesset israélienne », a-t-elle réagi.
Les procureurs généraux n’ont pas le dernier mot en la matière, mais leurs recommandations se sont avérées déterminantes par le passé.
La commission centrale électorale, composée de représentants de formations de la Knesset sortante et dirigée par un juge de la Cour suprême, doit s’exprimer par un vote sur la participation d’Otzma Yehudit aux prochaines élections. Toute décision de la commission peut être contestée en appel auprès de la Cour suprême.