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En Autriche, victoire historique de l’extrême-droite

Le parti FPÖ d'Herbert Kickl obtient 29,1 % des suffrages, soit un bond de 13 points par rapport à 2019, selon des projections basées sur le décompte de plus la moitié des bulletins

Karl Nehammer, chancelier autrichien, leader et candidat principal du Parti populaire autrichien (OeVP), participant à un débat télévisé au Parlement après l'annonce des résultats des sondages de sortie des urnes lors des élections générales autrichiennes. Le FPOe, parti d'extrême-droite autrichien, a devancé les conservateurs au pouvoir lors du scrutin national de dimanche, selon les projections publiées par le radiodiffuseur public ORF, ce qui lui permet d'envisager une victoire historique, à Vienne, le 29 septembre 2024. (Crédit : Alex Halada/AFP)
Karl Nehammer, chancelier autrichien, leader et candidat principal du Parti populaire autrichien (OeVP), participant à un débat télévisé au Parlement après l'annonce des résultats des sondages de sortie des urnes lors des élections générales autrichiennes. Le FPOe, parti d'extrême-droite autrichien, a devancé les conservateurs au pouvoir lors du scrutin national de dimanche, selon les projections publiées par le radiodiffuseur public ORF, ce qui lui permet d'envisager une victoire historique, à Vienne, le 29 septembre 2024. (Crédit : Alex Halada/AFP)

Cinq ans après avoir connu la débâcle, l’extrême-droite autrichienne a signé un succès historique aux législatives dimanche, mais sans garantie de pouvoir gouverner.

Le Parti de la Liberté (FPÖ) d’Herbert Kickl obtient 29,1 % des suffrages, soit un bond de 13 points par rapport au scrutin de 2019, selon des projections basées sur le décompte de plus la moitié des bulletins.

Dans un contexte de montée des partis radicaux en Europe, cette formation fondée par d’anciens nazis fait encore mieux que ce qu’avaient prédit les sondages, infligeant un revers au gouvernement écolo-conservateur.

Mais Kickl, si extrême qu’aucun parti ne veut bâtir une coalition avec lui, est loin d’être assuré d’accéder à la chancellerie ou même au gouvernement.

Une attitude qu’il a regrettée dimanche soir, en réagissant aux résultats. Face au message « très clair » adressé dans les urnes, « nous tendons la main à tous les partis », a-t-il affirmé sur la chaîne publique ORF, regrettant que ses électeurs soient traités comme « des citoyens de second rang ».

En face, le chancelier Karl Nehammer, chef de file des conservateurs (ÖVP), a noté la « déception » de ses troupes face à la défaite (26,3 %). « Nous ne sommes pas parvenus à rattraper » l’extrême-droite, a-t-il regretté devant un parterre à l’humeur sombre.

Illustration : Herbert Kickl tenant un micro pour remercier ses partisans au soir d’une victoire aux élections européennes du 9 juin 2024. (Crédit : Capture d’écran YouTube)

« Pas de gouvernement avant Noël »

Au quartier général du FPÖ, entre pintes de bière et costumes traditionnels autrichiens, l’ambiance est bien plus joyeuse.

Erik Berglund, serveur de 35 ans, se dit « ravi » d’un score qui a dépassé toutes ses espérances. « C’est un énorme succès parce qu’on a le meilleur chef de parti », commente pour l’AFP ce militant, qui s’attend désormais à des « tractations passionnantes » et longues: « nous n’aurons certainement pas de gouvernement avant Noël ».

« C’est sans aucun doute un tremblement de terre, une onde de choc pour l’ensemble de la classe politique », a commenté le politologue viennois Thomas Hofer. Car si l’extrême-droite avait déjà goûté au pouvoir dans le pays alpin, elle n’a encore jamais fini en tête d’un scrutin national.

Laminé en 2019 par un retentissant scandale de corruption dit « Ibizagate », le parti a spectaculairement remonté la pente sous l’impulsion d’un Kickl peu prédestiné pourtant à être dans la lumière et qui a prospéré sur les peurs sociales et économiques traversant le continent.

Proche de certains groupuscules décriés, celui qui veut, au pays natal d’Adolf Hitler, se faire appeler comme lui « Volkskanzler » (chancelier du peuple), a repris à son compte le terme de « remigration », avec comme projet de déchoir de leur nationalité et d’expulser des Autrichiens d’origine étrangère.

Cet ex-ministre de l’Intérieur, âgé de 55 ans, a aussi su attirer les antivax avec ses propos conspirationnistes contre les mesures anti-Covid, les plus démunis touchés par l’inflation et tous ceux sensibles à la neutralité autrichienne en condamnant les sanctions contre la Russie.

Du vert au bleu ou rouge ?

Malgré une chute de plus de dix points par rapport à 2019, l’ÖVP, au pouvoir depuis 1987, « a de bonnes chances de conserver la chancellerie », estime l’analyste Julia Partheymüller.

Mais avec quels partenaires ? Les scénarii sont à écrire.

Si Nehammer répète qu’il ne veut pas s’allier avec Kickl, il ne rejette pas une éventuelle coalition avec les « bleus » du FPÖ, comme en 2000 et 2017.

Parmi les 6,3 millions d’électeurs, beaucoup tablent sur ce scénario, comme Bernd Lunglmayr, un consultant en santé de 48 ans.

« Toute autre issue me surprendrait beaucoup », dit-il, se disant « inquiet ».

« En Autriche, la mémoire politique est courte » et « la tendance est aux partis populistes dans le monde occidental, en cette période de crises ».

Mais selon les experts, les conservateurs n’accepteront pas d’être le partenaire minoritaire et pourraient préférer s’associer avec les « rouges » sociaux-démocrates (21 %) et les libéraux de Neos (9 %) – un format à trois serait une première en Autriche.

Avec les Verts, en net recul (8,3 %), les sujets de discorde sont nombreux et le divorce semble consommé.

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