En visite aux États-Unis, le chef de la diplomatie égyptienne rejette le plan Trump pour Gaza
Marco Rubio affirme que le Hamas ne gouvernera plus Gaza ; Trump menace de couper l’aide si l’Égypte et la Jordanie refusent d’accueillir des Palestiniens déplacés.

WASHINGTON – Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a informé lundi le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, que les États arabes rejetaient catégoriquement le plan du président américain Donald Trump visant à déplacer les Palestiniens de Gaza et à prendre le contrôle de l’enclave – un projet largement critiqué.
Lors d’une réunion à Washington, Abdelatty a insisté sur l’importance d’accélérer la reconstruction de Gaza sans déplacement des Palestiniens, a indiqué le ministère égyptien des Affaires étrangères.
Dans un communiqué publié à l’issue de la rencontre, le département d’État américain n’a pas mentionné explicitement le plan de Trump, mais a souligné que Rubio « a réitéré l’importance d’une coopération étroite pour préparer l’avenir de la gouvernance et de la sécurité de Gaza après le conflit, tout en affirmant que le [groupe terroriste palestinien] Hamas ne pourra plus jamais gouverner Gaza ni représenter une menace pour Israël ».
Abdelatty a déclaré qu’il se réjouissait de travailler avec la nouvelle administration américaine pour parvenir à « une paix et une stabilité globales et justes » dans la région, selon le communiqué du ministère égyptien des Affaires étrangères.
Il a également rencontré l’envoyé américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, lors d’une réunion distincte, où il a tenu des propos similaires, a précisé le ministère.
Toute proposition visant à expulser les Palestiniens de la bande de Gaza, qu’ils considèrent comme une partie intégrante de tout futur État indépendant, est un anathème pour les dirigeants palestiniens depuis des générations. Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par le pogrom perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, les États arabes voisins ont unanimement rejeté l’idée d’accueillir des Palestiniens déplacés.
Le 25 janvier, Trump a suggéré pour la première fois que l’Égypte et la Jordanie accueillent des Palestiniens de Gaza. Dans les jours suivants, il a proposé une prise de contrôle de Gaza par les États-Unis ainsi qu’un éventuel déplacement permanent des Palestiniens de l’enclave, sans droit de retour.

Le président américain a continué d’affirmer que l’Égypte et la Jordanie finiraient par changer d’avis, insistant sur les milliards de dollars d’aide que ces pays reçoivent des États-Unis. Lundi, Trump a déclaré qu’il pourrait geler cette aide pour faire pression sur eux. Le même jour, il a également affirmé avoir discuté de la question avec des dirigeants arabes et estimé qu’ils étaient « très favorables à l’idée de fournir des terres ».
« Ce dont nous avons besoin, c’est de terres, et si nous pouvions construire un endroit agréable où les gens pourraient vivre en sécurité, tout le monde à Gaza le ferait », a-t-il déclaré.
« C’est un véritable enfer en ce moment », a-t-il ajouté plus tard à propos de Gaza. « Vous allez voir qu’ils vont tous vouloir partir. »

La proposition de Trump a ravivé de profondes craintes parmi les Palestiniens, qui redoutent depuis longtemps d’être définitivement chassés de leurs foyers. Des défenseurs des droits humains et l’ONU ont dénoncé cette initiative, la qualifiant de plan de nettoyage ethnique.
Les réunions d’Abdelatty ont eu lieu alors qu’un fragile cessez-le-feu à Gaza, négocié par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar, semblait vaciller lundi après l’annonce du Hamas de retarder la libération des otages en réaction à des violations présumées de l’accord par Israël.