Israël en guerre - Jour 476

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En Syrie, les détenus sortent de l’enfer de la prison de Saydnaya

Cette prison syrienne est le témoin des pires exactions du pouvoir de Bachar al-Assad ; les hommes, femmes et enfants hagards qui en sortent peinent à croire que le président est vraiment tombé

Diab Serriya, partenaire fondateur de l'Association des détenus et des disparus de la prison de Sednaya (ADMSP), regarde un écran d'ordinateur affichant une page sur la prison hébergée par le site Internet d'Amnesty International lors d'un entretien dans son bureau à Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, le 11 août 2022. (Crédit : OMAR HAJ KADOUR / AFP)
Diab Serriya, partenaire fondateur de l'Association des détenus et des disparus de la prison de Sednaya (ADMSP), regarde un écran d'ordinateur affichant une page sur la prison hébergée par le site Internet d'Amnesty International lors d'un entretien dans son bureau à Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, le 11 août 2022. (Crédit : OMAR HAJ KADOUR / AFP)

Un homme immortalise la scène avec son téléphone : des hommes armés font sauter les verrous des cellules de Saydnaya, la prison syrienne témoin des pires exactions du pouvoir de Bachar al-Assad. Des hommes, des femmes et des enfants hagards en sortent, peinant à croire que le dictateur est vraiment tombé.

« Vous êtes des hommes libres, sortez ! C’est fini, Bachar est parti, on l’a écrabouillé ! », crie l’homme au portable, quelques heures après l’entrée des rebelles islamistes dans Damas, et la fuite en Russie d’al-Assad.

Par la porte, des dizaines d’hommes, visages émaciés, certains portés par des camarades car trop faibles pour avancer seuls, sortent de la cellule carrelée.

Aucun mobilier n’est visible si ce n’est quelques maigres couvertures jetées au sol. Et des murs rongés par l’humidité et la saleté.

« Que s’est-il passé ? ». La question revient sur les lèvres des prisonniers désormais libres.

Dès la chute d’Assad, les rebelles islamistes ont foncé vers les prisons.

« J’ai peur »

A Saydnaya, à une trentaine de kilomètres de Damas, libérer tous les prisonniers s’annonce plus dur.

Le groupe de secours des Casques blancs dit chercher les « cellules souterraines cachées » de ce sinistre établissement. Pour le moment, en vain. Et ses volontaires défoncent depuis dimanche murs et recoins à coups de masse ou de barres de fer pour tenter de les localiser.

« Il y a des centaines, peut-être des milliers de prisonniers retenus deux ou trois étages sous terre, derrière des verrous électroniques et des portes hermétiques », prévient Charles Lister, du Middle East Institute.

Dans une autre aile, ce sont des cellules de femmes. Devant la porte de l’une d’elles, un enfant attend, perdu. Il n’a peut-être jamais vu ce couloir, derrière la porte.

« J’ai peur », hurlent plusieurs femmes à la suite, visiblement apeurées à l’idée d’être piégées ou de nouveau violentées par les hommes en armes qui sillonnent les coursives.

« Il est tombé, vous pouvez sortir », ne cessent de marteler ceux qui viennent les délivrer.

Depuis le début en 2011 de la « révolution », plus de 100 000 personnes ont péri dans ses prisons, notamment sous la torture, estimait en 2022 l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

A la même époque, l’OSDH rapportait qu’environ 30 000 personnes avaient été détenues à Saydnaya, dont seulement 6 000 avaient été relâchées.

« Abattoir humain »

Amnesty International, de son côté, a recensé des milliers d’exécutions et dénonce « une véritable politique d’extermination » à Saydnaya, un « abattoir humain ».

Dans les rues de la capitale, aujourd’hui, ils déferlent par vagues. Reconnaissables de loin parce qu’ils portent encore les stigmates de ce qui a fait la triste notoriété de Saydnaya, comme d’autres prisons avant elle en Syrie : la torture, la maladie et surtout la faim.

Certains sont incapables de dire un mot. Pas même leur nom ou leur ville d’origine. D’autres répètent en boucle des borborygmes, traumatisés par la torture, assurent leurs compagnons d’infortune.

Certains sont là depuis peu. D’autres avaient disparu depuis l’époque d’Hafez al-Assad.

Dans le chaos, peu savent où aller, qui retrouver.

Aida Taher, 65 ans, est toujours à la recherche de son frère arrêté en 2012. Elle raconte qu’elle « a couru dans les rues comme une folle » en allant à Saydnaya : « Mais j’ai découvert que certains prisonniers étaient toujours dans les sous-sols, il y a trois ou quatre sous-sols » et « ils ont dit que les portes ne s’ouvrent pas car ils n’ont pas les bons codes ».

Elle s’emporte : « Nous avons été opprimés assez longtemps, on veut que nos enfants reviennent ».

En ligne, des familles ressortent les photos en noir et blanc de jeunes hommes fringants ou celles de manifestants sous les drapeaux de la « révolution » qui ont fleuri dans les provinces rebelles en 2011. Elles demandent si quelqu’un a vu ces hommes. S’ils étaient à Saydnaya.

Ou s’ils sont vraiment morts, emportés dans les 14 années de chaos en Syrie, sans espoir de les voir ressurgir au coin de la rue, amaigris mais en vie.

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