Eli Cohen : Israël est « très optimiste » quant à une normalisation avec les Saoudiens
Le ministre a évoqué une "fenêtre d'opportunité" pour un accord avant mars 2024, après quoi les Etats-Unis se concentreront probablement sur les élections présidentielles
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a déclaré dimanche qu’il existait une « fenêtre d’opportunité » relativement courte pour conclure le très convoité accord de normalisation avec l’Arabie saoudite dans les mois à venir, sous l’égide des États-Unis, et que Jérusalem était optimiste quant à un accord potentiel qui serait distinct des accords d’Abraham de 2020.
Lors d’un briefing avec des journalistes diplomatiques, M. Cohen a déclaré que des discussions sur un tel accord étaient en cours par le biais de différents canaux, mais principalement via Washington.
« Nous sommes très optimistes quant à la possibilité de parvenir à un tel accord. Il s’agit d’un accord réalisable, après lequel d’autres pays suivront », a déclaré M. Cohen sans donner de précisions. Israël a signé des accords de normalisation avec les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc en 2020.
Le ministre des Affaires étrangères a déclaré que les Saoudiens « étaient également intéressés par un tel accord » qui, selon lui, « ne fera pas partie » des accords d’Abraham et inclura également d’autres pays.
Selon les évaluations israéliennes, « il y a une fenêtre d’opportunité jusqu’en mars 2024 » pour un accord avec Ryad, « après quoi le système politique des États-Unis se concentrera sur les élections présidentielles » qui auront lieu plus tard dans l’année.
L’éventualité d’un accord entre Jérusalem et Ryad a été évoquée au cours des derniers mois, l’administration Biden ayant intensifié ses efforts pour négocier un accord. Début juin, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait incité les Saoudiens à normaliser leurs relations diplomatiques avec Israël lors d’une visite à Jeddah et à Ryad.
Quelques jours plus tard, le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal bin Farhan a déclaré que la normalisation des liens avec Israël apporterait des avantages significatifs à la région, mais que ces avantages seraient limités par l’absence d’une solution à deux États au conflit israélo-palestinien.
S’exprimant lors d’une conférence de presse aux côtés de M. Blinken le 8 janvier, le ministre saoudien des Affaires étrangères a déclaré que « sans trouver un chemin vers la paix pour le peuple palestinien, sans relever ce défi, toute normalisation n’aura que des avantages limités », sans mentionner Israël nommément. Il a ajouté qu’il fallait « se concentrer sur la recherche d’une voie vers une solution à deux États, sur la recherche d’une voie pour donner aux Palestiniens la dignité et la justice ».
Cette réponse est habituelle pour les responsables saoudiens, qui ont longtemps affirmé publiquement qu’ils ne normaliseraient pas leurs relations avec Israël avant la création d’un État palestinien sur les lignes d’avant 1967, même s’ils ont fait preuve d’une plus grande souplesse à huis clos.
L’Arabie saoudite s’est montrée disposée à envisager l’idée d’une normalisation des relations avec Israël, mais elle attend des États-Unis qu’ils fassent plusieurs concessions importantes.
Lors de la conférence de presse, bin Farhan a été interrogé sur l’une des conditions posées par le royaume pour aller de l’avant sur le front israélien : le soutien des États-Unis au programme nucléaire civil que le royaume s’efforce de mettre en place.
« Ce n’est un secret pour personne que nous développons notre programme nucléaire civil national et nous préférerions de loin que les États-Unis fassent partie des soumissionnaires », avait alors déclaré bin Farhan.
Outre la coopération sur le programme nucléaire civil, qui susciterait probablement l’appréhension des États-Unis et d’Israël, Ryad attend également des garanties sécuritaires et économiques de la part de l’administration Biden, ont déclaré au début du mois un haut fonctionnaire américain et un diplomate de haut rang du Moyen-Orient au Times of Israel.
L’Arabie saoudite attendra également une concession significative aux Palestiniens afin de consolider tout accord de normalisation, ont déclaré les fonctionnaires.
Par ailleurs, le Maroc, signataire des accords d’Abraham, a récemment annulé une réunion prévue entre les ministres des affaires étrangères d’Israël, des Émirats arabes unis, de Bahreïn, du Maroc, de l’Égypte et des États-Unis au sujet des plans d’expansion des implantations israéliennes en Cisjordanie.
L’événement, une réunion ministérielle du Forum du Néguev, devait initialement avoir lieu en mars, mais a été reporté à plusieurs reprises en raison de l’escalade des tensions entre Israéliens et Palestiniens et du malaise des participants arabes face aux politiques du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le plus à droite de l’Histoire d’Israël.
Lors de son briefing dimanche, M. Cohen a déclaré que la réunion était « reportée, mais pas annulée », et a reconnu que la raison en était la « décision d’étendre la construction » dans les colonies juives de Cisjordanie. Il s’est dit confiant que la réunion aurait lieu à l’avenir.
M. Cohen a indiqué que la réunion devait accueillir des représentants de « deux ou trois pays avec lesquels Israël n’a pas encore de relations diplomatiques » et qu’il était probable qu’ils participent à la future réunion. « Cela fera partie des étapes de la normalisation avec ces pays », a-t-il déclaré sans donner plus de détails.
« Les États-Unis jouent un rôle important dans la promotion du forum et de la réunion ministérielle », a ajouté M. Cohen.