Elon Musk renforce l’appel des antisémites à exclure l’ADL de X
Le patron de la plateforme connue, dans le passé, sous le nom de Twitter a demandé à ses abonnés s'il devait faire un sondage sur le hashtag #BanTheADL, lancé par l'extrême-droite
JTA — Elon Musk s’est positionné auprès des nationalistes et des antisémites qui souhaitent faire interdire l’Anti-Defamation League (ADL) sur Twitter, le réseau social influent qui s’appelle dorénavant « X ».
Musk a demandé à ses abonnés, samedi, s’il devait lancer un sondage au sujet d’un hashtag, #BanTheADL, repris ces derniers jours par les nationalistes blancs et par d’autres membres de l’extrême-droite.
Musk avait auparavant « aimé » le tweet lançant le hashtag, une publication rédigée par Keith Woods, nationaliste blanc irlandais et « antisémite enragé » de son propre aveu.
« La tactique favorite de l’ADL est d’exercer un chantage financier sur les compagnies responsables des réseaux sociaux dans le but de supprimer la liberté d’expression sur leurs plateformes », avait écrit Woods dans son post du 31 août. « Pourquoi aurait-elle une plateforme sur X pour rançonner @elonmusk ? Il est temps d’interdire l’ADL (#BanTheADL).
Musk avait aussi « aimé » deux tweets de Woods qui avaient suivi cette première publication, qui vantaient le soutien apporté par Musk à ses abonnés. Le hashtag avait été repris très largement par l’extrême-droite présente sur Twitter et notamment par Andrew Torba, un nationaliste chrétien qui refuse de s’entretenir avec les journalistes juifs et qui a fondé Gab, un réseau social qui avait accueilli l’extrême-droite quand Twitter avait commencé à bannir ses membres. Le tireur qui avait tué onze fidèles âgés juifs qui priaient dans une synagogue de Pittsburgh s’était encore exprimé sur Gab quelques heures avant l’attaque.
La publication écrite par Woods avait été diffusée vingt-quatre heures après un entretien entre Jonathan Greenblatt, directeur-général de l’ADL, et la directrice-générale de X, Linda Yaccarino, une réunion qui avait été consacrée aux utilisateurs qui propagent la haine sur la plateforme. L’ADL a constaté une hausse massive des contenus racistes, antisémites et homophobes, ainsi que du harcèlement, depuis l’acquisition de la plateforme par Musk, l’année dernière. Musk avait, à cette occasion, rouvert les comptes extrémistes qui avaient été fermés dans le passé.
Greenblatt avait semblé positif concernant son entretien avec Yaccarino, nommée à son poste au début de l’année après la promesse faite par Musk de céder la direction de X à un professionnel.
« J’ai eu une conversation très franche et très productive hier avec @LindayaX au sujet de @X, au sujet de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas, et au sujet de ce qu’il faut faire pour s’attaquer de manière efficace à la haine sur la plateforme », avait écrit Greenblatt en date du 30 août. « J’ai apprécié cette main tendue et j’ai bon espoir que le service s’améliora. L’@ADL sera vigilante et elle saura reconnaître si la directrice-générale et @ElonMusk améliorent le service… et elle se réserve le droit de les interpeller jusque-là. »
Dans sa réponse, l’ADL a attaqué les personnes qui ont lancé cette campagne, sans mentionner Musk et ses encouragements à cette dernière.
« L’ADL n’est pas surprise – mais elle n’est nullement découragée non plus – de constater que les antisémites, les suprémacistes blancs, les théoriciens du complot et les trolls ont encore lancé une attaque coordonnée contre notre organisation », a fait savoir un communiqué envoyé par courriel à la JTA.
« Cette offensive suit notre participation au 60e Anniversaire de la marche à Washington, où l’ADL a défilé fièrement, épaule contre épaule, auprès des leaders afro-américains et auprès des responsables des autres communautés », a ajouté le communiqué. « Elle suit aussi une rencontre avec la direction de X, anciennement Twitter, qui a clairement entraîné la colère de ces groupes de haine. Des efforts aussi insidieux ne nous intimident pas. Au contraire, ils nous amènent à nous montrer inflexibles dans notre engagement à lutter contre les haines sous toutes leurs formes et à garantir la sécurité des communautés juives et des autres groupes marginalisés ».
Dans le passé, l’ADL a critiqué Musk mais l’organisation a aussi cherché à satisfaire certaines de ses demandes, notamment en émettant, le mois dernier, une condamnation d’une chanson écrite à l’époque de l’apartheid qui demandait de tuer des fermiers blancs. Musk, sud-africain de naissance, avait affirmé que la chanson nourrissait la haine anti-Blanc. Au mois de mai, Musk s’était disputé avec l’ADL qui lui avait reproché de reprendre des tropes antisémites dans ses attaques lancées à l’encontre de George Soros, philanthrope juif enclin à soutenir des causes libérales.
Musk, qui affirme être « un absolutiste de la liberté d’expression », a interdit des journalistes et d’autres dont les questions, les tweets et les déclarations le gênaient ou mettaient en doute sa lutte contre les haines, les menaçant également de poursuites judiciaires. Au mois de juillet, il avait porté plainte contre le Center for Countering Digital Hate pour ses rapports établis sur Twitter.
La question posée par Musk, samedi – « Peut-être devrions-nous effectuer un sondage là-dessus ? » – citait le soutien apporté au hashtag par un politicien de droite néerlandais. Dans les échanges qui ont suivi les réponses à cette question – des réponses qui ont été largement positives – Musk a expliqué que le groupe juif de défense des droits civils, créé il y a plus d’un siècle, avait été « détourné par le virus de l’esprit woke », ajoutant qu’il serait amusant qu’il soit poursuivi pour diffamation.