Israël en guerre - Jour 587

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Analyse

En prolongeant les négociations d’unité, Netanyahu réduit les leviers de Gantz

Pendant Pessah, le temps alloué au président de Kakhol lavan pour former un gouvernement arrivera à son terme, et avec lui, son principal levier contre le Premier ministre

Raoul Wootliff

Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Le chef d'état-major de Tsahal Benny Gantz (à gauche) lors d'une réunion avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu en 2015. (Avi Ohayon/GPO/Flash 90)
Le chef d'état-major de Tsahal Benny Gantz (à gauche) lors d'une réunion avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu en 2015. (Avi Ohayon/GPO/Flash 90)

Malgré les appels du Likud et de Kakhol lavan pour que les négociations sur la formation d’un gouvernement d’union nationale soient achevées le plus rapidement possible afin de s’attaquer à la crise du coronavirus, les informations de la Douzième chaîne lundi soir ont indiqué que les pourparlers pourraient se prolonger jusqu’à la fête de Pessah, qui commence la semaine prochaine, et même au-delà.

Pourquoi la semaine de Pessah est-elle différente des autres semaines ? Parce qu’au milieu des sept jours de la fête, le 12 avril, le temps alloué au président de Kakhol lavan Benny Gantz pour former un gouvernement qu’il dirigerait prendra fin, et avec lui, son principal moyen de pression contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Le Likud de Netanyahu a remporté 36 sièges à la Knesset lors des élections du 2 mars contre 33 pour Kakhol lavan, mais le bloc de droite du dirigeant du Likud n’a pas réussi à réunir une majorité parlementaire. Lors de consultations avec le président Reuven Rivlin, Gantz a obtenu la recommandation de 61 députés pour former un gouvernement, dont ceux de l’ensemble de la Liste arabe unie composée de partis à majorité arabe.

L’arène politique d’Israël a depuis été réorganisée, les factions Yesh Atid et Telem ont rompu avec Kakhol lavan en ne lui laissant que 17 sièges, après que Gantz a rompu les accords avec les co-dirigeants de son parti et entamé des négociations avec Netanyahu pour former un gouvernement conjoint. Mais la possibilité d’un gouvernement minoritaire dirigé par le chef de Kakhol lavan plane toujours, du moins en théorie, sur les pourparlers d’unité, menaçant ainsi Netanyahu.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) et le chef du parti Kakhol lavan Benny Gantz lors d’une cérémonie commémorative marquant les 24 ans de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin, à la Knesset, le 10 novembre 2019. (Yonatan Sindel/Flash90)

Si le Premier ministre ne tient pas ses promesses de donner au bloc de centre-gauche la moitié des portefeuilles ministériels du gouvernement en devenir, et s’il ne bouge pas sur plusieurs nominations clés considérées comme inacceptables par Kakhol lavan, un gouvernement minoritaire dirigé par Gantz pourrait encore être formé. C’est pourquoi, bien qu’il soit en pleine négociation pour permettre à Netanyahu de servir comme Premier ministre pour les 18 prochains mois, l’ancien chef de Tsahal conserve le mandat de former un gouvernement qu’il dirigerait, et n’envisage pas d’y renoncer tant qu’il le faudra.

Par ailleurs, Gantz détient également un autre moyen de pression sur Netanyahu : la menace d’une législation qui l’empêcherait d’être Premier ministre.

Au moment de la prestation de serment de la 23e Knesset, le parti Kakhol lavan, qui était encore un parti d’opposition uni à l’époque, a déposé trois textes de loi dans ce but : le premier limiterait le nombre de mandats d’un Premier ministre à deux – Netanyahu a effectué quatre mandats au total, plus deux mandats en tant que Premier ministre intérimaire ; le deuxième interdirait aux personnes faisant l’objet d’accusations pénales d’exercer les fonctions de ministre ou de Premier ministre ; et le troisième interdirait à un député mis en accusation d’être chargé de former un gouvernement. Ces trois mesures auraient pour effet de disqualifier Netanyahu et de l’empêcher de continuer à servir.

En tant que président nouvellement élu de la Knesset, une position qu’il a accepté de prendre afin de permettre la tenue de négociations de coalition, Gantz pourrait encore faire passer un programme législatif visant à empêcher Netanyahu, dont le procès pour corruption a été retardé en raison de la crise du coronavirus, de conserver le poste de Premier ministre.

L’arrivée surprise de Gantz dans le fauteuil de président de la Knesset, jeudi, est à l’origine de l’éclatement de l’alliance Kakhol lavan, qui avait fait campagne lors des trois élections de l’année dernière sur l’éviction de Netanyahu, en raison de son inculpation pour corruption, fraude et abus de confiance.

Le chef du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, photographié dans sa voiture au siège du parti, à Tel Aviv, en septembre 2019. (AP Photo/Oded Balilty)

Cependant, Gantz étant maintenant confronté à l’opposition hostile de Yesh Atid-Telem, certains membres du bloc religieux de droite de Netanyahu, y compris au sein de son parti, le Likud, estiment que le Premier ministre fait des concessions trop importantes au bloc de centre-gauche et met sur la touche les ministres de la coalition actuelle.

De plus, avec deux députés à droite de la faction Telem de Moshe Yaalon – Zvi Hauser et Yoaz Hendel – ayant formé leur propre faction, qui, selon eux, travaillera ensemble dans une coalition avec celle de Gantz, Netanyahu pourrait même potentiellement former un gouvernement sans Kakhol lavan. Avec Hauser, Hendel et la députée Orly Levy Abekasis du parti Gesher, qui a quitté l’alliance Travailliste-Gesher-Meretz et a déclaré qu’elle rejoindrait un gouvernement d’unité, le Premier ministre pourrait faire passer son bloc de 58 partisans à 61, annulant ainsi la nécessité de faire entrer le parti Kakhol lavan.

Alors qu’on lui reproche d’être trop généreux, Netanyahu s’est adressé dimanche soir à ses alliés politiques de droite et religieux pour les rassurer sur les pourparlers de coalition, qualifiant les rapports sur la répartition des portefeuilles ministériels de « fausses nouvelles totales ».

Pour l’instant, le temps travaillant en sa faveur et érodant le pouvoir de négociation de Gantz, il a peut-être raison.

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