Israël en guerre - Jour 371

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Elisabeth Badinter : « Jamais j’aurais pensé que tous ces jeunes gens seraient à ce point antisémites »

L’écrivaine a notamment déploré que "le 7 octobre, ça n'existe plus : on en est même à nier qu’il a été l’œuvre du Hamas, mais celui d'Israël"

Elisabeth Badinter lors de l'événement "Toujours Charlie !", aux Folies Bergères, à Paris, le 6 janvier 2018. (Crédit : Capture d'écran Facebook)
Elisabeth Badinter lors de l'événement "Toujours Charlie !", aux Folies Bergères, à Paris, le 6 janvier 2018. (Crédit : Capture d'écran Facebook)

Interrogée le 26 avril dans l’émission « C à vous » sur France 5 au sujet des manifestations et des blocages dans les universités organisés par des militants pro-palestiniens, notamment à Sciences Po Paris, l’écrivaine Elisabeth Badinter a dénoncé l’ignorance des étudiants.

« Il n’y a plus de débat parce que plus personne n’est capable de débattre calmement. C’est la condamnation à mort d’Israël. Le ‘génocidaire’. On ne sait même pas ce que les mots veulent dire dans cette génération. Ce qu’est un génocide. C’est c’est ça qui est le plus tragique. Je ne vois pas du tout comment le débat pourrait se reconstruire dans cette génération là. Je trouve ça stupéfiant ce qui se passe chez les jeunes gens », a-t-elle regretté.

« Le 7 octobre, ça n’existe plus. Et d’ailleurs, on en est même à nier que le 7 octobre a été l’œuvre du Hamas, mais celui d’Israël. Est-ce que vous imaginez dans dans quel folie ils sont ? C’est stupéfiant », a-t-elle poursuivi. « Jamais j’aurais pensé que tous ces jeunes gens seraient à ce point antisémites. L’antisémitisme renaît, se développe tous les jours grâce à eux, et c’est absolument impensable pour quelqu’un comme moi et pour beaucoup d’autres. C’est un oubli complet de l’histoire, des faits. On dit le contraire de ce qui est, on ment comme tout. »

Dans ses propos, elle a également mis en garde contre les médias : « C’est pour ça qu’il faut être à mon avis plus prudent que souvent la presse à l’égard de tous les chiffres diffusés par le Hamas et non confirmés par personne. »

« Je comprends très bien que des jeunes gens prennent parti pour les Palestiniens », a-t-elle ajouté. « Mais ça ne justifie pas pour autant qu’on soit dans une guerre – symbolique mais une vraie guerre quand même – avec des Juifs, ça c’est pas possible et ça montre à quel point ils sont nuls en histoire. Aucun sérieux dans la pensée. C’est n’importe quoi, ce qui en dit long aussi sur nos universités et nos écoles. Donc comment faire quand on ne peut plus discuter, quand on ne peut plus échanger ? On est vraiment sans solution. Comment ils vont se réconcilier, toute cette génération, entre les pro-palestiniens qui sont apparemment plus nombreux, et les Juifs, ou pas Juifs d’ailleurs… C’est donc très important ce qui se passe, y compris dans notre pays et dans les autres pays occidentaux. Ces effets sur nous sont une catastrophe. »

Née à Boulogne-Billancourt le 5 mars 1944, Elisabeth Badinter est la fille de Marcel Bleustein-Blanchet (1906-1996), publicitaire et fondateur du groupe Publicis, et de Sophie Vaillant (1916-1999), professeure d’anglais. La famille Bleustein est d’origine juive russe et la mère de la philosophe est issue de la bourgeoisie catholique et s’est convertie au judaïsme à son mariage.

En réponse à ses propos dans « C à vous », la journaliste Anne Sinclair a déclaré le 29 avril dans la même émission que « l’antisionisme est la forme moderne de l’antisémitisme ». « Moi j’ai vu à la Sorbonne, une banderole qui disait : ’Sionistes, hors de nos facs’ », a-t-elle fustigé, protestant contre « l’hypocrisie » et l’omission de « la mémoire historique » : « Je ne les ai pas entendus manifester pour les femmes iraniennes. Je ne les ai pas entendues manifester pour les 300 000 morts d’Assad. » On estime à 500 000 le nombre de victimes du régime syrien.

Ce mardi, l’entrée des locaux de Sciences Po Paris a à nouveau été bloquée brièvement. Les étudiants réclament une enquête sur les partenariats avec des universités israéliennes et « l’arrêt de la répression des étudiants mobilisés et des sanctions ». Les forces de l’ordre avaient évacué vendredi les militants pro-palestiniens qui occupaient à nouveau les locaux depuis la veille.

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