En Ecosse, une tentative désespérée pour retrouver une identité juive perdue
La fille chrétienne d'une femme abandonnée par une mère juive tente de réparer les brèches de son arbre généalogique

JTA – L’histoire de la famille de Jennie Workman Milne est entourée de mystère.
Milne, d’Ecosse, ignorait jusqu’à l’année dernière qu’elle était juive. Ce n’est que lorsque la défunte mère de Milne, Elizabeth Mary Lister, était adulte qu’elle a appris que sa mère naturelle était originaire de Pologne. Née Malie Rothenberg, elle a changé son nom en Helena Colomerecki avant d’épouser un militaire nommé Stanislaw Lis. Stanislaw ignorait que sa femme était tombée enceinte, à 41 ans, et avait donné naissance à une fille.
En outre, Milne a appris tout récemment que pendant plusieurs années, Helena vivait dans un centre de soins non loin de chez elle avant de mourir à 98 ans en 2000.
La cousine au second degré de Milne, récemment découverte dans l’Ohio, Sandra Guilfoyle, ignorait également ses racines juives. Mais elle soupçonnait que son défunt père, Wlodzimiercz « James » Russocki, était un espion américain tout en étant employé par divers organismes fédéraux au New Jersey et dans l’Ohio, après avoir déménagé de Pologne en Amérique.
Milne avait beaucoup de cousins à connaître. L’année dernière, elle a téléphoné à Guilfoyle.
« Quand Jennie m’a dit, ‘Tu es juive’, j’ai commencé à brailler. J’ai toujours pensé que j’étais juive », dit Guilfoyle, 58 ans, qui vit dans la banlieue de Dayton, Oakwood.
Milne, 47 ans, tente maintenant de localiser les membres de sa famille juive perdue. Elle veut savoir si le frère cadet de Malie, Henryk, a des descendants et s’il existe des descendants des frères et sœurs de la mère de Malie, Francesca Rothenberg, née Feige Dwora Probst.
Les découvertes qu’elle a faites depuis le début 2014 ont eu « un impact énorme sur ma vie », dit Milne, mère de neuf enfants dans un village de pêcheurs au nord-est de Inverallochy. « J’ai fait toute cette recherche, c’est dans mon cœur, je n’ai tout simplement pas été capable de m’arrêter. »
Elle a contacté « Seeking Kin » pour une aide afin de trouver ses proches Rothenberg et Probst, après avoir vu une annonce sur la page Facebook de Tracing the Tribe, un site généalogique juif.

Milne a commencé à explorer le passé pour mieux comprendre la vie difficile de sa mère, décédée l’année dernière d’un cancer à 70 ans. Helena et Stanislaw étaient mariés et travaillaient au cours de la Seconde Guerre mondiale dans différentes parties de la Grande-Bretagne pour les militaires en exil polonais. Helena a caché sa grossesse à son mari et à ses collègues.
Après avoir donné naissance à Elizabeth au Sud de Hammersmith le 4 novembre 1943, elle a remis le bébé à une crèche privée à Hope Cove, au sud-ouest de l’Angleterre. Quand la maison a déménagé deux fois et que Helena n’a pas recueilli sa fille, l’infirmière de la maison, Rose Toms, a élevé l’enfant.
En 1965, à 22 ans, Elizabeth a localisé ses parents naturels, qui avaient divorcé en 1949, s’étaient remariés et étaient restés en Angleterre. Mais Stanislaw est mort en 1967 et Helena a disparu après avoir rencontré Elizabeth adulte juste une fois, dans un café. Helena a confié à Elizabeth qu’elle l’avait cherchée après la guerre.
« Dans mes souvenirs d’enfant, je me sentais outsider partout. … Je sentais tout simplement que je n’appartenais jamais à rien », a écrit Elizabeth à Milne dans un e-mail vers la fin de sa vie. « Avec un recul de près de 70 ans, je peux voir comment cela m’a façonnée en tant que personne. »
Milne a promis de rechercher la famille de sa mère. Après la mort d’Elizabeth, dit Milne, « JE DEVAIS les trouver. »
Milne a lu le dossier de sa grand-mère au ministère de la Défense du Royaume-Uni, conduisant à un certain nombre de révélations, notamment sur les changements de nom et le fait que Malie et sa sœur aînée, Rosa, étaient de Stryy dans l’Ukraine actuelle ; que le nom de leur frère était Henryk ; que Henryk a été assassiné dans l’Holocauste (probablement tué par balle dans le ghetto de Lvov) ; et que les frères et sœurs des parents étaient Francesca et Pawel, connus comme Pinchas, riches propriétaires d’une scierie dans le quartier polonais de Zolochiv.
Certaines des découvertes de Milne ont coïncidé avec ce que sa cousine américaine savait, car le père de Guilfoyle, décédé à 73 ans en 2002, avait enregistré une partie de l’information de sa famille. Il avait même emmené Guilfoyle et sa sœur, Renata, dans un voyage en Angleterre pour rendre visite à la tante Helena au centre de soins dans le Lincolnshire – ignorant l’existence de Milne et de sa mère, à proximité du Yorkshire.
Milne a également obtenu des informations grâce aux efforts de Michael Tobias, vice-président de JewishGen, une organisation basée à New York qui défend la généalogie juive.
Tobias, qui vit à Glasgow, à 300 km de la maison de Milne, a été contacté par le magazine britannique Who Do You Think You Are?, un complément de l’émission de télévision du même nom sur la généalogie. Il a construit l’arbre de la famille des parents Probst de Milne, dont bon nombre ont été assassinés dans l’Holocauste. Mais on peut toujours espérer des survivants, dit Tobias.
Milne « tient absolument à apprendre ce qu’elle peut », dit-il. « Sa famille semble avoir essayé de cacher [son identité juive], et elle souhaite tellement la récupérer. »
Milne affirme : « Etre chrétienne ne m’a pas empêché d’apprécier mon héritage juif. Dans Isaïe 58:12, j’ai lu : ‘Tu relèveras des fondements antiques ; on t’appellera réparateur des brèches’ « .
« C’est exactement cela : une brèche des générations. Les Écritures juives m’ont apporté beaucoup de réconfort ».
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